
Séance de prières dans une mosquée de la place
De nos jours, l’utilisation du smartphone est devenue une seconde nature chez l’homme. Ainsi, que ce soit dans la rue ou dans les lieux de culte, le téléphone est omniprésent. C’est pourquoi, il est fréquent d’entendre les bruits d’un téléphone en plein accomplissement d’un devoir religieux comme la prière ou même à l’occasion des enterrements dans les cimetières. Ceci crée d’énormes désagréments, car ces bruits privent les fidèles de la concentration et de l’humilité nécessaires en ces moments.
L’usage du téléphone présente certes des avantages mais aussi des inconvénients. Parmi ces derniers, l’on peut citer la sonnerie en pleine prière. À Niamey tout comme dans les autres villes du Niger, à la mosquée tout comme dans d’autres sanctuaires musulmans, il est fréquent d’entendre la sonnerie qui retentit en pleine prière.
Faute de législation en la matière, notamment en ce qui concerne l’usage du téléphone dans ces endroits, les responsables des mosquées tentent de minimiser le risque lié aux sonneries des téléphones portables. C’est pourquoi, l’on constate certaines inscriptions ou des affiches interdisant l’usage des téléphones dans ces lieux de prières et d’adoration. Ces inscriptions exhortent le fidèle à mettre son appareil sous silence ou à l’éteindre carrément.
Mieux, en début de chaque la prière, l’Imam rappelle aux fidèles de mettre leurs appareils sous silence ou de les éteindre. Le but est de faire régner la sérénité, le calme lors de cette audience avec le Très Haut. Nonobstant cela, certains défient les recommandations en laissant leurs appareils en marche. Pourtant, l’Islam prône le respect de la hiérarchie. Un leader religieux comme l’Imam mérite respect et considération. Les mosquées ont d’ailleurs été construites pour la prière, le rappel d’Allah, et pour exprimer notre reconnaissance envers Allah.
Les fidèles sont unanimes que ces perturbations nuisent à la prière. Pour certains, aucune perturbation ne doit être tolérable, en plein adoration. «Une fois, j’ai assisté à une prière de Ich’ai où du début jusqu’à la fin de la prière, un fidèle a laissé son portable émettre du bruit. Lorsque ses voisins l’on interpelé, il les a tous ignorés », témoigne un fidèle rencontré dans une mosquée au quartier Boukoki. «Quand on se rend dans les lieux de culte, c’est pour l’adoration et rien d’autre. Peut-on se permettre de manipuler son portable lorsqu’on est en audience avec une haute personnalité comme le Président de la République ou laisser cet appareil perturber vos échanges ? Bien sûr que non. En réalité, c’est un manque de respect envers notre seigneur. Or, Allah (SWT) est au-dessus de tous», remarque un autre fidèle.
Que dit l’Islam à propos de ce phénomène ?
Selon les explications du président de l’Association Faouziyya, Oustaz Moustapha Ahoumadou, cette attitude est un phénomène auquel les gens n’accordent pas beaucoup d’attention. Or, dans la vie du croyant, la prière est la chose la plus importante. «Toutes les conditions doivent être remplies pour qu’elle soit accomplie avec le plus grand soin possible », a-t-il dit. Citant les propos prophétiques, Oustaz Moustapha ajoute que la première des choses sur laquelle le croyant sera interrogé le jour de jugement, c’est la prière. « Si elle est bien accomplie, toutes les autres actions sont acceptées. Par contre, si elle est endommagée, l’on ne regarde même pas les autres actes d’adoration », a-t-il rappelé.
A ce propos, le président de l’Association Faouziyya a souligné que le croyant devrait donner la primauté à cette adoration. «Du fait de son degré élevé auprès d’Allah(SWT), le serviteur doit se rendre à la mosquée avec concentration, vouant son adoration à Allah car la prière lie l’adorateur au créateur. Celui qui est en contact avec son seigneur n’a pas à murmurer, parler, ou gêner les autres. Faire du bruit dans une mosquée est l’un des plus grands désagréments que l’on puisse faire. C’est un acte à condamner et à réprimer car l’on ne devrait pas blaguer avec l’adoration », a-t-il dénoncé.
