
M. Sidi Mohamed Raliou, ministre de la Communication des Postes et de l’Economie Numérique
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire, très brièvement, dans quel état se trouve le secteur des télécommunications, des postes et de l’économie numérique avant les évènements du 26 juillet 2023 ? quelles sont les dispositions prises par votre département ministériel depuis votre prise de fonction pour améliorer la situation ?
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de dire deux ou trois choses. La première chose, c’est que je dois remercier le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, SE Abdourahamane
Tiani, de m’avoir confié ce département ministériel. Je lui rends toute ma reconnaissance par rapport à cette confiance qu’il a placée en moi. La deuxième chose, je dois remercier la RTN d’avoir donné cette possibilité à tous les membres du gouvernement de passer leur bilan et de rendre compte à la population nigérienne. Je reconnais les efforts que vous faites tous les jours pour permettre aux Nigériens de savoir ce qui se passe dans leur pays. Pour revenir à votre question, quand nous sommes venus à la tête de ce Ministère au lendemain du 9 août 2023, nous avons entrepris des démarches, des visites et échanges avec tous les acteurs qui constituent notre écosystème en matière de Communication, des postes et de l’économie numérique. Ces entretiens et ces visites nous ont permis de connaitre les conditions dans lesquelles travaillent tous les acteurs, notamment la RTN, l’ONEP, l’ESSCOM, l’ESCEP, l’ANP, Niger Télécoms et même les opérateurs privés qui interviennent dans le secteur des télécommunications.
Nous avons constaté une situation très tendue à l’époque. C’est en ce sens que nous avons même découvert, par endroit, des structures qui étaient presque fermées parce qu’elles ne pouvaient même pas payer les salaires ; et nous avons entrepris des démarches auprès des hautes autorités pour permettre à ces structures d’assurer le quotidien de travail dont notamment la RTN et d’autres structures liées. On va revenir là-dessus si vous voulez. Mais, nous avons trouvé une situation difficile à ce niveau, au niveau de la communication, au niveau de l’économie numérique et au niveau des opérateurs à qui nous avons rendu visite. Et, des échanges ont eu lieu entre les opérateurs télécom et le ministre en charge de la Communication. Nous avons mesuré les difficultés dans lesquelles ils étaient à l’époque. Et, très tôt, nous avons cherché des solutions. Au niveau des opérateurs, il y’avait eu de sérieux problèmes de qualité de service. C’est pourquoi, très tôt, nous avons attribué les fréquences pour permettre à ces opérateurs de décongestionner les trafics de communication.
Il vous souviendra qu’avant la fin de l’année 2023, il y’avait beaucoup de saturation de réseau le weekend, au niveau des opérateurs économiques. Tout le monde l’avait constaté. Il fallait leur attribuer des fréquences supplémentaires, et nous avons effectué ce travail. Aujourd’hui, bien que la qualité ne soit pas encore satisfaisante, nous constatons que ce problème de congestion et de saturation a été réglé. Nous allons peut-être revenir là-dessus dans la suite de l’entretien. C’est pour dire que nous avons trouvé une situation très difficile, et avec l’accompagnement des autorités, nous avons tout de suite trouvé des solutions. Que ça soit au niveau de la RTN, de l’ONEP, ou de l’ANP. Au niveau de l’Office National d’Edition et de Presse, nous avons trouvé des situations très difficiles. Je me souviens très bien que juste après notre nomination, même le papier d’impression à l’ONEP était indisponible. Nous sommes intervenus pour régler ce problème là, mais je pense que dans l’ensemble, toutes les solutions ont été trouvées. Je pense qu’il faut reconnaitre que le gouvernement a travaillé. Je remercie très sincèrement le Président du CNSP et le Premier ministre qui, à chaque fois que j’annonçais le problème rencontré au niveau des structures rattachées à mon département ministériel, des solutions ont été trouvées.
