
Lors de l’entretien sur le plateau de la RTN
L’insécurité qui sévit au Niger depuis des années, notamment dans les zones touristiques, a anéanti totalement le secteur combien important du tourisme. Alors, Madame la ministre, pouvez-vous nous dire très brièvement l’état dans lequel se trouvaient le tourisme et l’artisanat avant l’événement du 26 juillet 2023 et quelle est la situation depuis votre arrivée à la tête du Ministère ?
Je voudrais d’abord exprimer l’immense plaisir que j’ai de me retrouver ici, sur ce plateau, pour vous évoquer la vie du Ministère de l’Artisanat et du Tourisme depuis ma prise de fonction, conformément à la lettre de mission à nous confiée par le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’État, le Général de la Brigade Abdourahamane Tiani. C’est l’occasion pour moi de lui témoigner toute ma reconnaissance pour la confiance placée en ma personne et à la jeunesse de manière générale. Je voudrais également remercier le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances avec qui nous entretenons de très bonnes relations de collaboration. Je voudrais également remercier la radio-télévision du Niger et toute la presse nationale qui, durant toutes nos activités, nous ont accompagnés avec professionnalisme. Je ne vais pas non plus oublier nos forces de défense et de sécurité pour qui j’ai une pensée très forte.
Je ne voudrais naturellement pas oublier mes collaborateurs du secteur de l’artisanat et du tourisme et tous les acteurs qui interviennent dans le domaine. Avant de vous parler de la situation du secteur avant le 26 juillet, je voudrais rappeler le contexte sécuritaire dans lequel se trouvait le Sahel en général qui, au-delà du secteur de l’artisanat et du tourisme, il faut le rappeler, a impacté l’ensemble de l’économie de la sous-région. Les secteurs de l’artisanat comme celui du tourisme rencontraient des difficultés quant au faible afflux de touristes internationaux et également la faiblesse de la consommation de produits locaux. Donc au niveau du Ministère, il s’agissait pour nous, dès le départ, de mettre un moyen d’accompagnement efficace pour permettre aux artisans de pouvoir écouler leurs produits.
Madame la ministre, pouvez-vous nous dire quels sont les grands défis auxquels sont confrontés le Tourisme et l’Artisanat et qu’est-ce que vous envisagez pour les relever ?
Il faut rappeler que les défis sont multiples. Et ils ne sont pas seulement au niveau de l’artisanat, il y en a également au niveau du tourisme. Face à ces défis, il faut savoir que plusieurs actions ont été menées. La première visait à faire en sorte qu’il y ait l’amélioration de la compétitivité des produits artisanaux. Nous avons défini des mesures à faciliter les formalités pour la destination Niger. Nous avons également fait la promotion des initiatives qui viseraient à développer le tourisme intérieur. Nous avons ensuite mis en place un cadre approprié de mesure de résultats et d’appréciation de la performance des actions du Ministère. Je voudrais évoquer chaque défi et aussi ce que nous avons mis en œuvre afin de pouvoir relever les défis.
Dans le domaine de l’artisanat, il faut rappeler que la chambre des métiers de l’artisanat (CMANI) est la plus haute instance de représentation des artisans. Elle est l’interface entre les pouvoirs publics et les artisans. Et, à la différence des autres organisations professionnelles des artisans, à savoir les coopératives, les associations, les fédérations, la CMANI est un établissement à caractère professionnel qui a été créé par une loi et dont les statuts ont été adoptés par décret. Je voudrais rappeler qu’avant le 26 juillet, cette institution n’était plus opérationnelle du fait que les membres des circonscriptions régionales et nationales n’étaient plus opérationnels puisqu’ils étaient en fin de mandat. Donc, pour un début, il nous fallait rapidement pallier ce problème. Pour cela, le Ministère a accompagné la chambre des métiers dans le cadre de l’enregistrement des artisans au registre des métiers, au répertoire des entreprises artisanales conformément au code communautaire de l’UEMOA. La CMANI n’étant plus opérationnelle, il fallait donc enclencher un processus de renouvellement des instances consulaires, régionales et nationales de la chambre des métiers. Et si tout se passe comme prévu, nous disposerons dans les plus brefs délais d’une instance qui est vraiment en règle, conformément à la réglementation.
