
Dans le cadre des activités commémoratives de la 32ème édition de la Journée Nationale de la Femme, les ONGs ‘’Jeunesse Plus’’ et la ‘’Fada Des Filles’’ avec l’appui technique et financier de la Mission Eucap Sahel ont organisé une conférence-débat, le 14 mai, à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Abdou Moumouni de Niamey. Axée sur le thème, «Trajectoire des femmes au sein des professions juridiques et sécuritaires», cette conférence vise à booster les étudiantes à s’intéresser aux concours des domaines juridiques et sécuritaires. Ceci, afin de rehausser le taux des femmes dans ces domaines. La cérémonie d’ouverture était placée sous les auspices du ministre de la Jeunesse et du Sport, M. Sekou Doro Adamou.
A l’ouverture de la conférence, Mme Antje Herrberg, cheffe d’Etat-major de la mission Eucap Sahel au Niger, a relevé que pour l’Union Européenne et Eucap Sahel, la promotion du genre et l’égalité entre les sexes sont des éléments essentiels de la bonne gouvernance. C’est pourquoi, a-t-elle déclaré, «nous sommes instruits par nos maîtres politiques de travailler sur ceci». Cependant, elle a fait savoir qu’il est clair que même en Europe cela reste une tâche importante, et que les pays ne sont pas encore arrivés à une vraie égalité des genres. Elle a ainsi expliqué que les positions de pouvoir sont encore, dans leurs Etats membres, souvent occupées par des hommes.
Par ailleurs, Mme Antje Herrberg a indiqué que le travail de sécurité doit inclure les hommes et les femmes. Elle a auparavant noté qu’en milieu judiciaire nigérien, on enregistre seulement 44 femmes sur un effectif global de 456 magistrats. Sur les 133 avocats inscrits au barreau, on comptabilise 11 femmes. De même, dans les différents concours de la magistrature, le nombre de femmes admises n’a jamais été supérieur à 5 femmes.
Pour la Coordinatrice des ONGs ‘’Jeunesse Plus’’ et la ‘’Fada Des Filles’’, Mlle Tamponè Issa Malika, le choix de ce thème n’est pas fortuit. Il se justifie par le fait qu’on relève un déséquilibre entre les hommes et les femmes au sein des professions juridiques et sécuritaires comme le témoignent certains indicateurs. Au 31 janvier 2020, le Niger a déployé 982 soldats, policiers et experts répartis au sein de la MINUSMA, de la MINUSCA, de la MONUSCO et de la MINUJUSTH pour le maintien de la paix et seulement 5,3% de cet effectif sont constitués de femmes, a- t-elle rapporté. Aussi, a ajouté Mlle Tamponè Issa Malika, d’après des points focaux genre au sein du Ministère de la Défense et du Ministère de l’Intérieur, la représentation des femmes dans les Forces de Défense et de Sécurité est estimée à 3% au niveau des Forces Armées Nigériennes, 10% dans la Gendarmerie nationale, 7% dans la Garde Nationale et 15% dans la Police nationale.
Le ministre de la Jeunesse et du Sport, M. Sekou Doro Adamou, a souligné que la question de sécurité est devenue, de nos jours, une priorité non seulement nationale mais aussi internationale. Le problème d’insécurité demande une approche multisectorielle et participative. C’est pourquoi, selon le ministre Sekou Doro Adamou, il est nécessaire de promouvoir la participation active de toutes les forces vives nationales, aussi bien les hommes que les femmes.
Dans cette optique, a-t-il rappelé, le Niger a adopté plusieurs textes qui favorisent la participation des femmes et des filles à la consolidation de la paix, tels que la Résolution 1325 (2000) du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la révision de la Politique Nationale de Genre et son plan d’action quinquennal pour prendre en compte les questions des femmes, paix et sécurité. Il a en outre indiqué que des efforts ont été faits tendant à autonomiser les femmes et des changements ont été observés. Toutefois reconnaît-il, beaucoup reste à faire surtout en milieu rural où les femmes n’arrivent pas à saisir les opportunités pour l’amélioration de leurs conditions de vie.Oumar Issoufou(onep)