A un moment, on nous a fait des chantages, quand vous prenez la location de satellite. On nous a dit que si vous ne payez pas tout de suite, on va couper le signal, et vraiment nous sommes intervenus et la hiérarchie nous a tout de suite soutenu et nous avons trouvé des solutions. On allait se réveiller un matin sans signal à travers tout le pays. Mais, Dieu merci, nous avons trouvé des solutions à travers notre hiérarchie, à travers les autorités qui nous ont toujours écouté. Je profite également de votre micro pour les remercier de m’avoir aidé à stabiliser la situation qui était très précaire à l’époque quand nous sommes venus à la tête de ce Ministère.
Monsieur le ministre, on sait aujourd’hui que le numérique et le digital occupent une place prépondérante à l’échelle mondiale, comment promouvoir les services électroniques en vue de moderniser notre administration ?
De nos jours, je dirais que le numérique est obligatoire. Il est ancré dans nos mœurs si on peut le dire. Nous consommons plus dans la communication peut être que nous mangeons, ça c’est une vérité qui est là. De ce fait, la place qu’occupe le numérique doit être comprise, doit être soutenue par tout le monde, par tous les acteurs étatiques, privés et toute la population. Elle est indispensable. Et l’avantage qu’on a, à travers le numérique, c’est que c’est un accélérateur de développement. Même les grandes organisations internationales ont reconnu que les pays en voie de développement peuvent rattraper le retard à travers le numérique.
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de faire un peu la genèse, la situation de l’écosystème sur le numérique au Niger. Sur le plan institutionnel, l’Etat a pris toutes les dispositions pour que ce secteur soit bien géré. Nous avons un Ministère qui s’occupe fondamentalement de l’aspect politique et moral du numérique de façon générale. Nous avons d’autres structures qui accompagnent le Ministère. Nous avons l’Autorité de régulation des communications (ARCEP) qui est à peu près le gendarme des communications électroniques, qui accompagne le Ministère, vérifie la qualité du service, le niveau d’exécution du cahier de charges de chaque opérateur. Nous avons la Haute Autorité de Protection des Données à caractère Personnel (HAPDP) qui accompagne également le Ministère, parce qu’aujourd’hui, toutes les données sont numériques dans le monde. Donc leur protection, leur gestion incombent à l’Etat. De ce fait, l’Etat a donné cette gestion à la HAPDP qui nous accompagne également. Nous avons l’Agence Nationale pour la Société de l’Information (ANSI) qui est une agence de promotion du numérique, qui est également intimement liée au Ministère dans l’exécution des activités liées à la promotion du numérique. Nous avons d’autres structures également qui nous accompagnent que ça soit dans le public ou dans le privé. Sur le plan institutionnel, ce sont les quatre acteurs essentiels qui gèrent le numérique. Nous avons d’autres acteurs comme les opérateurs télécoms, on n’en a quatre : trois privés et un étatique. Nous avons Airtel, Moov, Zamani et Niger Télécoms. Nous avons, à côté de ces quatre opérateurs mobiles, cinq opérateurs qu’on appelle fournisseurs d’accès à internet, qui vendent de l’internet des capacités à la population, et aux acteurs économiques. Nous avons un opérateur virtuel, c’est une innovation qui est là, mais il n’a pas encore commencé les travaux. Nous avons un opérateur satellitaire que vous connaissez bien, c’est Starling qui nous offre la possibilité d’avoir l’internet partout au Niger. Ce qui n’était pas le cas avant. Donc, c’est une chance aujourd’hui pour nous qu’on ait cet opérateur pour permettre à toute la population d’avoir l’internet et d’accéder à des services de base comme la santé, l’agriculture, l’élevage.