On peut citer d’ailleurs d’autres défis, à savoir celui des besoins de renforcement des capacités techniques et managériales des artisans, du fait que la majorité d’entre eux était formée sur le tas. Par-là, il faut entendre que très souvent, si nous prenons le cas des menuisiers, ce sont des jeunes qui sont autour, que l’artisan arrive à former, mais pas de manière ordonnée. Ils observent juste et apprennent. Donc, il nous fallait vraiment trouver un cadre adéquat pour pouvoir former des artisans de manière à ce que la formation puisse s’étendre très bien. Pour pallier ces besoins, nous avons entrepris des actions à travers l’organisation de formations au profit de 153 artisans. Nous avons 25 artisans que nous avons formés au niveau de la région de Tillabéri en transformation agroalimentaire et en gestion des micro-entreprises. Nous avons également, au niveau de la région de Diffa, 25 artisans que nous avons formés en cosmétique et en gestion des micro-entreprises. Nous avons formé 6 artisans en couture traditionnelle et un en diagnostic automobile au Maroc dans le cadre de notre partenariat avec l’Organisation du développement de l’artisanat et la Chambre des métiers de Rabat. Nous avons, en marge de la 13è édition du SAFEM, formé 51 artisans dans les normes de production, de qualité et de marketing de la propriété intellectuelle. Nous avons également formé 25 artisans venus de toutes les régions durant le SAFEM sur le marketing digital. 20 autres artisans ont bénéficié d’une formation au niveau de la commune d’Ingal en vannerie et en gestion commerciale.
Un autre défi à souligner, c’est le besoin d’infrastructures et d’équipements dans certaines localités à forte concentration d’artisans. À ce niveau, nous avons entrepris la mise à disposition de 3 centres artisanaux dans la région de Tillabéri à Lossa, Say et Balleyara. L’installation des artisans figure vraiment dans les perspectives immédiates du Ministère. Nous avons également l’équipement du village artisanal de Tillabéri en matériel informatique et également en matériel de menuiserie. Mais, il faut rappeler, que les artisans étaient confrontés surtout à la difficulté de pouvoir écouler leurs produits, que ce soit au niveau du marché national ou bien international. Et, la réponse par rapport à ces défis s’est traduite par les actions de promotion que nous avons initiées au niveau de mon Ministère sur les plans national et international.
Au niveau du plan national, nous pouvons citer la 31è édition que nous avons organisée à Boubon pour la célébration de la journée de l’artisanat qui a été instituée depuis 1992. Nous avons également assisté les artisans durant les 44è et 45è éditions du Sabre national où nous avons organisé des foires d’exposition qui ont vraiment permis aux artisans de pouvoir écouler leurs produits. Nous avons aussi le salon nigérien de meubles que nous avons couplé à l’organisation de la 13è édition du SAFEM qui a permis aux Nigériens de découvrir les talents des artisans. Si vous vous rappelez, nous avons participé à la confection des lits d’hôpitaux, des tables de classe. L’objectif, c’est de montrer que les Nigériens ont un savoir-faire qu’ils doivent partager et c’était l’occasion parfaite pour nous de pouvoir montrer ces atouts.
Au plan international, le Ministère a accompagné les artisans dans le cadre de leurs déplacements pour leur faciliter encore une fois de plus l’écoulement de leurs produits. Parmi ces événements de promotion, on peut citer la 3e édition du marché international de l’artisanat du Togo Miato, le Salon artisanal qui est international de l’Algérie, la première édition de la Semaine commerciale du Mali Sekouma, la 9è édition du textile africain (Sita) qui s’est tenue en République de Guinée, la 21è édition de la Semaine culturelle de Bobo Dioulasso au Burkina Faso, la foire internationale de Sarajkoud en Inde, où il faut rappeler encore une fois de plus le Niger a montré son savoir-faire, et surtout à la 17è édition du Salon international de l’artisanat et du tourisme de Ouagadougou, SIAO, où le Niger a positivement marqué sa présence et où nous avons gagné 4 prix. La ministre qui a conduit la mission a été décorée du titre le plus honorifique au Burkina Faso.
Toujours parlant des défis, comme je viens d’en évoquer pour le secteur de l’artisanat, il n’en manque pas pour le tourisme. Et parmi ces grands défis, je dois commencer par dire qu’avant le 26 juillet 2023, il faut le rappeler, le secteur du tourisme ne disposait pas d’un texte de Politique nationale. Et cela a eu comme conséquence la marginalisation de ce secteur dans le programme prioritaire du gouvernement. C’est pourquoi, nous avons pris des dispositions, en relation avec les institutions concernées, pour l’élaboration de ce document de politique sectorielle.
