Les locaux de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) ont servi de cadre pour la présentation à la presse d’un grand réseau de fraude documentaire et de trafic illicite de migrants. L’opération a été menée par la Division des Investigations Spéciales de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) avec l’appui du projet Equipe Conjointe d’Investigation (ECI-Niger) financé par le Fonds Fiduciaire d’urgence de l’Union Européenne.
La cérémonie de présentation des résultats de l’enquête s’est tenue en présence du Procureur de la République, près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey, M. Moussa Chaibou qui a apprécié les efforts et le professionnalisme des enquêteurs de la DST ainsi que l’appui constant du projet ECI-Niger. « Cette enquête, qui au début a démarré avec l’interpellation de deux migrantes à l’Aéroport de Niamey a finalement débouché sur des résultats fabuleux », a-t-il dit, tout en félicitant les agents de la DST particulièrement ceux de la Division des Investigations Spéciales qui ont minutieusement travaillé pour cerner l’ensemble des contours de ce réseau de malfrats.
Les investigations menées pendant une dizaine de jours ont permis d’interpeller une vingtaine de suspects (hommes et femmes) relativement jeunes et de différentes nationalités à Niamey et à Maradi.
Le chef de Division d’Investigation Spécial de la DST, le Commissaire Abdoul Salam Moumouni, a souligné qu’en plus de tous autres dommages causés par ce réseau, « On peut estimer à plusieurs centaines de véhicules qui circulent avec des documents frauduleux et le préjudice subi par l’Etat du Niger est estimé à des centaines de millions de francs, sans compter les préjudices sur la santé publique et les revenus du CERMES ».
Concernant les dommages aux particuliers on peut citer un groupe parmi les mis en cause qui se livrent à des manœuvres basées sur des faux documents pour vendre des terrains d’autrui. Le dernier coup remonte à quelque semaine et avait porté sur un immeuble qu’ils auraient écoulé à quarante-deux millions (42 000000) FCFA. Ainsi, il a été révélé par l’enquête que ce réseau est structuré en groupes et par catégories d’activité. Ceux qui s’occupent du trafic illicite de migrants opèrent entre la Cote d’Ivoire, le Benin, le Nigeria, le Togo, le Niger et l’Europe. « Ils ont pu faire passer quelques migrants irrégulièrement à travers des plateformes aéroportuaires de la sous-région, contre des sommes qui varient entre trois (3) et (5) cinq millions de FCFA » a expliqué l’officier de Police Almoctar Abdoulaye. D’autres, par ailleurs confectionnent de faux documents administratifs et privés en fonction des demandes de leurs « clients ».
Ainsi, bon nombres d’objets et de faux documents ont été saisis notamment : 108 cachets humides, une trousse de démontage et de remontage de documents ; des titres et documents de voyages et de séjours nigériens et étrangers; plusieurs actes de cession d’immeubles ; plusieurs chéquiers et carnets d’épargne ; des fiches de rendu du résultat du diagnostic de la Covid-19 vierges; des relevés de compte bancaire ; plusieurs pièces de mise en circulation de véhicules ; Divers matériels informatiques de dernière génération ; Des pièces d’état civil ; Des téléphones portables de marques diverses ; Quatre (4) véhicules dont un portant une fausse plaque d’immatriculation « Député National » et soixante-sept (67) numéros de fausses plaques d’immatriculation identifiés.
Dans un communiqué rendu public le même jour, le Directeur de la Surveillance du Territoire, Abdourahamane Alpha a appelé la population à plus de collaboration pour une meilleure sécurité. Dans le même temps poursuit le communiqué, « les représentations diplomatiques et consulaires, les services publics et les partenaires privés de l’Etat ayant une mission de délivrance de documents administratifs doivent renforcer le niveau de sécurité, non seulement des documents qu’ils délivrent, mais aussi des procédures de leur délivrance ».
Le projet ECI-Niger, un modèle de coopération policière
Le projet ECI-Niger est financé par l’Union Européenne et vise à renforcer la lutte contre les réseaux criminels liés à l’immigration irrégulière, la traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants. Des officiers de la Police nationale du Niger, de l’Espagne et de la France participent à ce projet qui est coordonné par la Fondation internationale et ibéro américaine pour l’administration et les politiques publiques (FIIAPP) basée à Madrid (Espagne). Le Projet ECI-Niger soutient les antennes de la DIS de Niamey, d’Agadez, de Tahoua, Maradi et Zinder, ainsi que à Birni N’Konni et Arlit.
La Division des Investigation Spéciales (DIS), unité spécialisée dans les enquêtes sur les faits de traite des personnes, de trafic illicite de migrants et de fraude documentaires a été créée en 2016 au sein de la Direction de la Surveillance du territoire et constitue l’ancrage opérationnel du projet ECI-Niger est appuyée par six (6) experts (03 policiers espagnols et 03 policiers français) qui travaillent avec 36 policiers nigériens.
(Source : ECI-Niger)