Tous connaissent les paroles fortes du Président Bazoum Mohamed sur le secteur de l’éducation. La répétition ayant des vertus pédagogiques, rappelons que, le 2 avril 2021, jour de son investiture comme Président de la République, S.E.M. Bazoum Mohamed a fait un diagnostic sans complaisance du secteur : le « plus grand défi (du Niger) réside depuis son indépendance dans les faiblesses de son système éducatif. Si je considère le défi de l’éducation comme notre plus grand défi, c’est parce que je sais que le faible taux de scolarité et le taux élevé des échecs scolaires ont pour effet de priver des contingents très nombreux d’enfants et de jeunes de réelle chance d’éducation. C’est cette situation qui explique les mariages précoces des jeunes filles (77% sont mariées avant 18 ans, 28% avant 15 ans), la forte prévalence de la polygamie ainsi que la faible prévalence de l’utilisation des contraceptifs. Avec un taux de fécondité synthétique de presque 7 enfants par femme, nous battons le record mondial en la matière. Avec un taux de croissance démographique de 3,9% par an, nous sommes le pays où la population croît le plus vite au monde. Nous sommes du coup dans un cercle vicieux: plus nous faisons d’enfants, moins nous sommes capables de les éduquer, moins nous les éduquons, plus ils feront des enfants à leur tour, facteurs dans notre contexte socioéconomique de retard de développement et de croissance ».
Enfonçant le clou, le Président Bazoum Mohamed a estimé que, « pour que l’amélioration de la gouvernance revête tout son sens, elle a besoin d’être soutenue par un grand projet de réforme de notre système éducatif qui est en proie à une crise très grave. Notre système éducatif souffre de capacités d’accueil insuffisantes, de capacités d’acquisition dérisoires et des taux de scolarisation, d’achèvement et de réussite aux examens très faibles: 30% pour le BEPC et 25% pour le Baccalauréat en 2019 ».
«Je ferai de l’éducation un domaine dont je m’occuperai personnellement», garantit le Président Bazoum Mohamed
Et comme gage de sa volonté politique, le Président Bazoum Mohamed a assuré que, « pour mettre fin à cette situation, je ferai de l’éducation un domaine dont je m’occuperai personnellement autant que je m’occuperai de la sécurité. (…). Je compte lancer les travaux de construction de ces internats dans certains collèges aussitôt que j’aurai pris fonction de façon à les rendre opérationnels dès la rentrée scolaire prochaine ; la réforme curriculaire en vue d’adapter notre école aux exigences de son environnement culturel ; la mise sur pied d’une équipe d’architectes innovants pour la conception d’un modèle alternatif de construction des classes moins cher et plus adapté à notre environnement et ce en vue de mettre fin aux classes paillotes ».
« L’éducation ne doit pas être une affaire des enseignants et de l’Etat», selon Bazoum Mohamed
Bis repetita : lors de la rencontre de présentation de la Politique Educative aux partenaires techniques et Financiers et aux Partenaires Sociaux, le Président Bazoum Mohamed a les a tous invités à prendre la mesure de ces défis, à se mobiliser afin que le Niger puisse réaliser des avancées significatives dans le sens de l’objectif N° 4 des ODD consistant à assurer l’accès de tous à une éducation de qualité sur un pied d’égalité et promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
« Nous sommes convenus avec le Premier Ministre que des réflexions et des actions soient envisagées à cette fin. Ainsi, ces réflexions doivent porter sur un certain nombre de questions. Il s’agit, entre autres, de la réactualisation et de la rationalisation de la carte scolaire ; la poursuite de la construction et de la réhabilitation des infrastructures scolaires, l’idée étant, comme vous le savez, que nous disposons de modèles de construction de classes, qui allient faiblesse de coûts et qualité, de façon que nous en terminions avec les situations éprouvantes comme celles que nous sommes en train de vivre à travers ces incendies qui sont provoqués sur les classes paillotes et qui ont débouché sur le drame du quartier Pays Bas de Niamey; la professionnalisation et le renforcement des capacités du corps enseignant. C’est une question importante chargée des plus grands enjeux sur laquelle je vais insister afin que nous réfléchissions très sérieusement pour promouvoir une réforme qui nous donne la clé de nature à nous permettre d’améliorer notre système scolaire ». J’en appelle aux syndicats pour que leurs contributions soient des plus pertinentes; l’amélioration et l’adaptation des curricula pédagogiques. C’est une autre question à enjeux très forts; une supervision plus rigoureuse de l’enseignement privé; l’implication des communautés dans la réalisation et la réhabilitation des infrastructures scolaires et éducatives; le renforcement des programmes d’alphabétisation des adultes; la mise en place d’un programme de récupération des enfants déscolarisés », a souligné le Chef de l’Etat.
