Financé par l’Union Européenne, la Principauté de Monaco et l’AFD à hauteur de près de 4.000.000 d’euros, coordonné par le GRET (une ONG de développement), avec comme codemandeurs : l’ACF, le WWC, Misola et l’IRD, le projet PAFAN a pour objectif général d’améliorer le statut nutritionnel des populations vulnérables du Niger en renforçant l’accès durable aux aliments locaux fortifiés et leur consommation. Spécifiquement, ce projet vise à renforcer la production locale, la diffusion et la promotion d’aliments fortifiés locaux destinés aux femmes et aux jeunes enfants dans le cadre d’une alimentation variée et diversifiée et dans un cadre législatif national favorable.
Le PAFAN intervient dans dix (10) départements du Niger avec divers principaux partenaires à savoir le Ministère du Commerce, le Ministère de la Santé Publique, le HCI3N, l’ANMC, la STA et la Coordination Garin Yara. Après cinq ans de mise en œuvre (du 1er avril 2017 à 31 mars 2021), le PAFAN a clôturé ses nombreuses et diverses interventions au profit des populations. La clôture du PAFAN est intervenue, le vendredi 25 mars 2022, à l’Hôtel NOOM de Niamey, à travers un atelier, qui a vu la participation des responsables du Ministère du Commerce, des représentants du Ministère en charge de la Santé Publique, de l’Union européenne au Niger, de la Principauté de Monaco au Niger, de l’AFD, du HCI3N, des élus locaux, des partenaires et agents dudit projet ainsi que de nombreux invités. Plusieurs activités étaient au programme de cet atelier : allocutions, exposés sur la présentation et les réalisations du PAFAN, projection des documentaires, témoignages des partenaires, échanges, etc.
Dans son mot introductif, le représentant du GRET au Niger, M. Moussa Hainikoye Issa a d’abord situé le contexte de ce projet. «Le Niger traverse régulièrement des crises alimentaires et nutritionnelles chroniques et très élevées, avec un enfant sur deux, de moins de cinq ans touché et des conséquences irréversibles pour la santé publique et le développement de notre pays», a-t-il déclaré. Dans un contexte où les actions de nutrition ont jusqu’à présent principalement porté sur des réponses d’urgences et de prise en charge de la malnutrition, il faut saluer les efforts des partenaires pour la mise en place des actions innovantes de prévention, contribuant à la réduction durable des problèmes de la malnutrition et de santé, tant en milieu urbain que rural. «Des projets comme le PAFAN bénéficient, de la part du GRET, d’une expérience de plus de 20 ans, dans le domaine de la prévention de la malnutrition et notamment au niveau de l’appui au secteur local pour le développement d’une offre d’alimentation fortifiée de qualité, adaptée aux groupes les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants», a-t-il précisé.
En combinant rentabilité économique et impact social, le secteur privé local, a fait la preuve qu’il présente un réel potentiel de lutte contre la malnutrition, par la mise à disposition d’aliments de qualité, tant en milieu urbain qu’en milieu rural, et cela directement auprès des plus grands nombres. Pour accompagner les efforts de l’Etat du Niger et de ses partenaires, en matière de prévention de la malnutrition, le GRET a initié, dès 2009, des interventions visant à améliorer durablement cette alimentation, notamment en accompagnant tout ce qui est action locale de production d’aliments fortifiés, en complément au lait maternel pour les enfants âgés de plus de 6 mois. Car, selon les enquêtes, c’est une alimentation très pauvre qui constitue une des causes majeures de la malnutrition. «C’est ainsi que, le GRET a accompagné le développement d’unités de production des farines infantiles fortifiées surtout la farine Misola. Ces farines de qualité, qui sont produites à partir des matières premières locales et adaptées aux habitudes alimentaires mais aussi accessibles à des prix abordables, répondent aux besoins nutritionnels des enfants», a-t-il indiqué. Cette logique d’intervention, poursuit M. Hainikoye, s’inscrit dans la droite ligne de la Stratégie nationale de l’I3N et constitue sa parfaite illustration.