Cet ouléma affirme qu’une prière réalisée sans attention risque de ne pas être exaucée. Citant un passage coranique, il a ajouté qu’Allah punira ceux qui prient. Autrement, ceux qui prient sans concentration, ceux qui ne sont pas stables, non assidus ou qui blaguent. « Ils s’attirent la punition ou la colère d’Allah car ils se perturbent et perturbent les autres. Au cours de ce rituel, tout geste qui ne cadre pas avec la prière est strictement interdit à plus forte raison perturber les autres avec la sonnerie. Souvent, ce sont des messages rapportant de colportages ou de médisances qui font sonner le portable. Or, le croyant n’a pas besoin de cela », a-t-il dit.
S’agissant des propositions, Oustaz Moustapha Ahoumadou suggère de laisser le téléphone à la maison, au bureau ou encore de l’éteindre. « Que le fidèle soit seul dans la prière ou en congrégation, le téléphone doit être fermé. Qu’il soit à la prière de vendredi ou pendant les prières quotidiennes, il n’est pas autorisé de se laisser perturber. Je pense qu’il est temps pour le fidèle d’arrêter de rater sa prière pour des futilités », a-t-il exhorté.
Rappelant la place de la prière, notre interlocuteur souligne également que du fait de son importance, les anges spéciaux sont envoyés pour la surveiller et ils se relayent dans cette action de surveillance. Ils rendent compte au seigneur deux fois par jour à propos des prières des serviteurs d’Allah. Le serviteur aura la satisfaction ou la colère d’Allah en fonction des rapports des anges. Donc, celui qui laisse son téléphone portable perturber les autres, il aura la malédiction des anges », a-t-il déclaré.
D’après les explications de cet ouléma, il n’est nullement permis de perturber les autres à la mosquée tout comme dans les cimetières. « Tout bruit, toute perturbation ou rigolade est interdite. Donc le téléphone n’a pas sa place dans ces lieux. C’est encore pire d’entendre le bruit du téléphone aux cérémonies funéraires », a-t-il aussi ajouté. Rapportant certains écrits islamiques, Oustaz Moustapha indique que les sonneries, les cris et la musique sont susceptibles de déranger les morts», a-t-il martelé.
Autres actes désagréables
Outre le bruit des téléphones, la mosquée aujourd’hui constitue pour certains un endroit pour poser certains actes désagréables, comme le fait de subtiliser le bien de quelqu’un, le colportage ou la mendicité. ‘’Celui qui nous trompe, truande, trahit n’est pas le nôtre’’, cite cet ouléma. Selon lui, celui qui vole quelque chose est exclu de la miséricorde d’Allah. « Mieux, le vol en lui-même est une chose interdite. Celui qui le fait encourt la sanction d’Allah. A propos de cette infraction, le Prophète Mouhamad (SAW) était clair et intransigeant en disant que même si c’est Fatouma, sa fille, qui vole, il lui coupera la main », a-t-il déclaré. Selon le président de l’Association Faouziyya, agir de la sorte relève d’une immoralité inqualifiable. « Ce qui pousse certains à agir de la sorte, c’est surtout la recherche du gain facile. Un geste qui n’honore ni son auteur encore moins sa religion », a-t-il relevé.
En somme, les mosquées et les autres sanctuaires sont des endroits où doit régner la sérénité. De ce fait, Allah recommande à ses serviteurs de bien se comporter lorsqu’ils vont se rendre en ces lieux comme le fait de se vêtir de ses plus beaux habits, de se parfumer et d’éviter de manger les aliments comme l’ail. Donc, tout comportement susceptible de perturber cette sérénité expose le contrevenant à la colère d’Allah.
Abdoulaye Mamane (ONEP)