Niamey accueille depuis hier et ce jusqu’au 13 mai prochain, une conférence internationale sur la protection en santé organisée par la coopération belge (ENABEL). Des spécialistes et des représentants de la société civile, du Niger et de plusieurs autres pays, sont réunis pour quatre (4) jours de travaux en vue d’échanger des expériences et approfondir les réflexions sur le thème «La protection sociale en santé, un chemin de lutte contre les inégalités». La cérémonie officielle de lancement des travaux a été présidée par le Premier ministre, Chef du Gouvernement, M Ouhoumoudou Mahamadou.
Dans son allocution de lancement des travaux, le Premier ministre a expliqué que les inégalités «constituent un frein à l’équilibre des sociétés et au développement harmonieux d’un pays du fait de la pauvreté, des crises sociales et de la perte de confiance du citoyen à l’égard de l’Etat, qu’elles génèrent». C’est pourquoi, a-t-il ajouté, les autorités nigériennes font de la lutte contre les inégalités sociales et économiques un de leurs axes prioritaires en matière de gouvernance. M Ouhoumoudou Mahamadou fait ainsi référence à l’axe de la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement qui est une déclinaison opérationnelle du Programme de Renaissance Acte III du Président de la République, consacré à la solidarité et à l’inclusion socio-économique des catégories en situation de vulnérabilités.
Le Chef du Gouvernement a énuméré devant les participants, les experts et les partenaires techniques et financiers du secteur, les initiatives mises en œuvre par le Gouvernement pour lutter structurellement contre les inégalités socio-économiques et assurer à tous une digne protection sociale. «Vous comprendrez alors pourquoi mon Gouvernement manifeste tant d’intérêt pour la présente conférence qui, au-delà du partage d’expériences et de bonnes pratiques en matière de protection sociale en Santé, doit être une opportunité pour définir une vision commune de notre marche vers une couverture sanitaire universelle à l’horizon 2030», a-t-il déclaré.
M Ouhoumoudou Mahamadou a estimé que la protection sociale en santé doit être un tremplin pour créer les conditions de plus d’égalité dans nos sociétés et pour assurer le plein accès de tous aux services sociaux de base. D’ores et déjà, a-t-il poursuivi, le Niger a initié le programme de Filets sociaux grâce auquel les populations vulnérables bénéficient de cash transferts réguliers leur assurant un revenu monétaire et la politique de gratuité des soins des enfants de 0 à 5 ans et des femmes enceintes, leur permettant d’accéder aux soins de santé». Malgré ces innovations reconnues à travers la sous-région ouest africaine et au-delà, le Premier ministre reconnait que le Niger a encore besoin de l’expérience des autres nations, succès et échecs compris. «Dans ce domaine comme dans d’autres, il y a lieu d’attacher un grand prix à la rationalité dans l’allocation des ressources et l’atteinte des résultats», a-t-il souligné.
Les pays participants et les PTF fondent beaucoup d’espoir sur les résultats des travaux
L’ambassadrice du Royaume de Belgique au Niger, SEM Myriam Bacquelaine, s’est réjouie de voir autant de pays répondre à l’appel d’Enabel, organisateur de la conférence internationale sur la protection sociale en santé, pour se pencher sur ce levier majeur, reconnu comme tel, de lutte contre la pauvreté. «Ce défi majeur, a-t-elle rappelé, est une priorité de l’Etat du Niger qui a permis au pays de mettre en place un système de protection sociale en matière de santé, avec notamment l’appui de la Belgique, en particulier de notre agence Enabel». De même que la diplomate belge a reconnu que la pandémie mondiale de COVID-19 qui sévit toujours, a imposé «crument et sans sommation», la nécessité d’inscrire en haut de l’agenda politique, la thématique de la santé.
SEM Myriam Bacquelaine a indiqué que l’objet de cette conférence internationale va déterminer les différentes expériences mises en pratique dans les pays partenaires de la coopération Belge. Elle dit espérer qu’à partir de l’analyse des leçons apprises, les participants pourront tirer les leçons permettant d’améliorer les pratiques qui varient d’un pays à l’autre en fonction des conditions contextuelles locales. «Cette conférence est également une opportunité de tisser un réseau entre vous afin de continuer à vous nourrir de vos expériences mutuelles…Même si les objectifs et les principes sont communs, le contexte doit toujours constituer le point de départ sur lequel on construit un système adapté aux besoins», a-t-elle conclu.
Une vision partagée par la Représentante de l’OMS au Niger, Mme Anya Blanche, qui considère l’inégalité comme étant «un des facteurs principaux qui freinent le développement harmonieux des pays, avec comme conséquence, l’accroissement de la pauvreté et de l’injustice créant souvent l’instabilité sociale». Cette situation, comme elle l’a souligné, a poussé les pays à s’engager à mettre en place des systèmes de protection sociale afin de réduire la fracture sociale et asseoir un développement plus harmonieux, favorisant aussi le bien-être de tous les citoyens à travers la réalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), et plus particulièrement l’ODD 10 qui vise la réduction des inégalités.
La Représentante de l’OMS au Niger a noté que sur le continent africain, les progrès vers la couverture sanitaire universelle restent encore lents malgré les efforts réalisés ces dernières années. Selon les chiffres qu’elle a communiqué 35 sur 47 des pays dans la région de l’Afrique de l’OMS dépensent moins du minimum de 112 dollars américains par personne et par an requis pour assurer l’accès aux services essentiels de santé. Au Niger, selon les mêmes statistiques, la dépense de santé par habitant est de l’ordre de 45 dollars américains par habitant en 2020. «Or pour accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle, chaque Etat doit garantir ce minimum de prise en charge en matière de dépenses en santé par habitant», a-t-elle indiqué.
Pour avancer vers la couverture sanitaire universelle, Mme Anya Blanche estime nécessaire un renforcement des systèmes de santé dans les pays, avec des structures solides de financement. «Quand les gens doivent payer de leur poche la plus grande part des coûts des services de santé, les pauvres se retrouvent souvent dans l’incapacité d’obtenir les nombreux services dont ils ont besoin et même les riches peuvent être confrontés à des difficultés financières en cas de maladie grave ou de longue durée», a relevé la Représentante de l’OMS au Niger. Elle a appelé l’ensemble des acteurs à la mobilisation et souligné «la nécessité d’un cadre de dialogue formel fédérant l’ensemble des partenaires autour des reformes qui concourent à l’atteinte de la couverture sanitaire universelle».
Souleymane Yahaya(onep)