Par la suite, d’autres partenaires, ont pris la parole pour louer les efforts consentis par les autorités nigériennes et les partenaires du Niger dans le combat contre la malnutrition et la sous-alimentation dans le pays. Ils ont aussi déclaré être prêts à poursuivre cet appui au Niger pour l’aider à promouvoir la sécurité alimentaire et nutritionnelle. «L’Union européenne suit avec intérêt la mise en œuvre et dans l’atteinte des résultats du projet PAFAN, dans un environnement du Niger, où le taux de malnutrition aigüe est à 12.5% et chronique à 43.5%, ainsi que les déficiences en micro nutriments, qui restent élevées», a indiqué M Tharcisse Nkunzimana, Chargé de programme à la Délégation de l’Union européenne au Niger. «Au niveau de l’EU, la question de la nutrition restera un domaine prioritaire. Avec cet environnement où les indicateurs sur la nutrition et les déficiences en micro nutriments restent alarmants, il est difficile de clôturer un projet comme le PAFAN. Nous pensons qu’il y aura d’autres opportunités pour continuer cette aventure avec le Niger et construire un monde et un pays sans malnutrition», a souhaité M. Nkunzimana.
Procédant au lancement de l’atelier, le Secrétaire Général du Ministère du Commerce, M. Abdou Ibrahim a noté que les différentes interventions du PAFAN, ont permis l’accès durable et la consommation d’aliments fortifiés de qualité, pour les femmes en âge de procréer et les jeunes enfants nigériens. «La question de la malnutrition et la sécurité alimentaire, constituent des préoccupations majeures pour les autorités de la 7ème République», a-t-il dit. L’engagement politique de l’Etat s’est traduit dans le domaine de la nutrition par le renforcement des cadres institutionnels et stratégique dont l’I3N. «Le PAFAN s’inscrit dans la droite ligne de l’I3N, notamment à son Axe 2 ‘‘Approvisionnement régulier des marchés ruraux et urbains en produits agricoles et agroalimentaires’’, dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par le Ministère du Commerce», a-t-il rappelé.
Dans sa présentation, le Chef du projet PAFAN, M. Ibrahim Laouali a, quant à lui, évoqué la question du renforcement de la production de produits fortifiés locaux (Renforcement des bâtiments, équipements et fonds de roulement, formation des productrices au niveau des Ups) ; la stratégie de distribution (Appui aux entreprises sur la distribution via des réseaux de distributions variés et innovants); la promotion (appui à l’entreprise sur la promotion médias et de proximité, la définition des outils, design emballage, activités, formation, suivi de l’impact) ; la promotion en phase avec la législation ; la communication sociale pour un changement de comportement sur les bonnes pratiques d’alimentation et de nutrition. «Cette approche est surtout basée sur des messages bien ciblés avec des argumentaires adaptés au contexte qui sont issus des diagnostics précis des pratiques pour convaincre les populations à améliorer leur comportement», a souligné M. Laouali.
La Stratégie de sensibilisation, repose selon M. Ibrahim Laouali, sur les multi-cibles, en touchant les personnes qui pourront influencer le comportement des femmes (les maris, les acteurs locaux…), le multi-canal, le multi outils (utilisation des TIC pour diffuser les messages), les multi activités, en combinant la sensibilisation de masse via les medias et la sensibilisation de proximité. «Les associations locales et partenaires locaux des services décentralisés sont fortement impliqués dans cette approche. Elle constitue le socle de notre stratégie, c’est indispensable mais pas suffisant. Il y a aussi les mises au point de nouveaux produits de qualité (produits pour enfants de 6 – 24 mois, FAP)», a souligné le Chef du projet PAFAN.
Après les présentations, plusieurs partenaires, bénéficiaires et autres personnes intéressées par la mise en œuvre du PAFAN sont intervenus, qui pour témoigner de l’efficacité et de la réussite dudit projet, qui pour formuler des recommandations allant dans le sens de promouvoir la fortification des aliments locaux et la lutte contre la malnutrition au Niger.
Mahamadou Diallo(onep)