
Une vue de la carrière de la SOMAÏR
Dans la logique du combat que mène le Niger pour la souveraineté dans tous les secteurs, le gouvernement a pris la décision de nationaliser la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR). Cette société est une filiale du géant français du Nucléaire ORANO (ancien AREVA) qui exploite l’uranium nigérien depuis 1971.
Cette décision historique a été adoptée par le Conseil des ministres du 19 juin 2025. Par la même occasion, le gouvernement a dissout les Conseils d’Administration des deux sociétés et mis fin aux mandats des Administrateurs de la SOMAÏR.
Créée le 02 février 1968, la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR) a démarré l’exploitation de l’uranium depuis 1971 à Arlit, dans la région d’Agadez. Elle était une Société Anonyme de droit nigérien avec Conseil d’Administration au capital social de 4.348.900.000 F FCA, détenu à 63,40% par Orano et 36,60% par la SOPAMIN.
De 1971, date de démarrage des activités, à 2024, la production cumulée de cette mine d’uranium est de 81 861 TU. La production commercialisée est de 80 518 TU sur laquelle Orano a enlevé 86,3% de la production totale et la Société du patrimoine des mines du Niger (SOPAMIN), représentant l’Etat du Niger, a commercialisé seulement 9,2% de la production totale.
En somme, la nationalisation de la SOMAÏR s’inscrit dans la dynamique de la souveraineté du Niger sur ces ressources naturelles et d’un souci de bonne exploitation de ces ressources pour que les retombées profitent au peuple nigérien et contribuent au développement équilibré et endogène du pays.
Dans la même foulée, il faut rappeler que le Niger a créé deux sociétés d’Etat chargées de l’exploitation de l’or et de l’uranium, respectivement Mazoumawa National Gold Company (MNGC) et Timersoi National Uranium Company (TNUC). La décision a été prise au Conseil des ministres du 19 septembre 2024. Avec la création de ces sociétés, le Niger adopte un modèle de gestion qui valorise ses ressources naturelles de manière durable et équitable.
Ce modèle permettra au Niger de maximiser les retombées issues de l’exploitation de l’or et de l’uranium; d’en récupérer une part équitable; de créer des emplois; de développer des infrastructures et d’accroître les capacités technologiques du pays. Désormais, il n’est plus question pour le Niger d’être un fournisseur de matières premières brutes. La nouvelle dynamique ainsi enclenchée vise à créer une véritable chaîne de valeurs minières et faire profiter aux populations autochtones, aux collectivités, aux entreprises locales des retombées directes de l’exploitation minière.
A travers ces mesures de nationalisation et de création de sociétés d’Etat, le Niger tire ainsi les leçons de plusieurs décennies de bradage systématique des ressources stratégiques. Un modèle qui a fait la renommée de la France dans le nucléaire et la misère du Niger qui n’a jusque-là eu que des miettes, tout en héritant des conséquences graves de cette exploitation : effets radioactifs sur la population et le cheptel, destruction de l’environnement, empoisonnement des nappes phréatiques, etc.
La nationalisation de la SOMAÏR sonne comme un coup d’arrêt sec à un système de pillage de l’uranium nigérien mis en œuvre et entretenu par la France avec la complicité de pions locaux qui profitent de ce modèle malhonnête au détriment de la population. Les résultats de ce modèle sont reflétés grandeur nature à travers la situation de la ville d’Arlit qui a abrité pendant plus d’un demi-siècle les mines de deux filiales de ORANO, à savoir la COMINAK et la SOMAÏR. En effet, les populations de cette localité ne disposent pas de services sociaux de base comme l’eau potable, des structures de santé, des routes, de l’électricité digne d’une zone minière.
Siradji Sanda (ONEP)