Les dirigeants du G5 Sahel sont-ils en train de prêcher dans le désert ? Du moins, c’est l’impression qui semble se dégager face à la montée en puissance des groupes djihadistes dans l’espace sahélo-saharien qui multiplient, ces derniers temps, leurs raids meurtriers contre les forces de défense et de sécurité des Etats membres. Depuis sa mise en place, depuis bientôt cinq ans, la Force conjointe du G5 Sahel, conçue pour mener une lutte ardue contre le terrorisme dans cet espace, peine à devenir opérationnelle, faute de moyens financiers et logistiques, quand on sait les difficultés économiques auxquelles sont déjà confrontés les Etats membres qui consacrent beaucoup de ressources dans ce combat.
Les dirigeants du G5 Sahel s’activent à tous les niveaux pour trouver les moyens nécessaires pour rendre effective cette force conjointe. La dernière rencontre de Niamey était la énième occasion de réaffirmer cet appel pressant. Cependant, face à un certain attentisme de la communauté internationale, pourtant pas insensible à la problématique terroriste, les pays du G5 Sahel semblent avoir l’impression d’être abandonnés à leur sort, leurs cris de détresse devenant de plus en plus inaudibles.
Pourtant, le G5 Sahel a plus que besoin de l’aide de la Communauté internationale, en dépit de la montée invraisemblable de sentiments anti-occidentaux véhiculés par une certaine ‘’mal-pensance’’ d’un groupe de politiciens tapis sous le vocable commode de Société civile. Pour notre part, convaincu de l’universalisme des valeurs de paix et de sécurité chères à l’humanité toute entière, sous tous les tropiques et sur toutes les latitudes, nous refusons catégoriquement de tomber dans le piège sans fin du ‘’complotisme occidental’’ sans doute le fruit de hallucinations intellectuelles de démagos aux petits souliers qui ne sauraient prospérer que dans les eaux troubles de l’intoxication des opinions publiques qui constituent leur fonds de commerce. Ne pouvant pas passer sous les mailles du suffrage électoral, plus impopulaires qu’eux tu meurs, ces beaux penseurs, ces marchands de rêve trouvent un malin plaisir à décourager ceux qui se montrent encore alliés aux populations du Sahel dans cette épreuve difficile du terrorisme international.
Un adage du terroir enseigne que «si vous dites à un individu de se débarrasser de son bâton qui lui sert d’arme contre les serpents, faudrait-il encore lui trouver à la place un moyen plus efficace que ce bâton ». En termes plus prosaïques, ceux qui voient dans l’intervention de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme un problème, devraient, naturellement proposer des solutions alternatives. Soyons réalistes ! Nous sommes-nous, une seule fois, posé cette question existentielle : que serait devenu le Mali s’il n’y avait pas eu l’Opération Serval en 2012 ? A moins d’être de mauvaise foi, la réponse à cette question ne saurait souffrir d’aucune ambiguïté. En effet, l’on se souvient sans doute de l’accueil triomphal réservé par les Bamakoises et les Bamakois au président français, François Hollande, lors de sa visite dans le pays du Djoliba. Certains avaient même décidé de prénommer leurs futurs enfants de Hollande, sans doute en reconnaissance de l’intervention française pour sauver le Mali de l’invasion djihadiste.
Il serait alors trop facile de rester dans son coin pour fustiger l’intervention de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme sans jamais se rendre compte que l’enjeu de la problématique terroriste revêt une dimension stratégique de l’ordre planétaire, et que les pays du G5 Sahel ne sauraient réussir leur pari du développement durable sans la consolidation de la paix et de la sécurité dans leurs espaces respectifs. Toute autre posture qui s’inscrirait en dehors de ce cadre logique et rationnel ne serait qu’une simple vue de l’esprit de la part d’individus irresponsables mais surtout de mauvais esprit.
O tortuosité intellectuelle, quand tu nous tiens !
Par Zakari Alzouma Coulibaly