Donc, pour revenir à votre question, très concrètement, avec l’arsenal institutionnel que j’ai évoqué tout à l’heure, notre rôle, c’est de concevoir des politiques et des stratégies de développement. C’est dans ce cadre que nous avons élaboré et conçu une politique nationale de promotion de l’économie numérique qui a vu la participation de tous ces acteurs et qui est en adoption. Nous avons élaboré une stratégie nationale du numérique, de cyber sécurité qui est adoptée, qui a prévu la création de l’Agence nationale de la cyber sécurité et l’Agence nationale de communication électronique. Et tout récemment, le Président a signé un décret portant transaction électronique pour permettre la sécurisation des transactions électroniques, parce que tous les achats, tous les mouvements de transfert de données, les échanges passent par le circuit de l’internet. Donc, il va falloir prendre ce décret, et ce décret a été pris à la grande satisfaction de tout le monde et de tous les partenaires. Nous avons également sur le plan juridique, au Niger, l’un des rares pays à satisfaire à toutes les exigences nationales, régionales et internationales. Au niveau national, en dehors du code de procédure pénale et du code pénal, nous avons adopté la loi sur en répression de la cyber criminalité pour sécuriser les échanges au niveau de la population, au niveau du Niger. Nous avons sur le plan régional, la convention de Malabo portant sur la protection des données à caractère personnel. Nous sommes treize pays africains à la ratifier, nous sommes en avance sur d’autres pays, et nous avons la convention internationale sur la cybercriminalité qu’on appelle communément la convention de ‘’Budapest’’. C’est pour dire que sur le plan juridique et réglementaire, nous sommes très à l’aise par rapport à beaucoup de pays, parce que tout notre arsenal juridique nous permet d’être à l’aise, quand il y’a une attaque au Niger, ou quand il y’a besoin de coopération entre nos juridictions et nos institutions chargées de la réglementation. Nous pouvons très facilement accéder à des demandes de vérification au niveau international. Si quelqu’un nous attaque à trois mille ou cinq mille kilomètres, nous avons les moyens aujourd’hui, d’accéder à toute la coopération institutionnelle, dans ce sens et avoir satisfaction. Donc, sur ce plan, nous sommes également alignés. Donc, pour moi, les bases de développement sont posées. Maintenant, il reste à ce que les acteurs que j’ai cités créent une certaine synergie comme l’a souhaité le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Partie, que tous les acteurs travaillent ensemble, collaborent pour que les citoyens nigériens accèdent au service numérique dans tous les domaines comme l’agriculture, la santé, le commerce, etc. Comme le numérique est transversal, nous comptons transposer sur tout ce plan, chaque secteur une couche numérique pour permettre à nos différents secteurs de profiter pleinement des avantages du numérique qui consiste à accélérer le développement de ses stratégies.
Monsieur le ministre, vous l’avez dit, le numérique est transversal. Donc, votre département ministériel est transversal, cela m’amène à poser une question qui est toujours en lien avec la première, à quand l’avènement de zéro papier dans l’administration ?
