Situés dans la zone de Kongou les villages de Kongou Zamey, Kongou Mai Gari Koira, Kongou Tourakou, Kongou Balley do, Kongou Gorou 2 et Kongou Koira Tegui dans le 3ème arrondissement communal de Niamey, pratiquent l’agriculture pluviale et de contre-saison ainsi que la pisciculture. Kongou Tondi Mékirey est un village situé près de la mare de Saga Gorou. Cette bourgade est fortement connue pour la culture de contre-saison et la pisciculture pratiquée par ses vaillants habitants. L’objectif ultime étant de produire un environnement harmonieux, résilient, productif et surtout durable. Nonobstant les efforts déployés par l’État et les partenaires, ce village rencontre des difficultés pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Les cultures de contre-saison ne sont certes pas un fait nouveau dans ce village contrairement à la pisciculture. Cette activité permet aux agriculteurs de diversifier leurs récoltes et d’obtenir des rendements plus élevés grâce à l’utilisation des techniques modernes telles que l’irrigation, les serres et les fertilisants. Elle permet aux producteurs d’avoir une source de revenu supplémentaire tout en améliorant leur sécurité alimentaire et même celle des populations de la capitale. On peut aisément affirmer que c’est une pratique qui joue un rôle important dans le développement économique local et la réduction de la dépendance vis-à-vis des importations des produits alimentaires.
Kongou Tondi Mékirey, compte beaucoup de jeunes, hommes et de femmes, passionnés de la culture et très entreprenants qui ont pris l’initiative de travailler autrement la terre. Pendant la saison pluvieuse, ces habitants, tout naturellement, cultivent le mil, le maïs et autres spéculations avant de rempiler avec les cultures de contre-saison une fois la saison pluvieuse terminée. Selon le chef du village M. Seyni Djibo, la solidarité intracommunautaire pour permettre à chaque habitant qui le souhaite de pouvoir pratiquer la culture de contre-saison. « Si la personne n’a pas de terrain cultivable, nous lui offrons un espace, de quoi faire sa culture de contre-saison, sauf si la personne ne veut pas travailler la terre », indique-t-il.
Renforcer la production maraichère
Selon M. Seyni Djibo, son village a bénéficié d’appui de trois (3) puits permanents équipés de panneaux de la part d’un projet qui leur a aussi fourni des jardins pour renforcer davantage la culture de contre-saison. Il explique que les habitants de son village sèment plusieurs variétés de produits de cultures de contre-saison. Il s’agit notamment de la carotte, du persil, du chou, du moringa, de la laitue, du concombre, de la tomate, de l’aubergine, du poivron ainsi que du piment frais etc. Ces légumes sont très prisés et fortement demandés par les habitants de la capitale et cela représente une opportunité économique pour ces agriculteurs.
« Nous les cultivons nous-mêmes en compagnie de notre jeunesse et des femmes du village. Nous sommes organisés en coopérative. Les femmes qui travaillent dans notre coopérative sont au nombre de 35. D’autres femmes ont récemment emboité le pas à la suite d’une formation qu’on a reçue sur les techniques de maraichage. Il y’a plus de 100 femmes qui se sont fortement mobilisées en ce moment. Je pense qu’avec cette activité, ces femmes peuvent bien ravitailler la ville de Niamey en légumes et produits alimentaires si elles sont suffisamment équipées de matériels adéquats tels que les panneaux et des motos pompes de puits car, l’eau demeure notre problème majeur », a-t-il expliqué.
Les revendeurs de différents marchés de la capitale et les épiciers des différents quartiers sont les principaux clients de ces agriculteurs. Par jour, on peut compter plus de 100 personnes qui viennent acheter les produits finis de ce village, selon les explications de Mounkeila, un jardinier de la place.
Les producteurs ont également une coopérative dénommée ‘’Tontoni’’, créée il y a de cela 5 ans. « Nous ne rencontrons aucun problème à ce niveau, parce que nous avons mis en place une caisse pour la survie de cette coopérative. Chaque membre de la coopérative dispose d’un jardin, et les femmes sont avec nous. Toutefois, nous avons du souci quant à la lutte contre certains ravageurs de plantes. Ces mêmes femmes lancent leurs cris de cœur sur le manque d’eau du fait de l’éloignement de la mare et du manque de pesticides pour lutter contre les insectes qui nuisent aux cultures », a souligné le président de la coopérative.
Les cultures de contre-saison nécessitent une gestion parcimonieuse de l’eau et des fertilisants, ainsi qu’une protection contre les conditions environnementales défavorables. Les agriculteurs utilisent souvent des systèmes d’irrigation archaïques qui sont hélas moins efficaces. Selon le chef de village, beaucoup d’habitants veulent travailler, mais ils sont confrontés à un problème d’eau car, certains puits commencent à tarir et à être inactifs à un certain moment de la saison. « Si on avait les moyens, on allait creuser davantage pour atteindre des nappes plus profondes et permanentes », souhaite le chef du village de Kongo Tondi Mékirey. « Si ce village dispose de moyens nécessaires nous pourrions produire pour ravitailler Niamey en produits de contre-saison. Lors de la visite du gouverneur de la région, nous avons plaidé auprès de lui pour disposer d’un endroit où nous pourrions vendre nos produits et disposer d’une route latéritique pour faciliter l’acheminement de notre production dans la capitale », a indiqué M. Seyni Djibo.
La pisciculture, une activité fortement pratiquée au village de Tondi Mékirey
Cette zone de Niamey est un environnement propice à la pisciculture en raison de ses ressources et la qualité des eaux. Dans ce village, la pisciculture est faite à l’aide des bassins spécialement aménagés. En plus 22 jeunes ont bénéficié d’une formation en pisciculture.
L’investissement dans des infrastructures adéquates, telles que des bassins d’élevage de poisson, des systèmes de filtration d’eau et une source d’alimentation électrique fiable, demeure faible dans ce village comme l’a expliqué M. Assoumane Hama, un pisciculteur de Kongou.
Par ailleurs, il plaide pour garantir le succès de l’exploitation piscicole ainsi que de suivre de bonnes pratiques de gestion de l’eau et de l’alimentation des poissons pour maintenir la qualité de l’élevage. Récemment lancé dans cette activité, M. Assoumane Hama indique avoir acheté 140 alevins au village de Kongo Gorou 2 qui sont actuellement en bonne croissance.
« Suite à la formation que nous avons reçue, on nous a appris à distinguer les races de poisson et à ne pas les mélanger. Par exemple si on mélange deux races qui ne sont pas compatibles, la conséquence est qu’elles ne peuvent pas se reproduire et certaines espèces peuvent aussi manger d’autres. Pour le moment nous n’avons que deux races à savoir la carpe et le silure. Le projet nous a juste appris les méthodes d’élevage. Les animateurs dudit projet avaient promis de nous appuyer pour développer notre travail mais, jusque-là, nous attendons », a-t-il expliqué.
Rabiou Dogo Abdoul-Razak (ONEP)