Depuis quelques années, les cultures pluviales ne suffisent plus à nourrir la population de plus en plus nombreuse et les terres agricoles sont de plus en plus lessivées. Ce changement brusque, imputé au changement climatique et autres actions anthropiques, laissent les paysans nigériens avec des faibles récoltes. Dans l’arrondissement communal Niamey3, notamment dans plusieurs villages comme Kongou Tourakou, Kongou Zamey, Kongou Tondi Mékirey et d’autres villages environnants, les populations, ayant pressenti les prémices d’un tel revirement se sont tournées vers les cultures de contre saison. Malgré un désir affiché de travailler la terre et les efforts de l’État à les accompagner, des défis restent à relever dont celui de l’appauvrissement des terres cultivables.
Il est clair qu’au Niger, l’État et ses partenaires techniques et financiers font beaucoup d’actions dans le cadre de l’atténuation des souffrances des populations. Dans cet esprit, de nombreuses actions de récupération des terres dégradées sont réalisées afin de permettre aux populations d’avoir plus de terres cultivables et conséquemment accroître leurs rendements et tendre vers une autosuffisance alimentaire. Dans la région de Niamey, qui compte cinq (5) arrondissements communaux, de nombreux villages agricoles ont bénéficié de divers appuis. Toute chose qui, couplée à l’abnégation des populations, a porté ses fruits.
Pour comprendre cela, nous sommes allés à la rencontre du commandant Salifou Abarchi Laouali, chef service communal de l’environnement et de la lutte contre la désertification du 4ème arrondissement. Ce cadre averti a, auparavant, occupé le même poste au 3ème arrondissement que sont les villages Kongou Tourakou, Kongou Zamey, Kongou Tondi Mé kirey. L’officier des eaux et forêt a expliqué les innombrables efforts consentis à travers les financements de l’État et des ONG. Il a particulièrement cité ceux de la cellule crise alimentaire (CCA) qui finance des ONG pour mener des activités de récupération des terres au niveau des villages.
Pour l’année en cours, la CCA a financé trois (3) ONG à savoir ‘’Les images du fleuve’’, AICM et ‘’Dunibon’’ qui ont respectivement mené des actions de récupération de terre. « L’AICM a fait 20 hectares de terres dégradées, l’ONG Dunibon 20 hectares et l’ONG les images du fleuve 10 hectares », détaille-t-il. Toutes ces actions de récupération des terres, ajoute-t-il, ont été faites au niveau des champs agricoles puisqu’aujourd’hui, les terres agricoles du troisième arrondissement, ont perdu en productivité. « C’est ce qui a poussé les habitants des villages et les populations à s’adonner aux cultures maraîchères. Les champs de cultures sont devenus des glacis. Ce qui a entraîné un abandon des cultures pluviales au profit des cultures maraîchères. C’est en ce sens qu’on a décidé de traiter ces terres qui sont dégradées et abandonnées. », révèle-t-il.
D’où cette activité de récupération des terres en demi-lune agricole. Ainsi ce procédé, comme nous l’explique le commandant des eaux et forêts, consiste à créer des ouvrages en forme de demi-lune sur ces terres dénudées avec un diamètre de 4m et de 0,15 à 0,30 mètre de profondeur. Le rôle principal de ses ouvrages est de capter les eaux de ruissellement afin de permettre au sable de rester pour pouvoir permettre l’infiltration. « C’est en fonction du sens de la pente qu’on érige ces ouvrages pour permettre la collecte des eaux de ruissellement et de les recueillir dans la petite cuvette qu’on appelle demi-lune afin de favoriser l’infiltration de l’eau et permettre ainsi le développement des cultures », ajoute-t-il.
« Mais ce qui est sûr, quand on récupère une terre dégradée, ce n’est pas instantanément qu’on voit le résultat. Ça peut prendre un à deux ans. Avec le vent et un peu de la matière organique qu’il transporte pour mettre dans l’ouvrage. Au bout de quelques années, avec la pluviométrie, cela va permettre la régénération du couvert végétal », poursuit-il. À titre illustratif, le commandant s’est rappelé d’une expérience qui s’est passée au niveau du village de Koira Tégui sur un site de récupération de demi-lune dont le propriétaire avait semé du sorgho et qui avait beaucoup donné.
Plus que des villages agricoles, des villages de pêcheurs
À côté de ces potentialités agricoles, ces villages de la commune 3 de Niamey, regorgent en effet d’énormes potentialités en termes de richesse aquatique. Ainsi, deux actions d’empoissonnement ont été effectuées dans la mare de Kongou Zamey. « La première fois, c’était en 2012 et la seconde en 2017. C’est moi-même qui l’ai fait sur un financement de l’État. On a eu à introduire des alevins procurés au niveau de la station d’alevinage de Kollo. On a introduit quinze mille géniteurs. Parce qu’il faut savoir que la pisciculture est l’empoissonnement des mares, c’est différent. La pisciculture, c’est pour les grossissements du poisson. Et l’empoissonnement, ce sont des géniteurs pour la reproduction », indique le Commandant Salifou Abarchi Laouali.
Par le passé, dit-il, il y a des gens du Nigeria qui venaient pour pêcher. Ils faisaient sécher leurs prises et les emballent dans des sacs pour partir avec. C’était dû au fait que les gens du village n’exerçaient pas cette activité de pêche. Pour remédier à ce problème, il a fallu l’intervention du ministère de l’Environnement à travers la direction régionale de l’environnement qui a formé six pêcheurs autochtones en techniques de pêches et leur a fourni aussi une dotation en filets et autres outils de travail. Malheureusement, déplore le commandant, les inondations ont emporté tous ces matériels et moyens de pêche. Ce qui fait qu’aujourd’hui ces pêcheurs n’ont pas les moyens d’exercer l’activité à moins que l’État ou les partenaires techniques et financiers ne leur viennent à nouveau en aide.
« Lors de la mission avec le gouverneur dans le cadre de l’évaluation de la campagne, j’ai insisté pour que les populations puissent pêcher du poisson, pour montrer qu’il y a vraiment du potentiel dans cette mare qu’on peut valablement exploiter », a-t-il indiqué. Actuellement le commandant Salifou Abarchi Laouali s’attelle à faucarder cette mare c’est-à-dire à débarrasser la mare des plantes envahissantes aquatiques qui la colonisent. « Ça rendra la navigation plus facile. J’ai un projet bien établi, on l’a soumis depuis longtemps, mais jusqu’à présent rien n’est fait », conclu-t-il.
Hamissou Yahaya (ONEP)