Ces derniers temps, l’actualité nationale et internationale est dominée, au Niger, par la question sécuritaire. Au-delà du Niger, c’est tout l’espace sahélo-saharien qui fait les frais des assauts meurtriers du terrorisme avec son cortège de morts qui vient chaque jour rallonger le nombre de familles endeuillées. Jamais, dans l’histoire contemporaine, les Etats du Sahel n’ont été confrontés à un tel fléau, au point même de menacer l’existence de nos Etats.
Face à la grande puissance de feu et aussi au manque de visage de l’ennemi, nos armées, qui ont été bâties sur le modèle d’armées de pacification, peinent aujourd’hui à endiguer la nébuleuse terroriste qui s’est internationalisée à partir de ses revers en Syrie, en Irak et en Afghanistan. Pour mener ce combat contre les forces du mal, les pays du Sahel ont imaginé et conçu la mise en place d’une force conjointe du G5 Sahel, dotée de moyens humains et matériels considérables.
Cependant, face aux difficultés économiques et financières que connaissent ces pays, l’aide de la communauté internationale se révèle plus que nécessaire, voire vitale. Mais, pendant que les dirigeants du G5 Sahel s’évertuent à convaincre les puissances occidentales pour obtenir leur ralliement à cette cause, certains marchands de rêves, camouflés derrière des intérêts politiques inavoués, montent au créneau pour crier haro dans le désert contre nos partenaires stratégiques, dont la France. Contrarié avec raison sans doute, le Président français,
Emmanuel Macron, était récemment monté au créneau pour poser clairement le débat sur la présence militaire française dans notre espace. En effet, face à la montée de certains ressentiments contre l’Occident en Afrique, le Président français, sans doute pris en tenailles par sa propre opinion publique et l’opposition politique de son pays, n’avait eu d’autres choix que d’adopter un langage qui rompt avec tous les codes de la diplomatie ordinaire. Après la mort des 13 soldats français au Mali qui participaient à l’Opération Barkhane, l’émotion française ne s’était même pas dissipée dans les esprits que soudain, on assista, à une sorte de vendetta contre les troupes françaises au Mali.
De passage à Niamey où il est venu se recueillir, le dimanche 22 décembre dernier, sur les tombes des 71 valeureux soldats nigériens tombés à
Inatès, le natif d’Amiens a réitéré son vœu pour une clarification de la part de nos Etats sur la question de la présence militaire de la France en Afrique. Il nous semble que c’était la moindre des choses pour accepter de venir mourir pour le Sahel ! Connaissant le Président français pour n’avoir pas la langue dans la poche, on avait, faut-il le rappeler, réservé un accueil mitigé, dans certains salons de citadins gâtés, à ce discours de Macron. Pour notre part, sans doute doué de raison et de bon sens, tout en brisant les codes traditionnels du langage diplomatique, nous avons fortement accueilli et surtout aimé ce langage de la vérité et du cœur. Ceux qui le trouvent paternaliste ne sont pas des amis du Niger et du Sahel. Tout ce qu’ils veulent, c’est le chaos permanent qui constitue leur terrain de prédilection. Mais mal leur en a pris, car Macron a aussi compris que le Niger et son peuple soutenaient à 100% l’aide militaire française dans ces temps si difficiles pour le Niger et le Sahel. Voilà pourquoi le discours de Macron doit être accueilli positivement tout en espérant que d’autres pays de la Communauté internationale lui emboiteront le pas pour venir aider les pays du Sahel. A nos amis français, nous leur demandons de bien vouloir souffrir comme nous, car il faut de tout pour faire un monde !
Zakari Alzouma Coulibaly