Nous avons relevé également l’insuffisance de données statistiques. Parce qu’aujourd’hui, le plus difficile au niveau du secteur du tourisme, c’est de pouvoir évaluer l’impact économique du secteur. Cette faiblesse a constitué à la fois un handicap pour une meilleure appréciation de l’apport du tourisme à l’économie nationale et également pour la recherche du financement. Et, pour remédier à ce problème, nos services sont en relation avec l’Institut national des statistiques (INS) pour la mise en œuvre des dispositions prises à cet effet. Comme pour l’artisanat, les difficultés aussi se sentaient dans le besoin de renforcement des capacités. Dans le cadre de l’amélioration des performances du tourisme et de l’hôtellerie, plusieurs sessions de formation ont vu le jour.
Ainsi, nous avons formé, entre autres, 85 acteurs dans les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie. Parmi ces formations, on peut citer la réception, les services d’étage, la cuisine et les pratiques d’hygiène, à Niamey. Un autre défi que je voudrais évoquer qui n’est pas des moindres est celui de la Covid-19 qui a conduit vraiment au faible afflux de touristes internationaux, sans oublier également l’aspect où je dirais la situation sécuritaire. Il y avait donc une nécessité impérieuse de vendre davantage la visibilité de la destination touristique Niger. C’est dans ce cadre que, pour dynamiser le secteur du tourisme, le Ministère a axé ses efforts sur la promotion du tourisme intérieur à travers l’organisation des événements d’attraction touristique. Nous pouvons citer la cinquième édition du Festival de civilisation du fleuve qui s’est tenue l’année dernière à Boubon, la deuxième édition du Festival de l’Arewa, la Journée mondiale du tourisme qu’on a fêtée au niveau des girafes de Kouré. L’ouverture également de la saison touristique que nous avons amenée au niveau du musée national.
Nous avons également initié plusieurs excursions touristiques sur le fleuve Niger. Si vous vous rappelez, il y avait des étudiants de la diaspora nigérienne qui étaient venus et le Ministère a pris en charge ces excursions. Tout cela, s’inscrit dans le cadre de la promotion du tourisme intérieur et aussi dans le but de faire découvrir aux Nigériens le Niger. Aussi, un cadre de réflexion a vu le jour au niveau du Ministère et il a comme mission le développement du tourisme intérieur. Concernant la visibilité de la destination touristique Niger, le Ministère a appuyé l’organisation patronale du tourisme et de l’hôtellerie (FOPAT) pour sa participation aux Journées nationales de l’industrie du Mali à Bamako. Quand on parle de FOPAT, c’est tous les acteurs qui agissent dans le domaine de l’hôtellerie et du tourisme.
Donc, à chaque fois qu’il y a des événements internationaux en dehors du Niger, nous faisons en sorte que le Ministère puisse faciliter à ces acteurs d’aller apprendre et revenir partager leur savoir-faire. Pour cela, nous avons eu également à les accompagner dans le cadre du Salon international du tourisme de l’hôtellerie à Ouagadougou où le Niger s’est distingué en remportant quatre prix dans le domaine de la restauration. Il faut savoir que, pour les agences de voyage, des feuilles de route sont établies pour encadrer les séjours des touristes conformément aux circuits proposés.
Je voudrais citer un autre défi qui constitue un obstacle sérieux à la promotion du tourisme ici au Niger et qui a été longuement décrié par les acteurs du tourisme. C’est celui de la concurrence déloyale. Et pour cela, nous avons mis à contribution le Ministère de l’Intérieur qui a adressé un courrier à tous les gouverneurs de région pour vraiment faire en sorte que les règles soient respectées dans ce sens et qu’on empêche aux acteurs qui ne disposent pas d’agrément et qui ne sont pas reconnus par le Ministère de vouloir prendre ce qui ne leur revient pas. Et je profite de cette occasion pour remercier les gouverneurs pour le respect de ces instructions données par le Ministère de l’Intérieur.
Parlons de la concurrence déloyale que vous venez d’évoquer. À qui appartiennent ces villas ? Parce qu’on sait qu’il y a beaucoup de villas à Niamey. Et à l’occasion des événements, au lieu que les gens partent dans des hôtels, malheureusement, ils sont orientés vers ces villas. À qui appartiennent ces villas ?
Vous savez, quand vous dites villas, nous, dans nos textes, nous ne pouvons pas qualifier une villa d’hôtel. C’est des hôtels que nous avons, c’est des sites d’hébergement. Donc on parle de maisons alors. On parle de maisons. A qui appartiennent ces maisons ? Je ne pourrais le dire. Il faut savoir qu’au niveau du Ministère, nous avons des Inspecteurs. En dehors des Inspecteurs généraux des services, nous avons des Inspecteurs des établissements touristiques. Je dirais que c’est comme des policiers qui viennent vérifier si la réglementation dans le cadre du tourisme est respectée ou pas. Et leur mission principale est d’identifier ces maisons. Donc quand vous parlez des maisons ou des villas, il faudrait entrer en contact avec ces Inspecteurs pour dire, bon, nous avons constaté une pratique ici où une villa sert de lieu d’hébergement. Parce qu’en principe, les propriétaires n’ont pas le droit.
