Commandant Amadou Hassan
Mon Commandant, quelle appréciation faites-vous de votre noble et exaltante mission depuis votre nomination au poste de préfet du département d’Iférouane, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de votre cahier des charges ?
Merci pour cette importante question. Avant de répondre, je m’en vais présenter toute ma gratitude et mes remerciements à Son Excellence le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président de la République, Chef de l’Etat, au ministre de l’Intérieur, aux membres du CNSP et au gouvernement pour la confiance qu’ils ont placée en moi en me confiant cette tache aussi noble qu’exaltante.
Depuis notre prise de fonction, nous nous sommes engagés à exécuter le programme contenu dans le cahier des charges qui nous a été confié et qui s’articule sur quatre axes principaux, à savoir : la sécurité et la consolidation de la paix ; le renforcement de la gouvernance territoriale ; la coordination des interventions des ONG/Associations de développement et, enfin, la mise en place d’un cadre de mesure de résultats et d’appréciation des actions du département.
Pour atteindre ces objectifs, notre stratégie a consisté à sensibiliser les populations quant à la vision du Président de la République mais aussi les amener à s’impliquer dans le combat de la recherche de la souveraineté, de la refondation et de l’indépendance totale de notre pays.
Monsieur le préfet, un des défis auxquels la région d’Agadez fait face est bien sûr la migration, l’insécurité et la question de l’exploitation de l’or. Alors, quelle est votre appréciation aujourd’hui concernant ces préoccupations ?
Le département d’Iférouane regorge de sites d’exploitation d’or. Il est aussi une zone où le maraîchage et la production du charbon de bois du prosopis sont très développés. Et ceci explique le déplacement massif des jeunes, Nigériens, comme étrangers de plusieurs nationalités, principalement des tchadiens, des nigérians, des soudanais et bien d’autres pays africains, vers ces sites d’orpaillage, les jardins et les zones de productions de charbon de bois de prosopis. Il faut cependant noter que tous ces gens ne sont pas identifiés et enregistrés. Et ceci n’est pas sans conséquences sur la sécurité des personnes et des biens.
En ce qui concerne le banditisme résiduel, la stratégie mise en place nous a permis de récupérer soit par saisie soit par remise volontaire d’armes auprès des jeunes qui étaient égarés un moment, mais qui se repentent en vue de réintégrer la société. Ce qui explique ce calme qui règne dans tout le département. La population vaque normalement à ses activités. Il faut aussi souligner la contribution de l’UNVP dans la recherche de la paix et de la cohésion sociale dans le département.
Pour ce qui est de l’or, le département d’Iférouane compte principalement le site de Tchibarkatane subdivisé en plusieurs sites et le site de Takloukouzet. Pour la sécurité, sur la zone occupée par le site de Tchibarkatane, nos Forces de Défense et de Sécurité assurent l’escorte des convois et la sécurisation des personnes et de leurs biens. Pour le reste du département, la patrouille départementale mixte assure la sécurité de la population et de leurs biens 24h/24 à travers un programme mensuel malgré l’immensité du département. A ce niveau, permettez-moi de saluer et remercier les responsables départementaux des services des Forces de Défense et de Sécurité(FDS) dont la contribution est hautement appréciable, notamment lors des réunions du Conseil Départemental de Sécurité que nous tenons régulièrement, chaque semaine. Nous remercions également, au nom des Forces et Défense et de Sécurité du département, la hiérarchie militaire régionale et nationale pour les appuis multiples qui ont permis de mettre les services des FDS dans les conditions nécessaires d’accomplissement de leur mission.
Mon Commandant, peut-on parler de l’impact positif de ce mouvement des personnes et de l’exploitation de l’or sur le quotidien de la population du département d’Iférouane ?
Pour l’exploitation de l’or, le département a fait un recouvrement sur les cartes d’accès, les taxes sur le moulin et slice, la taxe sur petit broyeur à sec, la taxe sur détecteur de métaux, la taxe sur camion et gros engins, la taxe fiscale, le droit d’instruction, la taxe d’exploitation. Il faut noter ici que la plupart de détenteurs de permis versent directement à Niamey.
Il y a aussi, de multiples investissements que les orpailleurs locaux font dans l’économie du département, notamment dans le jardinage, le commerce, la construction des infrastructures publiques (hydraulique, sanitaire, éducative) et commerciales, la construction des habitations en matériaux définitifs, le transfert de ressources.
Le mouvement de jeunes nationaux pour le maraîchage, quant à lui, impacte positivement sur l’augmentation de la production maraîchère du département, la création de l’emploi pour nos concitoyens vulnérables, l’amélioration des conditions de vie de nos paysans, le transfert de ressource à l’intérieur du pays, la réduction du chômage de nos jeunes venant du sud du pays après la saison des pluies.