Avec l’ANSI, l’ARCEP, la HAPDP, nous travaillons tous les jours sur ce concept ‘’zéro papier’’ qui me tient à cœur. Parce que naturellement, moi, je suis informaticien. C’est toute ma vie, je suis en train de déployer des solutions pour diminuer certaines surcharges de travail et être efficace. Donc, c’est une bonne question, elle figure dans ma lettre de mission, et dans les attributions du Ministère. C’est pourquoi, tout à l’heure, je l’ai dit, nous avons élaboré la politique nationale de développement du numérique, une fois cette politique adoptée, nous allons la dérouler avec un plan d’action, parce qu’aujourd’hui, nous ne disposons pas d’une politique en matière de numérique. Donc, dès qu’elle est adoptée, nous allons la dérouler, nous allons donner un contenu, elle a un plan d’action qui est déjà élaboré. J’ai confiance au Président du CNSP et au Premier ministre par rapport à cela, et je pense que la situation du pays n’a pas permis de régler tous ces problèmes en termes de stratégies et de politiques. Dès qu’elle est adoptée, nous allons la dérouler. Nous sommes en train de construire un Data Center national, c’est une banque de bases de données. Une base de données où toutes les données de notre pays sont stockées. On est en train de la construire avec le soutien de la Banque Africaine de Développement pour neuf milliards et demi. Elle est à un taux d’exécution de 13%. Nous pensons qu’au plus tard le 30 septembre, nous allons réceptionner cet outil où toutes les données du Niger seront stockées et sécurisées. C’est un Data Center National de trois tiers trois, ça veut dire qu’on ne peut pas avoir plus de dix minutes de coupure. Nous allons prendre des dispositions que même les deux minutes ne soient pas visibles. Nous sommes en train de construire 1031 kilomètres de fibre optique dont les travaux sont à un taux d’exécution de 97 % pour avoir des sorties vers l’Algérie, le Tchad et reprendre les anciennes sorties traditionnelles qu’on a avec le Benin, et le Burkina. Nous allons aussi amener la fibre optique à la frontière du Mali. L’objectif, c’est d’avoir une interconnexion régionale pour que nos données circulent de façon simple, transparente et rapide. Donc, si nous finissons la construction de la fibre optique très rapidement avec l’Algérie et le Tchad, nous serons un pays de transit de données. Ça veut dire que nous allons percevoir des taxes, nous serons ‘’un fournisseur de transit de données’’, ce qui est très important. L’Algérie nous propose dix téra, ça veut dire dix mille giga de transfert par seconde, ça veut dire que si nous devrons vendre le transit par méga, imaginez combien on peut avoir par seconde. Et nous serons un trait d’union entre la méditerranée et le sud de l’Europe, l’Afrique du Nord et toutes les autres régions d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Donc, si nous arrivons à démarrer ça très prochainement, je pense qu’au cours d’un ou deux mois, on pourra démarrer l’interconnexion du Niger avec l’Algérie.
Donc cette année ?
Oui, dans deux ou trois mois, il nous restera des petits réglages qu’il nous reste à effectuer. Et puis, nous aurons accès à toutes les données. Parce qu’aujourd’hui, vous le savez, les grands consommateurs de données, ce sont les Européens, les Occidentaux et les grands pourvoyeurs, c’est l’Asie. Le seul chemin par lequel il passe, c’est le canal de Suez. Et le canal de Suez, vous connaissez la tension qui existe là-bas. Nous recevons tous les jours des appels, à quand votre interconnexion ? Ça veut dire que des données vont passer par le Niger, parce que nous occupons une position naturelle, où nous sommes pratiquement au centre de l’Afrique. Traverser l’Afrique du centre pour aller à l’ouest ou bien au Maghreb, vous êtes obligé de passer par le Niger. En tout cas, de façon géographique, nous occupons une place de choix en cette position. Nous comptons faire profiter le Niger de cette position en matière de numérique, parce que toutes les données de l’Est, sont peut-être situées en Chine, au Japon, en Inde, vont passer par le Niger. Elles vont partir vers le côté ouest, et le jour où on finira l’interconnexion avec le Mali, on pourra peut-être attaquer l’autre côté en passant par la Mauritanie ou le Sénégal, parce que tous les pays ont de problèmes pour faire transiter leurs données. Soit ils passent par le canal de Suez ou ils contournent l’Afrique du côté Afrique du Sud, et le câble est trop long. Et là, si on passe par le Niger, dès qu’on sort par l’Algérie, on peut aller vers la Turquie, vers l’Europe, vraiment c’est une position de choix. Ça, c’est ce que nous sommes en train de faire en termes d’infrastructure.
