Le processus électoral national entamé le 13 décembre 2020 avec les élections municipales et régionales, législatives couplées à la présidentielle 1er tour, vient de connaître son épilogue, après la publication officielle par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) des résultats globaux provisoires du second tour de l’élection présidentielle du 21 février dernier. Selon les chiffres donnés par l’institution dirigée par Me Issaka Souna, le candidat du PNDS/Tarayya, Mohamed Bazoum, est déclaré vainqueur du second acte de l’élection présidentielle au terme d’une campagne électorale qui restera, incontestablement, comme la plus nauséeuse et exécrable de toute l’histoire démocratique du Niger. En effet, jamais de mémoire d’hommes, une campagne électorale n’aura été si houleuse comme celle qui vient de se refermer tantôt.
On peut, hélas, constater que toutes les bornes de la bêtise humaine auront été dépassées dans le déroulement de cette campagne présidentielle, notamment par le recours à d’arguments peu recevables dans une république digne de ce nom, arguments tournant autour de ‘’la couleur de la peau’’, des origines sociales ou familiales des uns et des autres. Le grand débat démocratique que tous les démocrates nigériens espéraient voir dominer cette campagne n’aura jamais été au rendez-vous de l’agenda de certains protagonistes du processus électoral actuel.
A la force des arguments, certains avaient opposé l’argument de la force, de la violence, de l’appel à la haine communautaire, de la stigmatisation identitaire, toutes considérations d’une autre époque qui ne sauraient prospérer dans un cadre démocratique comme le nôtre. L’on ne pouvait s’empêcher de s’émouvoir, de verser des larmes, de gémir de douleur viscérale en écoutant certains propos tenus par des responsables politiques ayant eu à exercer, par le passé, de hautes fonctions de l’Etat. Comment comprendre le langage de cet ancien haut gradé de l’Armée, reconverti en politique pour le compte d’un parti de la place, appeler, au cours d’un meeting, les femmes et les hommes de son terroir à se préparer à… la guerre après les opérations de vote, à se munir de tout leur arsenal de combat, sans oublier aussi les talismans ? Que dire également des propos tenus dans certains quartiers de la capitale par un leader politique bien connu, perdu dans des considérations cutanées (couleur de la peau), tenant un discours totalement décousu sur des aspects physiques devant un auditoire qui en admirait le spectacle.
Au vingtième-unième siècle, à entendre de tels discours, on se croirait à l’époque du Troisième Reich, dans un meeting populaire d’un certain Adolph Hitler vantant la ‘’supériorité de la race aryenne’’ sur le reste du monde. Non, vous n’étiez pas à Berlin, Munich, Francfort ou autres Lands allemands des années 30, mais bien dans des localités du Niger de 2021, où toutes les limites du tolérable en politique auront été franchies par de graves et fâcheuses menaces contre l’unité nationale et la cohésion sociale. La soif inextinguible de pouvoir de certains politiques nigériens contre lesquels le sort s’acharne, le refus de ces derniers de se rendre à l’évidence que leur page politique était plus sur le point de se refermer que de s’ouvrir, profitant de la naïveté d’une partie de notre population à laquelle on veut faire croire que son malheur vient toujours de l’autre, toutes ces dérives langagières constituent de graves atteintes à l’édifice de la construction démocratique de notre pays.
Aujourd’hui, très certainement, les masques tombent les uns après les autres, les visages du nihilisme ‘’démocratique’’ s’éclairent à la lumière des évènements post-électoraux actuels.Comme cela avait déjà été dit à d’autres occasions, cette partie de la classe politique nigérienne n’avait jamais, en réalité, préparé les élections pour accéder au pouvoir par la voie démocratique, mais paraissait toujours conjuguer sa logique de contestation des résultats tant que ces derniers ne leur étaient point favorables. Bancale conception de la démocratie, s’il le faut vraiment, qui veut que le soleil ne brille que pour soi et tout le temps ! Ici se dévoile la marque distinctive du mauvais perdant, la marque congénitale du faux démocrate, l’incarnation à son stade le plus achevé de la mauvaise foi politique.
Cependant, tous les scénarii apocalyptiques projetés par ces pseudos démocrates de la vingt-cinquième heure ou de la cinquième colonne, n’ont pas eu, fort heureusement, lieu, car la maturité du peuple nigérien aura été plus forte que les projets funestes de certains aventuriers politiques prêts à en découdre sur le cadavre du dernier des Nigériens pour parvenir à leurs fins ! Ainsi, le scrutin s’est déroulé dans le calme et la sérénité, en dépit des appels incendiaires sur les réseaux sociaux. C’est ce qui a d’ailleurs motivé, en toute responsabilité, le gouvernement à demander aux différents fournisseurs d’Internet de la place à suspendre, momentanément, l’accès aux réseaux sociaux afin d’empêcher la diffusion et la propagation de ces messages incendiaires.
Aujourd’hui, on peut se féliciter du triomphe éloquent de la raison démocratique sur les ténébreux populistes, xénophobes et autres stigmatisations à relents identitaires. La démocratie nigérienne vient de triompher en désignant le seul vainqueur des urnes, et non celui des réseaux sociaux, des meetings incendiaires et autres tribunes où la malveillance, la mauvaise foi et surtout la bêtise humaine sont les choses les mieux partagées. Le grand physicien allemand, Albert Einstein, le père de la physique quantique, aimait dire qu’il est possible de concevoir les limites de l’univers, mais qu’il est impossible de se faire une idée des bornes de la bêtise humaine.Le verdict final des urnes a confirmé le slogan ‘’Sai Bazoum’’ !
Pourtant, en dépit de toute cette tempête dans un verre d’eau, les différentes missions d’observation déployées sur le terrain et la Communauté internationale ont salué la bonne tenue et la sincérité de cette élection. Désormais, la seule et unique voie de recours reste et demeure la Cour constitutionnelle.
Voilà ce qui vient clore tout ce feuilleton électoral avec la satisfaction, au bout du compte du Président Issoufou Mahamadou d’avoir tenu à son engagement de concrétiser ce rêve qui lui était si cher de rendre, tangible pour la première fois de l’histoire, une alternance démocratique au pouvoir au Niger. C’est assurément un pas de géant que le Niger et son valeureux peuple viennent d’accomplir sur la voie de la stabilisation des institutions démocratiques !
Le Président Issoufou pourra donc prendre congé, fièrement, de ses hautes fonctions en étant soulagé d’avoir respecté son rendez-vous avec l’histoire. Il disait qu’il avait une seule obsession, celle de doter le Niger d’institutions démocratiques fortes et durables ; et pour ne pas fragiliser celles-ci, il se sera fait le devoir impérieux de ne pas se présenter pour un troisième mandat qui aurait semblé contraire à sa vision de la démocratie, en dépit de la tentation créée par l’air du temps dans notre sous-région. L’homme de la renaissance du Niger aura tout simplement compris qu’il ya une vie après la fonction présidentielle. Le Niger et les Nigériens se souviendront éternellement de votre immense présidence, Monsieur le Président.
Par ZakariAlzouma Coulibaly