En évoquant l’amélioration de la situation, comment appréciez-vous l’implication des populations, notamment en ce qui concerne la collaboration avec les éléments de FDS et le renforcement de la cohésion sociale dans le département ?
Il faut souligner que la population du département d’Iferouāne est totalement impliquée en ce qui concerne la collaboration avec les éléments des FDS et le renforcement de la cohésion sociale. La population apporte son soutien aux FDS en leur fournissant des renseignements d’ordre sécuritaire, à travers aussi les séances de lectures du Saint Coran dans toutes les mosquées historiques du département.
Aussi, la Préfecture a initié l’opération de salubrité publique organisée le dernier dimanche de chaque mois en collaboration avec la population et les éléments des FDS. C’est un cadre qui a permis de renforcer la collaboration entre les FDS et les populations.
Mon Commandant, quelles sont les potentialités sur lesquelles repose le département d’Iférouane, notamment les perspectives d’investissement ?
Le département regorge d’importantes potentialités dont, entre autres, une disponibilité des terres arables et leurs exploitations et des ressources naturelles notamment l’or, le pétrole (en voie d’exploitation avec Kaffra), l’étain, le marbre, le fer, le calcaire, le souffre, etc. Il existence également des aires de pâturages et la production du charbon de prosopis.
Monsieur le préfet, quels sont les défis auxquels le département d’Iférouane fait face et quelles sont les perspectives pour les relever ?
Nous avons énormément de défis sur lesquels des efforts considérables sont en train d’être faits pour l’amélioration de la situation afin de contribuer à l’effort du développement de la zone. Ainsi, la liste de ces défis est longue, mais nous pouvons retenir : la faible infiltrations des eaux de pluies qui ruissellent fortement ; insuffisance d’infrastructures de captage d’eau ; la dégradation des grandes pistes rurales ; la faible couverture du réseau de téléphonie mobile ; l’immensité du département avec une densité de 0,8 hbt/km2 ; la faible couverture sanitaire et l’insuffisance des ressources humaines ; la récurrence des inondations et enfin la faible couverture des médias pour faire connaître le département et surtout l’accès à l’information par les différentes communautés.
Pour relever tous ces défis, nous souhaitons la mise en place d’un fournisseur d’internet afin de permettre à la population une opportunité de s’informer et de communiquer avec le reste du pays en particulier et le reste du monde en général. Il est également souhaitable de réhabiliter avec une touche de rénovation des barrages de retenue d’eau ou de construite de nouveaux parce que les anciens sont endommagés. L’autre perspective, c’est l’entretien des pistes rurales, et il est souhaitable d’envisager la construction d’une route bitumée reliant les chefs-lieux des départements d’Iferouāne et d’Arlit. L’amélioration de la qualité et l’extension du réseau téléphonique fait partie des perspectives parce que nous avons une faible couverture téléphonique. Pour faire face au défi des inondations récurrentes, il va falloir procéder à l’identification de leurs causes en vue d’apporter des solutions. Il y a aussi le renforcement de la capacité de la couverture sanitaire surtout en ressources humaines.
Je remercie infiniment les populations du département d’Iferouāne pour leur résilience, leur engagement à se tenir debout aux côtés du CNSP et du Gouvernement pour la refondation de la République, la conquête de la souveraineté et l’indépendance de notre pays, le Niger, sous la conduite éclairée du Président de la République, Chef de l’Etat, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani.
Monsieur le préfet, du 5 au 7 décembre 2025, Iféroune a fait la Une de l’actualité à cause de la 17ème édition du festival de l’Aïr qui vient de prendre fin ; quelle signification donnez-vous à la tenue de ce grand événement culturel ?
Le Festival de l’Aïr s’est très bien passé surtout en ce qui concerne l’aspect sécurité des personnes et des biens ; le renforcement de la cohésion sociale. La tenue de cette 17ème édition est un signal fort et une preuve du retour de la sécurité dans le département d’Iférouane. Nous souhaitons que le Festival de l’Aïr se poursuive comme on l’avait initié, c’est-à-dire, chaque année. L’événement s’est très bien passé sans incident et nous remercions tous ceux qui nous ont fait honneur par leur présence, notamment le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances, SEM Ali Mahamane Lamine Zeine, et ses homologues du Burkina et du Tchad, les ministres du Tchad et du Mali, les membres du CNSP et ceux du Gouvernement, les responsables des institutions de la République, les directeurs généraux des différentes structures présents, ainsi que les représentants des institutions et organisations internationales.
Interview réalisée par Ali Mamane
ONEP-Agadez