Parce que les hôteliers se plaignent beaucoup ?
C’est ce que je viens de dire. Ça rentre aussi dans le cadre de la concurrence déloyale.
Mais en principe, ils n’ont pas le droit parce qu’ils ne sont pas qualifiés d’hôtel ou bien un droit, disons, d’hébergement. Parce que c’est plusieurs catégories. Nous avons les hôtels, nous avons les auberges. Mais une villa n’est pas qualifiée d’hôtel. Et une villa n’est pas censée servir à héberger des gens. Des étrangers. Surtout en contrepartie de quelque chose.
Il y a des sanctions prévues là-dessus ?
C’est-à-dire que nous sommes en rapport avec le Ministère de l’Intérieur, comme je vous ai dit. Ce que nous faisons, c’est que nous dénonçons. Et après, des mesures sont prises à cet effet.
Madame la ministre, le terrorisme, les sanctions et l’insécurité ont porté un coup dur au secteur du tourisme et de l’artisanat. Quelle approche particulière envisagez-vous dès lors pour tenir compte de ce contexte ?
Avant de répondre à cette question, je voudrais rappeler une situation au niveau du Ministère du Tourisme. Il faut savoir qu’avant les événements du 26 juillet 2023, nous n’étions pas en régularité avec l’Organisation Mondiale du Tourisme. Ce qui ne nous a vraiment pas permis de pouvoir bénéficier de certains financements dans le cadre de l’accompagnement de l’Organisation Mondiale du Tourisme. Mais, il faut savoir que des mesures ont été prises à cet effet pour pouvoir faire en sorte que nous puissions disposer du droit de vote et être éligible pendant les sessions statutaires de cette organisation.
En un mot, le Niger est à jour aujourd’hui ?
Nous avons convenu d’un commun accord pour faire en sorte que le Niger puisse retrouver sa voix durant ces sessions. Vous savez, pour mieux appréhender les défis et difficultés affectant les deux secteurs, nous avons organisé une série de rencontres avec les deux secteurs. En 2024, pendant les mois de septembre et d’octobre, nous avons consacré tous les mercredis, pendant deux mois, à des rencontres d’échange. Il faut savoir qu’à la suite de ces entretiens, un document a vu le jour que nous avons soumis à l’appréciation du Premier ministre et qui a bien voulu également accorder une audience à ces acteurs afin de discuter des difficultés auxquelles ils faisaient face.
Et je tiens vraiment à remercier le Premier ministre qui avait pris la peine de poser des questions pour chaque faitière. Les agences de voyages, les hôtels, tous les soucis qu’ils avaient même avec la Direction Générale des Impôts pour trouver un moyen de pallier toutes ces difficultés auxquelles ils faisaient face. Et je dois rappeler que les événements du 26 juillet nous ont également permis de pouvoir évaluer notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur et d’envisager également des mesures d’atténuation. Face à ces menaces, nous avons mis en place des stratégies de contournement. Il s’agit pour nous de promouvoir les marchés intérieurs. C’est dans ce sens qu’en ce qui concerne l’artisanat, nous avons sensibilisé les artisans sur la nécessité de produire pour les besoins locaux. Parce que souvent, pendant ces échanges, beaucoup se plaignaient du fait que les Nigériens n’achetaient pas chez eux. Et la remarque que nous avons eue à rapporter, c’était qu’ils produisaient pour l’extérieur. Un bijou qu’un étranger peut acheter à 100, 200 euros n’est pas le même qu’un Nigérien pourrait s’offrir.
Donc, on leur a vraiment demandé de faire en sorte qu’ils puissent produire en fonction des besoins des Nigériens. C’est-à-dire s’ils peuvent avoir des bijoux à hauteur de leur prix et aussi à hauteur de leurs moyens financiers. De même, pour promouvoir le tourisme intérieur, nous avons amené les acteurs à être sensibilisés sur les secteurs et également à adapter leur offre de services aux réalités économiques de la clientèle. Parce qu’aujourd’hui, c’est vrai qu’il y a des cadres qui partent en mission. Mais très souvent, si l’hôtel est cher, il n’est pas possible pour les fonctionnaires de pouvoir prendre tous leurs frais de mission et les mettre dans un établissement touristique. Donc, pour cela, nous avons demandé aux acteurs de vraiment adapter leur offre en fonction du portefeuille des Nigériens.
