Depuis qu’il a perdu la vue, il y a quelques années, Roger le Moine se déplace avec une canne blanche. En raison de son engagement dans le cadre de la culture, ses fans et le public l’ont surnommé « La Canne Blanche ». En effet, malgré son handicap, Roger le Moine ne désespère pas. C’est ainsi que, très touché par la nouvelle situation de son frère, Haoua Capochichi, elle aussi actrice de talent, l’aide à fonder le groupe Baobab. Ils seront rejoints par six artistes. Le groupe ainsi formé se compose de 8 artistes dont quatre malvoyants.
De sa création à aujourd’hui, le groupe Baobab a, à son actif, deux albums : « Labou Sani No » et « Soguey Wandiya » dont le contenu est composé de musique et de contes et légendes. Compte tenu de tout ce qui se passe en Afrique, principalement au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger, le groupe Baobab dirigé par « La Canne Blanche » a décidé d’apporter sa contribution à la construction de notre cher pays, le Niger, car, dira-t-il, personne ne viendra changer le visage de notre pays à notre place. C’est ainsi que naquit le premier album du groupe Baobab dont les thèmes traitent de la paix, la cohésion sociale, la contribution de la jeunesse pour le développement du Niger. Déjà, à la place de la résistance à Niamey, l’artiste a présenté un morceau tiré de l’album ‘’Labou Sani No’’.
Pour marquer son engagement à cette grande mobilisation des Nigériens à la faveur des évènements du 26 juillet dernier, le groupe Baobab a décidé de parcourir les 8 départements de la région de Dosso pour apporter aux populations, en particulier à la jeunesse, le message de la paix, de l’unité, de la cohésion sociale, etc. Au cours de cette grande tournée régionale, le groupe va inviter la jeunesse à se réveiller, à s’adonner au travail pour être une jeunesse responsable. Les recettes et autres contributions issues de cette tournée seront reversées au Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie.
Fidèle à son engagement, « La Canne Blanche » et sa sœur Haoua Capochichi ont procédé au vernissage des deux albums qui a eu lieu le 23 décembre 2023 à la maison de la culture Garba Loga de Dosso. Une occasion qui sera donnée à leurs fans pour découvrir les nouvelles créations des dignes fils du terroir. Pour réaliser ce rêve qui lui est cher, La canne Blanche et ses compagnons ont dû faire le porte à porte pour expliquer ce qu’ils comptent entreprendre. Plusieurs personnes et des autorités ont apporté à l’artiste leurs contributions pour la réalisation du vernissage de ces deux albums. Roger Le Moine se rendra ensuite au Mali, en pays Dogon, sur invitation dans le cadre du festival des contes et légendes prévu pendant les grandes vacances.
Parlant justement de l’importance des contes et légendes, Roger le Moine dira qu’après la disparition des grands conteurs nigériens à l’image de Djelba, Djado Sékou, il est du devoir des artistes nigériens de perpétuer ce patrimoine artistique qu’ils nous ont légué. C’est pourquoi, la Canne Blanche a puisé dans leur album pour présenter au Mali la légende des jumeaux. Après 25 ans de carrière musicale, « La canne Blanche » dira que la musique nourrit bien son homme. Partout où il passe, il est accueilli à bras ouverts et on lui facilite ce qu’il est venu chercher. Dans la région de Dosso dit-t-il, la relève est assurée. Au début, c’étaient les Haoua Zaley, Garba Loga, Hama Dabgué qui faisaient la renommée de la région de Dosso sur le plan musical. Aujourd’hui, une nouvelle génération d’artistes est apparue à l’image de Féno, Jonh Sofakoley, Haoua Capochichi et bien d’autres artistes originaires de Dosso vivant à Niamey qui font la fierté de la musique moderne nigérienne.
La « Canne Blanche » n’a pas pour autant perdu de vue la situation des enfants malvoyants. Il faut, a-t-il souligné, les inscrire à l’école pour leur apprendre à lire et à écrire car, eux aussi ont leur mot à dire dans la construction nationale.
Mahamane Amadou ANP-ONEP/Dosso