En termes de sécurité également, nous sommes en train de voir, avec l’ANSI et l’ARCEP, comment déployer des structures de sécurisation de ces données. Il ne suffit pas de construire et d’abandonner, il faut sécuriser les données, c’est important. On a les infrastructures, on a la sécurité. Il faut former des ingénieurs, c’est pourquoi, au niveau de notre école ESCEP, nous formons des ingénieurs en informatique, en réseau, en télécoms et tout récemment nous avons créé des filières d’avenir qu’on appelle cyber sécurité, Big Data pour la gestion des grandes bases de données, Cloud Computing des hébergements à distance. Dès qu’on finit notre Data Center, tout le monde, les pays de la sous-région peuvent héberger leurs données chez nous. Et dans le domaine de l’intelligence artificielle, nous avons aussi commencé à former des ingénieurs dans ce sens. Nous avons également ouvert une filière en robotique, et en géomatique pour permettre à des Nigériens d’avoir cette formation. Parce qu’il n’y’a aucune école au Niger qui le fait. Maintenant, nous l’avons créée. Donc, nous avons au niveau formation académique, créé les conditions pour que nous ayons des cadres capables de gérer toutes ces infrastructures, former la population, encadrer l’administration, et sécuriser nos données et mettre en confiance nos partenaires.
Monsieur le ministre vous avez parlé de quatre (4) opérateurs de téléphonie mobile qui sont là et qui fonctionnent ici au Niger. Mais la société nationale, Niger Telecoms, a un faible taux de couverture, comment on peut expliquer aujourd’hui cette situation ?
Je vous remercie de cette question très importante qui me tourne la tête depuis que je suis à ce poste ministériel et même avant parce que je suis un agent du Ministère. Vous avez raison, c’est le dernier opérateur. Niger Telecoms occupe 2 % du chiffre d’affaires des opérateurs. Avec 2 %, il ne peut même pas payer les salaires, nous avons constaté des problèmes au niveau de cette société nationale. Le premier, c’est la gouvernance, c’est une société d’Etat qui a été trop politisée parce qu’il faut dire la vérité. Très politisée parce que la direction de cette société n’a jamais respecté les préoccupations du gouvernement. Comme elle est politisée donc ça a passé comme vous savez, je n’ai pas besoin de revenir là-dessus.
C’est une vache à lait des hommes politiques ?
Je ne dirais pas puisqu’elle est dernière, elle n’a pas beaucoup d’argent. Moi, je dirais que c’est la mauvaise gouvernance. Deuxième problème, c’est les investissements. Pour garder une société comme Niger Telecoms, il faut investir. C’est pourquoi les dirigeants l’ont toujours maintenue dans cette situation de dernière position, stable, capable de fonctionner comme elle fonctionne aujourd’hui. C’est pourquoi, étant conscient de cela, vous avez constaté tout récemment, il y a moins d’un mois, la Direction générale a été changée. Je remercie très sincèrement le Président pour cet appui parce que cela nous préoccupait et la société nationale qui devrait être à l’ère du numérique, le moteur de la sécurité parce que, je vous l’ai dit, si je peux ouvrir une parenthèse, tous les pays qui veulent être souverains ont gardé leurs sociétés nationales, ont eu confiance en leurs sociétés nationales. Toutes les stratégies de guerre, de souveraineté, de développement d’aujourd’hui et demain seront basées sur le numérique. Tout pays qui n’a pas une société nationale à sa guise est appelé à sous-traiter parce que tous les secteurs tournent autour du numérique, que ça soit la défense, la sécurité, l’éducation, la santé, l’agriculture, la météo, la communication, les télécommunications. Donc vraiment, nous sommes conscients de cela et nous sommes en train de travailler pour qu’avec la nouvelle direction, les choses aillent mieux. Mon objectif est que, d’ici la fin de l’année, si on n’est pas troisième, on ne peut pas être dernier. Parce que 2 %, j’envisage de porter ce taux à 10 à 15%, parce que les 2% c’est le mobile, les 90 % c’est la fibre optique. La fibre optique a été acquise sur financement de l’Etat, ce n’est pas lié à l’ingéniosité ou au travail quotidien des travailleurs. Donc voilà, mon objectif, avec le nouveau directeur, c’est de l’amener à au moins à 10%. Pour être honnête, mon objectif est 10% la première année, deuxième année 15 voire 20%, ainsi de suite sur 5 ans, on peut récupérer la première place. En tout cas, c’est mon objectif.
