Comme d’autres secteurs qui ont fait l’objet de regroupement au sein d’un même ministère, dans le gouvernement formé le 7 avril 2021, désormais c’est un seul département ministériel qui a en charge la Culture, le Tourisme et l’Artisanat au Niger. Ces restructurations qui réduisent la taille du gouvernement devraient, on l’espère, permettre de gagner davantage en efficacité dans la consolidation des acquis et la mise en œuvre du programme de renaissance acte III du président Mohamed Bazoum.
Loin de préjuger d’un rapetissement du secteur de la culture, déjà perçu à tort ou à raison comme parent pauvre des politiques publiques dans nos pays, à travers son annexion aux domaines du tourisme et de l’artisanat, peut-on voir pour cet attelage une opportunité pour leur redynamisation réciproque. On peut oser ce pari en attendant de découvrir l’orientation réservée à ces secteurs dans la déclaration de politique générale du gouvernement du Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou. Et, pour continuer dans ce sens on peut rêver de voir les évènements culturels nationaux en léthargie être ressuscités, de nouveaux créés. Ainsi, des rencontres comme le Prix de musique moderne nigérienne Dan Gourmou, le forum africain du film documentaire, Toukountchi festival de cinéma du Niger, le festival de l’Aïr, etc., sont à soutenir et encourager par l’Etat. En effet, les productions artistiques, les évènements culturels peuvent, dans un contexte de sécurité favorable, servir à promouvoir le tourisme et l’hôtellerie, la riche production artisanale dont le Salon de l’artisanat pour la femme est une vitrine.
On ne le dira jamais assez, la culture est essentielle aux peuples, même si le potentiel de son apport économique est sous-évalué dans de nombreux pays africains. Là où elles existent et fonctionnent véritablement, les industries culturelles et créatives sont sources d’emplois et de richesses; elles peuvent valoriser l’éducation et transmettre l’histoire. L’Union Africaine a vu très juste lorsque dans le cadre de l’agenda 2063 adopté en 2015 elle a défini une vision assortie de sept aspirations qui sont les piliers devant soutenir l’Afrique que nous voulons. L’aspiration 5 est celle qui vise « une Afrique dotée d’une identité, d’un patrimoine commun, de valeurs partagées et d’une éthique culturelle forte ». Ce qui justifie le choix par l’UA pour l’année 2021 du thème « Arts, culture et patrimoine : levier pour l’édification de l’Afrique que Nous Voulons ».
Pour s’inscrire dans cette dynamique l’Etat du Niger doit faire un peu plus de place aux Arts et à la Culture dans ses politiques, avec entre autres des investissements dans les infrastructures culturelles ; l’opérationnalisation du fonds national de développement des Arts et de la Culture, destiné à appuyer le financement de la création artistique et le développement des industries et entreprises du secteur de la culture ; la création d’une ligne de crédit pour soutenir les investissements ; des exonérations pour ceux qui veulent s’engager dans l’entrepreneuriat culturel, etc.
Quant aux artistes professionnels, les entrepreneurs culturels, les artisans nigériens qui s’illustrent tant bien que mal, ils doivent davantage se convaincre que c’est par leur esprit créatif, leur créativité qu’ils peuvent s’affirmer, s’exporter au-delà des frontières. En conjuguant ainsi les efforts, en valorisant le patrimoine si riche et divers dont dispose le pays, on pourrait créer des liens féconds entre la culture, le tourisme et l’artisanat, afin qu’ils soient des moyens d’épanouissement, de promotion de la paix et du développement durable.
Souley Moutari(onep)