
La Conférence régionale sur la lutte contre la désinformation et l’intégrité de l’information s’est tenue du 05 au 07 décembre 2023 à Abidjan (Côte d’Ivoire). Organisée par le National Democratic Institute (NDI) sous le thème « mal information, désinformation et mésinformation : quelles conséquences sur la démocratie en Afrique », cette grande rencontre du donner et de recevoir a regroupé les acteurs de la société civile, les professionnels des médias et les blogueurs de cinq (5) pays de l’Afrique de l’Ouest notamment le Burkina Faso ; la Côte d’Ivoire ; la Guinée ; le Mali et le Niger.
Durant trois jours rythmés des communications, les participants ont échangé sur des sous-thèmes en lien avec le thème général de la conférence à savoir : « la démocratie en Afrique de l’Ouest à l’épreuve de la manipulation de l’information » ; « La désinformation dans les stratégies de communication politique dans les pays en transition » etc. Il y’a eu la présentation des résultats de l’évaluation de chaque pays pour identifier les mécanismes et les stratégies de manipulation de l’information utilisés pour menacer la stabilité démocratique ainsi que le partage d’expériences sur les initiatives des organisations de la société civile dans la lutte contre la désinformation et la consolidation de la démocratie. Les participants ont aussi eu droit à une présentation sur le cas pratique du Fact-Cheking et des sessions d’échanges avec les partenaires techniques et financiers sur leurs interventions et leurs perspectives dans le domaine de la lutte contre la désinformation et la promotion de la démocratie.
Au niveau du Niger, l’évaluation a fait ressortir que la propagation de la désinformation est plus intense en période électorale et/ou de crise politique, laissant déduire que les acteurs politiques font partie des principaux propagateurs de la désinformation. Elle est donc une arme de combat politique pour « détruire l’adversaire » ou pour manipuler l’opinion publique en général et les électeurs en particulier en sa faveur. Au sein des partis politiques, les cyber-militants (les jeunes en général) sont instrumentalisés pour créer et partager la désinformation que les medias professionnels ne peuvent pas publier ou diffuser. Certains acteurs étatiques recrutent des influenceurs qui usent voire abusent de leur popularité pour propager des fausses informations sur un autre Etat. On parle de plus en plus de « cyber-guerriers » et « d’armée de blogueurs » mobilisés par des puissances étrangères dans le cadre de leur stratégie d’influence et de positionnement, notamment en Afrique.
Le directeur NDI Côte d’Ivoire, M. François Traoré a, dans son mot de bienvenue, souligné l’importance de cette rencontre qui va permettre aux acteurs impliqués de dégager ensemble des pistes pour apporter leur pierre à l’édifice afin de contrer ce fléau. De nos jours, a-t-il fait savoir, les réseaux sociaux, l’usage des nouvelles technologies font un apanage que nul n’ignore et qui crée assez de conséquences.
Quant à la directrice de programme NDI en Afrique de l’Ouest basée à Washington, Mme Ulrike Rodgers, elle a indiqué que la désinformation se présente sous des formes très variées à travers la sous-région. Chaque pays fait face à des problèmes particuliers liés à ce fléau. Les acteurs impliqués essayeront de trouver des voies et moyens d’informer les citoyens sur le risque de ce phénomène sur la démocratie, la cohésion sociale.
Procédant à l’ouverture des travaux, le conseiller technique du ministre de la Communication de la Côte d’Ivoire, M. Issouf Coulibaly a souligné l’importance de ce thème qui, a-t-il dit, représente un intérêt tout particulier pour le Ministère de la Communication qui ne ménage aucun effort pour que la jeune génération ait un meilleur usage de l’outil informatique. C’est à juste titre, a-t-il rappelé, que le 21 août dernier une campagne de sensibilisation intitulée « en ligne, tous responsables » a été lancée et durera cinq mois. Elle se déroule en trois phase que sont : la phase de sensibilisation, la phases d’éducation et celle de consolidation des acquis. M. Issouf Coulibaly s’est engagé à poursuivre la sensibilisation des jeunes générations. Il a enfin estimé que ces réflexions produiront des recommandations pertinentes et capables de lutter efficacement contre la désinformation, une tendance malicieuse visant à déstabiliser et perturber la quiétude des populations.
Aïchatou Hamma Wakasso (ONEP) Envoyée Spéciale, Abidjan