Au Niger, on enregistre annuellement 9 787 nouveaux cas de cancer, parmi lesquels le cancer du sein qui est le plus répandu avec environ 2 000 nouveaux cas. Selon un récent article paru le 30 septembre dans nos colonnes, le cancer du sein est le type de cancer le plus courant à l’échelle planétaire, avec environ 2,3 millions de nouveaux cas chaque année. Il représente un huitième de tous les cas de cancer pour les deux sexes et un quart de tous les cas de cancer chez les femmes, avec un taux de mortalité de 70% dans les environnements à ressources limitées.
Selon les explications du médecin généraliste, Dr Djibrine Mariama, également connue sous le nom de Dr MAYRA, le cancer du sein se caractérise par la prolifération de cellules anormales dans les tissus mammaires. Il s’agit de la tumeur maligne la plus fréquente chez la femme. « Les adénocarcinomes représentent la grande majorité des cancers du sein (95% des cas) et se développent généralement à partir des cellules des canaux ou des lobules mammaires. La détection précoce revêt une importance capitale, car la gravité et le type histologique de ce cancer peuvent varier considérablement, allant de formes très agressives à des formes moins menaçantes », a-t-elle affirmé. Par ailleurs, Dr Djibrine Mariama a souligné que les symptômes du cancer du sein peuvent inclure la présence d’une masse palpable dans le sein ou sous le bras, des changements de taille ou de forme du sein, des altérations cutanées telles que des rougeurs, des démangeaisons ou une peau présentant un aspect similaire à de l’écorce d’orange, des écoulements anormaux au niveau du mamelon, un mamelon rétracté ou inversé, ainsi que des douleurs mammaires.
Les tranches d’âge les plus exposées au cancer du sein
Dr Djibrine Mariama a indiqué que bien que cette maladie puisse survenir à tout âge, elle est plus fréquente chez les femmes de plus de 50 ans, en particulier celles en ménopause, représentent 80% des cas. Toutefois, des cas peuvent également être diagnostiqués chez des femmes plus jeunes, soulignant ainsi l’importance d’une vigilance constante. Il est à noter que 99% des cas de cancer du sein surviennent chez les femmes, bien que les hommes puissent également être touchés, mais dans seulement 1% des cas. « Certains facteurs de risque sont évoqués tels que l’exposition aux hormones féminines, notamment via des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, ainsi que d’autres facteurs comme les règles précoces (12 ans), la ménopause tardive (après 50 ans), l’absence de grossesse ou une grossesse tardive (35 ans), et l’absence d’allaitement. Dr Djibrine Mariama a également souligné que les antécédents familiaux peuvent accroître le risque de cancer, notamment si une parente au premier degré (mère, sœur, fille) a déjà été atteinte d’un cancer du sein, surtout avant la ménopause. « Dans 5 à 10 % des cas de cancer du sein, une altération génétique des gènes BRCA1 ou BRCA2 est identifiée, ce qui indique une forme héréditaire de la maladie », a-t-elle expliqué. Il convient de noter que le cancer du sein familial ou héréditaire est rare. Les habitudes de vie et les comportements jouent un rôle crucial dans le développement du cancer du sein. « La consommation régulière d’alcool accroît les risques de cancer du sein. De même, le tabagisme est associé à environ 2 600 cas de cancer du sein chez les femmes de 30 ans et plus. Le surpoids et l’obésité peuvent également augmenter le risque de cancer du sein, en particulier chez les femmes ménopausées », a-t-elle dit.
Dr Djibrine Mariama a aussi ajouté qu’en 2018, environ 4 900 cas de cancer du sein étaient attribuables à un excès de poids ou à l’obésité. Une alimentation déséquilibrée, caractérisée par une faible consommation de fruits, de légumes, de fibres alimentaires et de produits laitiers, ainsi qu’une consommation élevée de viandes rouges et de viandes transformées, peut accroître le risque de cancer du sein. « On estime à 2 500 cas en 2018 attribuables à une telle alimentation. Le manque d’activité physique est un facteur de risque. À l’inverse, l’exercice physique réduit le risque de cancer du sein après la ménopause », a-t-elle affirmé.
Prévention et lutte contre la maladie
Selon Dr Djibrine Mariama, la lutte contre le cancer du sein passe principalement par la sensibilisation des femmes pour les encourager à se soumettre à des dépistages réguliers tels que des mammographies et des auto-examens des seins. C’est pourquoi, Il est toujours recommandé de réaliser un examen clinique des seins par un médecin une fois par an à partir de l’âge de 25 ans en l’absence de symptômes. « L’éducation du public sur les facteurs de risque et les signes d’alerte est également cruciale. Le traitement du cancer du sein peut inclure la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l’hormonothérapie en fonction du stade et du type de cancer. Un soutien psychologique est indispensable pour aider les patients à faire face aux aspects émotionnels de la maladie », a-t-elle déclaré. Toutefois, pour réduire le risque de cancer du sein, Dr Djibrine Mariama a aussi exhorté la population à adopter un mode de vie sain incluant une alimentation équilibrée, une activité physique régulière, le maintien d’un poids santé, la réduction de la consommation d’alcool et l’abandon du tabagisme. Il est également conseillé de connaître son historique familial, d’échanger avec un médecin sur toute prédisposition génétique et de participer aux dépistages recommandés en fonction de l’âge et des facteurs de risque.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est fixé pour objectif de réduire de 2,5% par an d’ici 2040, le taux de mortalité mondiale lié au cancer du sein grâce à des initiatives telles que la promotion de la santé, le dépistage précoce, le diagnostic avancé et la prise en charge globale de cette maladie. Le Ministère de la Santé Publique, par le biais du Centre National de Lutte contre le Cancer, s’engage également à soulager les souffrances des patients atteints de cette pathologie. Ce centre propose divers services pour le traitement des cancers, notamment le dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus, ainsi que des traitements curatifs tels que la chimiothérapie anticancéreuse et la radiothérapie.
Yacine Hassane (ONEP)