Monsieur le ministre, quelle politique efficace et de rupture avec le passé envisagez-vous dans les domaines des télécommunications, des postes et de l’économie numérique et, dans la même lancée, quels sont vos rapports avec l’ANSI et tous les autres organes intervenant dans les domaines de compétence de votre département ministériel ?
Je commence par les relations avec l’ANSI qui étaient avant notre arrivée très tendues avec les anciens responsables de ce Ministère. L’ANSI devrait être une agence de promotion du numérique au service de l’Etat. Moi j’ai toujours cité le premier articles de création de l’ANSI qui dit que l’ANSI est chargée de la mise en œuvre des projets et programme en matière de technologie de l’information et de la communication à lui confiés par le gouvernement en relation avec le Ministère en charge du secteur. Mais, puisque vous parlez de l’ANSI dans cette situation, lorsqu’on prend l’ANSI, elle a été créée dans l’optique de favoriser une certaine synergie avec les Ministères et les institutions. L’ANSI a été créée pour être pratiquement le concurrent du Ministère, ce qui fait que toutes ces années avant nous, il y avait toujours une certaine cabale, une certaine guéguerre entre le Ministère qui est chargé du secteur et l’ANSI chargée de la mise en œuvre, parce que dans le décret, on ne dit pas que l’ANSI conçoit ou élabore. Les responsables n’ont pas été à la hauteur de la confiance qui leur a été donnée. Ils ont passé tout leur temps à se chamailler et mettre le Niger en retard.
Si on avait travaillé pendant toutes ces années en synergie autour du Ministère, parce que c’est le Ministère qui porte le secteur auprès du gouvernement, on ne serait pas là où nous sommes aujourd’hui. On est en retard par rapport à e-goov, l’e-administration, aujourd’hui tout le monde utilise Gmail, Google, Yahoo, c’est quelque chose de très simple à mettre en place, on a les moyens techniques. Aujourd’hui, on est dans une situation où il faut redynamiser tout. Je pense que je l’ai dit tout à l’heure, le Président du CNSP a demandé à ce que nous travaillions ensemble. Ce qui n’a pas été fait auparavant. Il a demandé clairement que nous travaillions ensemble et nous travaillons aujourd’hui ensemble avec l’ANSI, l’ARCEP, avec la HAPDP. Je suis sincèrement satisfait de notre collaboration, parce que toutes les fois où j’ai eu à les appeler pour discuter, échanger, ils viennent tout de suite et nous allons continuer ensemble. Nous envisageons l’élaboration des stratégies dans chaque secteur. Je commence par la santé, la santé c’est le seul secteur qui a sa stratégie aujourd’hui, elle marche. On peut la revoir, mais elle marche très bien, nous avons l’éducation, la formation à distance, la e-éducation ; éducation électronique. Nous avons le commerce électronique. Avec le numérique, si on adopte le commerce électronique, si on a une autre stratégie inclusive où tous les acteurs ont participé pour son élaboration, on va avancer. D’ailleurs, c’est dans ce cadre que Niger Poste qui est une société sous tutelle a conçu une plateforme qu’on appelle ‘’kaomini’’ qui marchait un moment, mais qui a connu une léthargie. Rien que la semaine passée, j’ai mis en place un comité avec l’ANSI, l’ARCEP, la HAPDP et d’autres acteurs, un comité pour la redynamisation de kaomini. Aujourd’hui, avec kaomini, vous pouvez commander de Diffa, d’Agadez des légumes, de Téra à Agadez et ça va impliquer tous les acteurs d’abord les transporteurs, la poste, les banques, les sociétés de transfert d’argent et la société des livreurs, parce que ça va créer beaucoup d’acteurs autour, c’est comme Amazon.
