Après le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso, c’est au tour du Niger de recevoir la mission d’installation officielle du « Projet 50 millions de femmes ont la parole », mis en œuvre par les quinze pays de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce projet, financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) est une plateforme virtuelle de rencontres et d’échanges conçue pour permettre aux femmes africaines de se mettre en réseaux, afin que les Technologies de l’Information et de la Communication contribuent à promouvoir l’entreprenariat et l’autonomisation des Femmes en Afrique. C’est le ministre de l’Emploi, du Travail et la Protection sociale, M. Ben Omar Mohamed, assurant l’intérim du ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, qui a lancé hier matin les activités du Projet en présence de la Représentante de la Commission Chargée des Affaires sociales et du Genre de la Commission de la CEDEAO, Mme Thiam Salimata, du Directeur du Bureau National CEDEAO Niger M. Boubacar Seyni et des membres de l’équipe de pays projet.
L’objectif de ce projet est de renforcer l’autonomisation des femmes du continent Africain à travers la création d’une plateforme virtuelle pour le réseautage, le partage et l’accès aux informations financières et non financières en vue de la création et du développement de leurs entreprises. Les membres de l’équipe pays vont au cours de ces assises, renforcer leurs capacités sur les modalités et le mécanisme de mise en œuvre du projet au niveau national ; les procédures de recrutement du personnel d’appui et sur les procédures d’achat et de mise en œuvre des activités. En lançant les activités du projet, le ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant par intérim, M. Ben Omar Mohamed a présenté toute sa déférence à la CEDEAO et à la BAD pour avoir initié ce projet dont la mise en œuvre permettra d’améliorer sensiblement les conditions de vie des femmes de l’espace communautaire. Le ministre Ben Omar a expliqué que la faiblesse d’instruction et de formation entrepreneuriale des femmes, leur faible accès à la propriété, les barrières juridiques ainsi que culturelles, l’accès difficile aux services financiers et non financiers constituent des facteurs qui entravent les femmes dans les affaires et la prospérité des entreprises qu’elles initient. C’est au regard de ces différents constats, que la BAD en partenariat avec la CEDEAO, le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), a lancé en 2017, le projet « 50millions de femmes ont la parole ».
Pour sa part, la Représentante de la Commission aux Affaires Sociales et Genres de la CEDEAO Mme Thiam Salimata, s’est appesantie sur la parité hommes–femmes dans le domaine de l’entreprenariat. Selon elle, les femmes entrepreneures demeurent confrontées à certains obstacles liés au genre, notamment la faiblesse d’instruction et de formation entrepreneuriale, des barrières juridiques qui compromettent leurs activités économiques ou encore des barrières culturelles qui entravent leur avancée dans les affaires. En somme, il est difficile aux femmes du fait de ces contraintes, a-t-elle fait comprendre, d’accéder aux services financiers et non financiers. Ce qui affecte énormément la taille et la prospérité des entreprises initiées par les femmes sur le continent. Dans un récent rapport, la Banque Mondiale a estimé que 70% des PME détenues par les femmes dans les pays en développement ne bénéficient pas ou suffisamment des services qu’offrent les institutions financières, d’où un déficit de financement de 285 milliards de Dollars.
En Afrique subsaharienne, le déficit financier en ce qui concerne les femmes est estimé à plus de 20 milliards de Dollars et il est probablement plus accentué au niveau des plus jeunes femmes entrepreneures et des débutantes. Ce projet «50 millions de femmes ont la parole» s’inscrit dans la droite ligne de l’agenda 2063 de l’Union Africaine et des buts des ODD des Nations Unies et entre parfaitement dans le cadre du programme sur le genre de la CEDEAO, renforcé en 2005 par les Autorité des Chefs d’Etat et de Gouvernements à travers l’adoption du Document de politique du Genre. Mme Thiam Salimata a expliqué que cette rencontre marque le point de départ des activités opérationnelles de ce projet qui fait des membres de l’équipe pays des Ambassadeurs pour la visibilité de la République du Niger sur cette plateforme et dans le monde entier.
«Votre principale mission sera entre autres de coordonner la collecte et la transmission de toutes les informations pouvant aider et encourager les femmes et les jeunes filles à entreprendre au Niger, d’une part, mais surtout encourager les femmes et les jeunes filles de ce pays à faire de cette plateforme, leur principal outil de réseautage et d’accès aux opportunités de financement local, national et continental. Vous comprenez donc que le défi qui vous attend est énorme et que vous avez la mission de faire de la République du Niger sur cette plateforme, une destination attractive et une référence en matière de l’entreprenariat des femmes et du cyberbussiness. Mais je reste convaincue que vous ne ménagerez aucun effort pour la réussite de cette noble mission » a-t-elle dit à l’adresse des membres de l’équipe pays du projet.
De son côté, le Directeur du Bureau national CEDEAO Niger, M. Boubacar Seyni a affirmé qu’en plus de ce projet, la CEDEAO à travers son centre pour le développement du Genre basé à Dakar apporte déjà son appui aux femmes dans le cadre d’autres programmes visant la promotion du Genre dans des domaines tels que la santé, l’éducation et l’autonomisation économique et financière. Il s’agit, a-t-il dit, des programmes : appui aux femmes souffrant de la Fistule Obstétricale dans
l’espace CEDEAO pour les soins médicaux afin d’assurer leur réinsertion sociale et économique, l’octroi des bourses d’excellence aux jeunes filles, l’appui
technique et financiers aux mécanismes nationaux de promotion de l’égalité du Genre, l’appui aux réseaux des Femmes et appui au programme Genre et Migration en Afrique de l’Ouest.
Ces programmes démontrent, selon lui, la volonté et la détermination de cette Organisation d’intégration régionale de faire de la promotion des femmes, acteurs essentiels pour le développement de toute société, un axe prioritaire de ses interventions dans les Etats membres. Il a vivement invité les femmes nigériennes à saisir toutes les opportunités que leur offre cette plateforme d’échanges, de réseautage et d’accès aux opportunités de financement de leur business pour améliorer leur conditions de vie à travers leur autonomisation économique et financière.
Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)