
Alou Moustapha
Lundi soir, les faits pour lesquels la Cour Pénale Internationale (CPI) a été appelée à la barre du Tribunal de l’Histoire par les pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES) sont d’une extrême gravité : le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger ont constaté qu’à l’épreuve du temps « cette juridiction s’est transformée en instrument de répression néocolonial aux mains de l’impérialisme devenant ainsi l’exemple mondial d’une justice sélective ».
Et, s’en est suivi un réquisitoire retentissant : « En effet, la CPI s’est montrée incapable de prendre en charge et de juger des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocide et des crimes d’agression avérés. Pendant qu’elle a observé un mutisme inexplicable, déroutant et complaisant à l’égard des auteurs de tels crimes, elle s’acharne contre certains acteurs ne relevant pas du cercle fermé des bénéficiaires de l’impunité internationale institutionnalisée y compris en violation de son statut » .
Face à ces faits gravissimes, et au regard de cette situation, le verdict tomba et il est sans appel : « Les Gouvernements du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger, formant la Confédération des États du Sahel (AES) portent à la connaissance de l’opinion publique confédérale et de la communauté internationale, leur décision souveraine de se retirer du Statut de Rome de la Cour pénale Internationale avec effet immédiat ».
Ainsi donc, une fois encore la Confédération AES vient d’apporter, clairement et sans ambages, le témoignage de son attachement à sa souveraineté et sa détermination à se démarquer ou tout au moins à s’extirper d’un ordre mondial injuste, déséquilibré, dont le fonctionnement est régi, entre autres, par une justice sélective distribuée à la tête du client, selon l’humeur et les intérêts manifestes et d’ailleurs sans équivoque, puisqu’ils ne le cachent pas, des pays et autres groupes de pression impérialistes.
A l’épreuve des faits et du temps, la salle d’audience de la CPI est devenue une scène de théâtre dans laquelle se joue un mélodrame où se règlent des comptes et des mécomptes.
Dans la dramaturgie qui se joue à la Haye, siège de la CPI, certains acteurs sont jetés à la vindicte internationale et transformés en victimes expiatoires et sacrificielles sur l’autel des intérêts de certaines puissances mondiales voire au nom d’une justice à double vitesse, à la solde d’un système désormais désuet qui gouverne le monde et que le peuple du Sahel a cloué au pilori.
Pourtant, depuis leur adhésion au Statut de Rome, les trois pays ont coopéré avec la CPI non seulement sur le fondement des dispositions pertinentes dudit Statut mais également sur la base des accords et protocoles d’accord concernant les conditions d’installation et de travail de la CPI sur leurs territoires.
Cependant, et l’histoire de la CPI le démontre aisément, cette bonne foi des pays membres de l’AES et tant d’autres pays au demeurant, a été contrariée par les deux poids deux mesures des ponces pilates, animateurs de cette cour, qui distribuent les accusations dont les termes sont issus de leur propre cuvée.
Aussitôt la décision bien motivée des pays membres de l’AES rendue publique, des avocats « auto commis d’office » de la CPI se sont répandus en explications qui vouent aux gémonies nos trois Chefs d’Etat.
Libres à ces « avocats », subitement sortis des buissons ardents, apparemment friands des envolées littéraires et juridiques et autres phraséologies lourdes, d’extérioriser leur trop plein de ressentiment, rancune, rancœur, la dynamique d’émancipation du peuple de l’AES ne saurait être ébranlée et les populations sont plus que jamais déterminées à s’affranchir de l’ancien ordre mondial et ses instruments.
Pour la consolidation de la paix, de la justice, la promotion et la protection des droits de l’homme, le Général d’Armée Assimi Goita du Mali, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani du Niger et le Capitaine Ibrahim Traoré du Faso et leurs peuples ont décidé non seulement de lutter contre toute forme d’impunité mais aussi de recourir à des mécanismes endogènes qui sont en harmonie avec les valeurs sociétales du peuple de l’AES.
Moustapha Alou (ONEP)