Pendant la COVID, c’est des sociétés comme Amazon seulement qui n’ont pas connu de problème. Aujourd’hui, notre objectif, c’est de faire en sorte que le commerce électronique, le Ministère du Commerce ait une stratégie basée sur le numérique. C’est la même chose pour le transport, pour le paiement électronique pour que quand vous sortez de Niamey ou quand vous rentrez à Niamey ou quand vous transitez dans n’importe quelle ville du Niger, vous n’ayez pas besoin de donner de l’espèce à un agent de péage, vous pouvez souscrire à un abonnement annuel, trimestriel, semestriel. Au niveau de la santé, c’est la même chose, la télémédecine avec le manque de médecin en nombre, on peut avec une qualité de service optimale, faire des interventions en ligne, c’est ça qu’on appelle télémédecine. Donc, on peut toucher tous les secteurs, il n’y a pas un secteur qu’on ne peut pas mettre à côté du numérique et développer le pays rapidement. Et nous sommes là pour ça, je pense que les conditions sont aujourd’hui créées grâce à l’intervention du Président du CNSP et du Premier ministre pour que tous les acteurs travaillent ensemble, ce qu’on n’avait pas avant.
Monsieur le ministre, on va un peu insister sur l’accès des différentes administrations au numérique toujours en lien avec cette préoccupation d’introduire les nouvelles technologies de l’information dans la vie quotidienne de nos concitoyens, quelle stratégie avez-vous pensée ou mise en œuvre pour accompagner les institutions publiques, les établissements publics et même les organisations privées ?
Je pense que j’ai répondu en partie à cette question quand j’ai dit qu’on a élaboré une politique nationale qui concerne tous les secteurs de l’administration. Une fois cette politique adoptée, elle a un plan d’action on va la dérouler. Nous avons un programme d’interconnexion et de modernisation de l’administration que nous avons également élaboré qui consiste à connecter toutes les communes du Niger et à l’intérieur des communes, toute l’administration publique présente. Pour ça, on a déjà élaboré le projet et nous attendons que la politique nationale de développement soit adoptée pour le dérouler dans notre plan d’action. Je vous ai dit qu’on a demandé à toutes les administrations et nous sommes disponibles, nous sommes disposés à les accompagner dans l’élaboration de leur stratégie que ça soit au niveau de l’agriculture, la santé, l’éducation, le commerce, le transport, tous les secteurs. Et pris individuellement, nous avons écrit à chaque secteur, nous avons démontré notre disponibilité et je vous ai dit également que c’est quelque chose que nous allons faire. Ce qui n’était pas faisable avant. Mais, pour arriver à cela, il faut un certain nombre d’investissements, d’adaptation. Il faut adopter la politique nationale parce qu’il faut avoir une coordination. Tant qu’elle n’est pas adoptée, chacun va développer sa petite plateforme, mais quand elle est adoptée, on connait pour chaque action, pour chaque projet, quel est l’acteur qui mène et on va avancer. Mais tant qu’on n’a pas cette politique adoptée validée par le gouvernement avec instruction de la dérouler, on va toujours travailler en désordre.