Comme l’a dit le Président Bazoum, l’éducation ne doit pas être une affaire des enseignants et de l’Etat. C’est une affaire de toute la société. C’est à ce titre, a-t-il ajouté que des consultations et des réflexions seront engagées afin de rétablir l’enseignant dans son autorité et ses prérogatives. A propos de l’organisation des examens et concours, il a donné des instructions fermes afin qu’elle se fasse l’objet d’attention et de soins très particuliers afin de renforcer la crédibilité des diplômes, la crédibilité de notre système d’enseignement, tout simplement. « Sur cette question, nous prendrons des mesures qui ne laisseront pas place à quelque aléa que ce soit », a-t-il souligné.
Depuis lors, le ministère de l’Education nationale s’est attelé à la tache pour traduire en faits les promesses du Président Bazoum. C’est ainsi que, « pour accroitre les capacités d’accueil des établissements scolaires et résorber le stock important des classes paillotes, il a été envisagé de choisir un modèle alternatif de salles de classes, adapté et à moindre coût. Dans ce cadre, deux ateliers ont été organisés à Dosso respectivement du 28 au 30 mai et du 15 au 16 juin 2021 pour sélectionner et valider 9 productions de modèles alternatifs sur 15 présentées. Le rapport d’évaluation du Comité d’experts sera soumis au Gouvernement pour choisir un modèle. A cet effet, une communication du MEN est prévue à l’endroit du gouvernement pour décision à prendre.
Le respect de la carte scolaire est aussi déterminant dans le développement des capacités des établissements qui passe par la stratégie des centres de regroupement (incluant des internats pour élèves et des logements pour enseignants) au niveau primaire pour lutter contre les classes en sous effectifs. Ainsi, sept centres de regroupement ont été prévus pour la rentrée prochaine parmi lesquels deux (2) ont été déjà construits et équipés. Au niveau secondaire, grâce à l’appui de l’UNICEF, 20 collèges de proximité seront construits dont 8 pour la rentrée 2021-2022 ; les sites sont identifiés et les travaux vont bientôt démarrer. A Niamey, un vaste programme de construction des salles de classe est déjà lancé pour remplacer les classes paillotes. Les travaux de construction de 65 salles de classes au niveau primaire et 22 au niveau secondaire sont déjà en cours grâce à l’appui des partenaires. D’autres financements sont disponibles pour la réalisation de plusieurs infrastructures scolaires d’ici la rentrée prochaine».
S’agissant de l’axe ‘’ Scolarisation de la jeune fille ‘’, le ministère de l’Education nationale y est tout aussi réactif : en effet, « outre la poursuite de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale d’Accélération de l’Education et de la Formation des Femmes et des Filles (SNAEFFF) , la reforme initiée par le Président de la République consiste à construire 10 internats pour filles d’ici la rentrée scolaire 2021/2022 : 2 sont en cours de finition (Moujia dans la région de Tahoua et Kellé dans la région de Zinder), 2 autres lancés (Kobadjé dans la région de Tillaberi et Zoumbou dans la région de Dosso) ; 6 sont en attente de lancement ; le financement de ces internats est entièrement disponible ».
Le troisième axe où le ministère de l’Education nationale déploie des efforts est celui du ‘’développement du capital humain’’. A cet effet, selon le Secrétaire général du ministère, M. Mohamed Zeidane, « 500 enseignants contractuels ont été recrutés et affectés en région notamment dans les collèges ruraux et 200 bacheliers sont admis à la formation des professeurs de CEG franco arabe ; le processus du recrutement de 500 enseignants du cycle primaire est amorcé. Un plan de formation des enseignants, suite à l’évaluation des enseignants du secondaire ayant déterminé les besoins spécifiques de formation de chaque enseignant, a été réalisé. Aussi, pour relever le niveau de compétences des enseignants, un référentiel des compétences de métier et des guides à l’intention des enseignants découlant de la relecture du programme de l’enseignement primaire ont été élaborés».
Enfin, pour améliorer la ‘’ Gouvernance du système’’, le ministère, «dans le cadre de la restructuration des écoles de formation initiale des enseignants et dans l’optique de leur professionnalisation, a commandé un audit organisationnel et pédagogique des ENI et de l’ENS; le rapport de cet audit est validé le 21 Avril 2021 et son plan d’action est en cours d’élaboration. Le processus de réforme du cadre organisationnel et institutionnel de formation des enseignants et encadreurs est lancé. Pour améliorer le pilotage du système, la mise en place de la base des données des Ressources Humaines est lancée ainsi que la géolocalisation des écoles primaires et des établissements secondaires ; l’élaboration des contrats des performances est à un stade avancé. Dans le cadre de la réforme curriculaire, sept (7) projets de textes sont élaborés pour mettre en place les différentes structures de sa mise en œuvre».
Ainsi qu’on le voit, tout va vite et bien dans le secteur éducatif.
Par Sani Soulé Manzo(onep)