Le CCFN Jean Rouch de Niamey a servi de cadre hier à la conférence de presse sur l’exposition « Trésors du Niger » qui se tient du 28 juin au 31 octobre. Cette exposition mettra à l’honneur le patrimoine culturel nigérien par le biais de deux collections privées d’objets se trouvant au Niger et qui seront exposés au CCFN et au Musée National Boubou Hama. Il s’agit de la collection Masnat et de la collection Maridas qui sont différentes dans le fond et la forme mais qui ont des points communs. Elles sont toutes les deux à la croisée d’histoires personnelles et universelles, révélant des savoirs faire précieux. Etaient présents à cette conférence de presse le Directeur Général du CCFN, M. Oliver Lange, M. Maki Garba, Directeur adjoint du Musée National Boubou Hama, la collectionneuse de Maridas Mme Mariama da Silva Abdou Saley, le collectionneur de Masnat le député Ibrahim Mohamed et les deux commissaires et directeurs artistiques des collections.
A l’entame de la conférence de presse, le Directeur General du CCFN, a rappelé que le centre exprime au mieux son rôle de valorisation de la culture du Niger au sein de la Francophonie. M. Oliver Lange a expliqué que l’exposition ‘’Trésors du Niger’’ veut montrer la richesse et le savoir faire artisanal du Niger au moment où le pays reçoit l’Afrique à travers le sommet de l’Union Africaine. « Le Niger est un grand carrefour culturel avec un grand savoir-faire esthétique. Il est important pour le CCFN et le Musée National de profiter de cette occasion pour manifester le rôle de carrefour culturel et humain du Niger au moment où le pays accueillera tant de personnalités », a-t-il souligné.
S’agissant de la collection Maridas, elle sera exposée dans la salle d’exposition temporaire du Musée National Boubou Hama. La collectionneuse de Maridas Mme Mariama da Silva Abdou Saley explique que c’est une sélection de pièces de collection personnelle. « Chaque pièce a une histoire et c’est l’histoire qui fait la pièce » résume-t-elle. La collection comprend des objets ayant trait au coton (matériel de tissage, navettes mais aussi bandes de coton venant de l’Arewa) et les talismans, hérités au fil des années. Il y’a plus d’une vingtaine de couverture tissées (un savoir faire en voie de disparition), grands tissages complexes aux motifs anciens (teratera, kouroukourou, kounta, Mougnouré). Elle comprend aussi des objets liés à la décoration de l’habitat et à l’univers féminin comme la calebasse, véritable patrimoine culturel et « grande force du trousseau » présente à toutes les étapes de la vie, de la naissance aux funérailles.
Mme Mariama da Silva Abdou Saley dit aujourd’hui disposer d’une collection riche de plus de 1000 objets, constituée suite à l’héritage de sa mère descendante de la chefferie de l’Arewa qu’elle a commencé cette collection. Son rêve est d’ouvrir maintenant un musée de la femme et de l’Arewa dans la ville de Dogondoutchi.
En ce qui concerne la collection Masnat, elle sera exposée dans le hall d’exposition du CCFN Jean Rouch. Elle a été constituée par Jean Burner (président de cette association en France), lors de plusieurs séjours au Niger, avec l’aide d’Ibrahim Mohamed (président de l’association au Niger et aujourd‘hui député) qui est allé au bout de leur rêve avec l’ouverture en 2018, à Abalak, d’un musée consacré aux bijoux et à la culture touaregs. Ibrahim Mohamed a souligné que les pièces exposées sont principalement réalisées en alliage d’argent et les plus anciennes d’entres elles ont pu être portées au début du XXe siècle. Aujourd’hui, a-t-il précisé, de tels bijoux sont de moins en moins conservés et souvent confiés à des forgerons pour être fondus et en réutiliser l’argent. C’est pour protéger et conserver ce précieux patrimoine que cette collection a été rassemblée au début des années 2000. Ces parures reflètent une identité forte, au sein de laquelle l’élégance est une valeur importante et étroitement liée à des représentations sociales.
Le directeur adjoint du Musée National Boubou Hama de Niamey a salué le partenariat entre le CCFN et le Musée qui se tiennent côte à côte pour le rayonnement de la culture Nigérienne.
Aminatou Seydou Harouna et Zeinab Alassane Issaka