Je voudrais également rappeler que nous avons le droit d’assurer la survie des entreprises qui ont choisi d’investir dans les deux secteurs. À défaut des touristes internationaux, nous devons inciter les Nigériens à fréquenter, comme je viens de le dire, les établissements de tourisme pendant leur voyage, en vacances ou en mission. Pour cela, nous encourageons fortement, comme je viens de le citer, les investisseurs dans les secteurs à développer une offre adaptée au portefeuille des Nigériens. Nous encourageons également les Nigériens à découvrir les pays à travers les programmes que nous avons initiés au niveau du Ministère, à savoir « Mon Pays, ma destination préférée », et « à la découverte de nos villes ». C’est aussi dans ces cadres que nous organisons des festivals dans les régions du Niger, surtout pour mettre en lumière les richesses culturelles et les merveilles touristiques locales. Dans le secteur de l’artisanat, nous avons mené un plaidoyer fort, pour la prise en compte des produits de l’artisanat dans la commande publique.
Cela s’est illustré par l’organisation du Salon nigérien des meubles. Le plaidoyer que nous avons mené au sein du comité de gestion des inondations pour la prise en compte des femmes transformatrices et en agroalimentaire rentre également dans ce cadre. Il en a été de même lorsqu’il s’agissait d’organiser la 13è édition du SAFEM. Si vous vous rappelez, pendant la cérémonie d’ouverture, les écharpes qui avaient été mises ont été produites par nos artisans. En ce qui concerne les commerces électroniques, comme vous l’avez cité, aujourd’hui, nous avons un souci sécuritaire qui ne permet pas à nos artisans de pouvoir se déplacer et qui ne permet pas non plus à certains touristes de venir. Il s’agissait pour nous de réfléchir rapidement à des moyens pour pouvoir faire en sorte que les artisans qui sont assis chez eux ou bien dans leur boutique ou dans les centres artisanaux puissent écouler leurs produits. C’est dans ce cadre que nous avons mis en place des formations en commerce électronique.
Le e-commerce ?
Oui, en collaboration avec l’ANSI. Nous avons également organisé des formations au profit des femmes artisanes, représentantes des huit régions en marketing digital. Nous comptons poursuivre ce partenariat avec l’ANSI pour promouvoir le e-commerce, comme vous venez de le dire, dans le secteur de l’artisanat, y compris celui du tourisme. Nous avons également une convention en projet avec le Ministère de la Communication dans le cadre de la plateforme de Niger Post, Kaomini, qui rentre aussi dans ce cadre. C’est une plateforme où la personne peut commander ce qu’elle veut et on le lui livre.
Le e-commerce, ça marche ?
Ça marche, oui. Ils ont une plateforme au niveau de Niger Post qui s’appelle Kaomini et nous sommes en collaboration avec eux pour qu’ils puissent intégrer les artisans dans leur base de données et les aider à écouler leurs produits.
Quelle place occupent le tourisme et l’artisanat dans notre société et dans notre économie ? Que comptez-vous faire pour faire de l’artisanat un véritable levier économique et social ?
Les Nigériens voyagent beaucoup et pour preuve, nous avons plus de 20 compagnies de transport terrestre ici au Niger qui sont dynamiques et opérationnelles. Actuellement, la majorité des clients de nos structures d’hébergement est constituée d’étrangers en séjour ou de passage au Niger. Notre stratégie vise à casser cette dépendance en favorisant le développement du tourisme domestique. Nous comptons aussi, à travers les actions ciblées et harmonisées, promouvoir et développer le tourisme comme levier pour la reprise économique du pays.
En ce qui concerne l’artisanat, je dois rappeler que beaucoup ont une compréhension étroite du secteur de l’artisanat. Pour eux, les activités de l’artisanat se limitent à l’artisanat d’art, à savoir la bijouterie, la maroquinerie, alors que dans sa dimension large, l’artisanat englobe des activités de production, tels que l’artisanat utilitaire, la confection de meubles, des ustensiles de cuisine, la transformation agroalimentaire, les divers services, les petits transports urbains, la plomberie, l’électricité dans le cadre du BTP, également la petite restauration. Il faut savoir que le secteur est organisé en huit (8) branches d’activités qui sont réparties en 291 métiers. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, il serait difficile de ne pas compter un artisan dans une famille nigérienne. Un recensement, d’ailleurs, dans ce cadre, est prévu pour montrer le taux très élevé des artisans au Niger. Notre action, vise à montrer la place réelle de l’artisanat qui transcende les clichés habituels.
Script : ONEP