Il y a des partenaires aussi qui sont intéressés, parce que pour interconnecter toutes ces villes, il faut de la fibre, des réseaux satellites, nous avons déjà Starlink à 24.000 le mois, les 200 mégas, c’est quelque chose qu’on peut déployer partout au Niger. Nous avons également un fonds d’accès universel qui est logé à l’ARCEP constitué de 2% du chiffre d’affaires des opérateurs que nous pouvons mettre à contribution pour financer. Vraiment, nous avons toutes les possibilités aujourd’hui, il nous reste juste à faire adopter la politique nationale de développement du numérique et vous allez voir dès qu’on a ça, ça va marcher. Même le e-goov qui consiste à gérer les données du gouvernement à travers les emails, les échanges de données, à travers la suppression du papier au niveau de l’administration, parce que dès qu’on digitalise l’administration, le papier va disparaitre. C’est pourquoi, permettez-moi de répondre à certains réseaux sociaux qui disent que le ministre des télécommunications refuse de payer le tonner. Moi, je suis là pour faire en sorte que le tonner disparaisse, pour que le papier disparaisse. Je le dis de façon solennelle pour que les gens comprennent quelle est la vision du numérique. La vision du numérique, c’est sans papier. Une fois sécurisé, le Datacenter est sécurisé, les communications sécurisées, on n’a plus besoin de papier. Je suis le premier à défendre le fait qu’on doit diminuer les charges de l’Etat parce que c’est ça aussi l’avantage du numérique.
Imaginez-vous une administration sans papier, il n’y aura pas de tonner, pas d’imprimante, pas de papier, l’argent peut rentrer dans autre chose. C’est pourquoi, dès qu’il y a eu ma nomination, j’ai supprimé beaucoup d’imprimantes. J’ai trouvé dans chaque bureau trois imprimantes, je les ai toutes récupérées et elles sont dans les magasins. Vous pouvez même aller voir ça et nous sommes en train de nous préparer pour que le numérique soit un moteur, un vecteur de développement très rapidement de notre pays. C’est pour cela que tout le monde doit se convaincre que le numérique peut nous aider à éviter la fraude, le vol, le doublon, etc. Quand nous avons eu la charge de payer les contractuels, nous avons reversé quatre milliards sept cent de doublons des contractuels qui sont payés trois à quatre fois. Et voilà, je pense que le numérique a beaucoup d’avantages qu’on peut mettre au service de l’administration pour que la gestion soit optimale, saine, sans vol, sans tricherie, sans doublon, etc. C’est la même chose quand on nous donne la gestion des étudiants, vous allez voir que beaucoup de doublons sont là, souvent c’est à dessein, souvent c’est par méconnaissance des étudiants qui sont inscrits dans trois à quatre Universités différentes. Donc voilà, le numérique a beaucoup d’avantages que nous pouvons mettre au service de l’administration. Aujourd’hui, au niveau de la santé, imaginez une clinique, un hôpital sans papier, vous partez faire des examens aujourd’hui, on recueille les informations vous concernant, vous revenez trois mois après, vous êtes obligé de payer la même consultation. L’avantage du numérique, c’est que quand vous faites une fois, la prochaine fois il suffit de donner un code ; ça c’est une économie également pour les anciens. Moi, j’ai visité dans un pays voisin un hôpital sans papier ; il suffit de donner son emprunte. La première fois, on vous demande toutes ces informations, mais la deuxième fois, c’est l’appareil qui sort tout et le médecin connait déjà les informations qui sont plus ou moins fixées et on peut avancer.
Monsieur le ministre vous avez tout à l’heure parlé de l’opérateur Starlink ; qu’est-ce qui bloque depuis la signature du contrat jusqu’ ici, il n’y a rien. Qu’est-ce qui se passe concrètement, les gens demandent et attendent ?
Starlink a demandé une licence qui a été accordée par décret signé par le Président du CNSP. Mais pour que les services Starlink soient opérationnels ici au Niger, il faut qu’il paye la licence. Une fois que la licence est payée, il ne faut pas qu’on rentre dans ce qu’on a connu, on laisse un opérateur s’installer dans l’illégalité parce qu’on a eu cette expérience que je ne vais pas étaler ici. On a eu cette expérience ou on a laissé un opérateur avec près de 15 milliards d’impayés, il a tourné sans violation des textes. Moi, j’ai dit que je ne ferais pas ça tant qu’il ne paye pas, ils ne vont pas commencer. Il paye, il va commencer, il fait le lancement.
Script : ONEP