« Le VIH/SIDA est toujours là, pourtant on peut l’éliminer », rappelle la directrice régionale de l’ONUSIDA, Mme Berthilde Gahongayire à la clôture des travaux du Forum des médias sur le VIH/Sida, jeudi dernier à Dakar. Trois jours d’intenses travaux, trois jours d’échanges fructueux qui ont permis aux participants de comprendre qu’il y a aujourd’hui urgence à relancer la lutte contre le sida en Afrique de l’ouest et du centre où, selon EBY Ehounoud Pascal, conseiller Régional en Information Stratégique de l’ONUSIDA, 5 Millions de personnes vivent avec le VIH. Parmi ces personnes, 74% vivent dans les cinq grands pays à savoir le Nigeria, la République Démocratique du Congo, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et Ghana. M EBY Ehounoud révèle par ailleurs que les femmes sont les plus affectées par la pandémie mais de manière disproportionnée.
Ce sont encore elles qui sont le plus touchées par les nouvelles infections. Si l’on considère la valeur régionale des nouvelles infections au VIH, affirme le conseiller Régional en Information Stratégique de ONUSIDA, « les femmes représentent 78% des nouvelles infections chez les 15-24 ans et 87% chez les 15-19 ans ». Ce qui signifie selon lui que près de 90% des adolescents dont le test est positif sont des filles.
Malheureusement, il existe encore de grandes inégalités dans les soins et le traitement chez les enfants et les adultes.
« La région a la plus faible couverture ARV chez les enfants au niveau mondial (35%), et la couverture chez les enfants est beaucoup plus faible que chez les adultes (82%), ce qui entraîne un nombre élevé de décès dus au sida chez les enfants ».
En fait selon M Eby, l’Afrique de l’ouest et du centre représente plus d’un tiers des nouvelles infections verticales au VIH dans le monde, et plus de 60 % d’entre elles sont dues à des mères qui n’ont pas reçu de traitement antirétroviral pendant la grossesse ou l’allaitement. Plus précisément, la région compte le plus grand nombre de femmes enceintes séropositives qui ne sont pas sous traitement (43% au niveau mondial). Ce qui fait dire au conseiller Régional en Information Stratégique de ONUSIDA que « le VIH/sida reste une menace majeure pour la santé publique dans la région, où 5 millions de personnes vivent avec le VIH ».
A cette inquiétude s’ajoute celle de la faible couverture de la PTME (Prévention de la Transmission Mère-Enfant). Certes, « la couverture de la PTME en AOC est passée de 29% en 2010 à 60% en 2021, bien qu’elle ait stagné au cours des dernières années, mais la couverture régionale de la PTME est beaucoup plus faible que le niveau mondial de 81% ». Très peu de pays sont en effet sur la voie pour l’élimination de la transmission de la mère à l’enfant du VIH, a-t-il averti.
« Dans plus de la moitié des pays (16 sur 25), les enfants et les jeunes (groupes d’âge de 0 à 14 ans et de 15 à 24 ans) – pris ensemble – représentent plus de 50 % des nouvelles infections en 2021 », affirme pour sa part Mach-houd Kouton, de ONUSIDA.
C’est certainement en raison de tous ces enjeux que l’accent est mis sur la prévention en Afrique de l’ouest et du centre. Particulièrement la prévention combinée. Il s’agit d’une « approche visant à optimiser l’impact de la prévention du VIH en associant des stratégies structurelles, biomédicales et comportementales fondées sur les droits de l’homme et étayées par des données probantes, dans le cadre d’une épidémie locale qui a été bien étudiée et comprise ». Cela donne la possibilité de combiner plusieurs outils de prévention en fonction de sa situation, de ses besoins, de ses pratiques ou de son mode de vie ; et d’élargir le choix des stratégies de prévention explique-t-il.
Comme stratégies de prévention combinée, il a cité l’utilisation des préservatifs et le recours au dépistage. Pour M Mach-houd Kouton, « au niveau individuel, cela permet de prendre un traitement le plus tôt possible si l’on est porteur/euse du VIH et de conserver une espérance et une qualité de vie équivalentes à celles de n’importe qui ».
D’un point de vue collectif, il a affirmé que « cela permet de réduire le nombre d’infections par le VIH car une personne se sachant porteuse du VIH va adapter ses pratiques pour empêcher la transmission du virus ».
Il s’est ensuite beaucoup appesanti sur les avancées des traitements i=i, PrEP, TPE. Si le traitement i=i est bien pris, « la personne séropositive obtiendra une charge virale indétectable, c’est-à-dire qu’il n’y a presque plus de virus dans son organisme et elle ne peut donc plus transmettre le virus. S’agissant des traitements PrEP (Prophylaxie pré-exposition), ils sont utilisés selon M Mach-houd de manière préventive et permettent aux personnes séronégatives d’éviter d’être infectées par le VIH même si elles sont en contact avec le virus. Avec le TPE, « il est possible de recevoir un traitement d’urgence après une exposition au VIH afin d’éviter l’infection ».
Toutes ces présentations ont permis aux participants de comprendre davantage la situation et les enjeux du VIH en Afrique de l’Ouest et du centre. C’est pourquoi ils recommandent entre autres à l’ONUSIDA d’associer le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) dans la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre le VIH/Sida en Afrique de l’Ouest et du centre.
Par Fatouma Idé, (onep) Envoyée spéciale