En prélude au Sommet des Chefs d’Etat Etats-Unis-Afrique à Wahington DC, s’est tenu le 14 décembre 2022, un forum d’investissement et de promotion du commerce en Afrique. A cette occasion, plusieurs responsables Américains, dont le Secrétaire d’Etat, Antony Blinken, la présidente de la Chambre du Commerce, Mme Suzanne Clark, la Secrétaire au Commerce du département d’Etat, M. Gina Raimondo, ont pris la parole. Du côté de l’Afrique on retiendra également plusieurs interventions dont celle du Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et des Gouvernement de l’Union Africaine, M. Maky Sall, Président de la République du Sénégal. Ce forum a enregistré également la présence de plusieurs Chefs d’entreprise et de sociétés américaines intervenant en Afrique.
Le Forum a ainsi réuni les PDG et les dirigeants du secteur privé de plus de 300 entreprises américaines et africaines qui se sont entretenus avec les chefs de délégation pour catalyser les investissements dans des secteurs critiques, notamment la santé, les infrastructures, l’énergie, l’agroalimentaire et le numérique. L’accent a été particulièrement mis sur l’augmentation du commerce et des investissements bilatéraux entre l’Afrique et les Etats-Unis.
Les principales problématiques abordées au cours de cette session sont l’intégration de l’Afrique dans les marchés mondiaux, le boom démographique et l’esprit d’entreprise et d’innovation à l’échelle du continent. Les différentes interventions ont souligné les opportunités extraordinaires pour les États-Unis d’investir dans l’avenir de l’Afrique. «Les États-Unis soutiendront et faciliteront la mobilisation de capitaux privés pour alimenter la croissance économique, la création d’emplois et une plus grande participation américaine à l’avenir de l’Afrique. Ensemble, les chefs d’entreprises et les dirigeants gouvernementaux renforceront les environnements propices au commerce et à l’investissement, notamment en favorisant l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de pratiques efficaces dans tous les secteurs, et identifieront et promouvront de nouvelles opportunités pour les Africains et les Américains. Grâce à des initiatives telles que le Partenariat pour l’infrastructure et l’investissement mondiaux (PGII) et Prosper Africa, les États-Unis fourniront en temps opportun, l’élan nécessaire», a soutenu le Secrétaire Blinken.
Il faut souligner que, (selon un communiqué officiel du département d’Etat) depuis 2021, le gouvernement américain a aidé à conclure plus de 800 accords commerciaux et d’investissements bilatéraux dans 47 pays africains pour une valeur totale estimée à plus de 18 milliards de dollars. Quant au secteur privé américain, il a conclu des accords d’investissement en Afrique d’une valeur de 8,6 milliards de dollars. Il en est aussi de même pour les biens et services américains échangés avec l’Afrique qui totalisent 83,6 milliards de dollars en 2021. Ces investissements et programmes soutiennent les initiatives parapluie PGII, Prosper Africa et Power Africa.
Ce Forum a été ainsi, l’occasion pour le gouvernement Américain de réitérer et de renforcer l’engagement du Président des Etats-Unis M. Biden pour l’Afrique dans le domaine du commerce et de l’Industrie. Ainsi, lors dudit Forum, les Etats-Unis ont annoncé plus de 15 milliards de dollars supplémentaires d’engagements, d’accords et de partenariats bilatéraux en matière de commerce et d’investissement. Cet engagement concerne les domaines et priorités clés qui sont l’énergie durable, les systèmes de santé, l’agro-industrie, la connectivité numérique, les infrastructures et la finance.
L’intervention du Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements de l’Union Africaine a été axée sur une analyse du potentiel africain en matière du commerce et d’investissements étrangers, sur les défis et enfin sur des recommandations et plaidoyer. M. Maky Sall a plaidé notamment pour des investissements privés américains sur le continent Africain, par des mécanismes financés appropriés. «A compétence égale, c’est souvent l’accompagnement financier qui peut faire la différence», dit-il, avant d’insister sur l’une des préoccupations qui freine la croissance des investissements. Il s’agit, d’abord, dit-il, de la lenteur excessive qui plombe l’exécution des projets et programmes de développement, dont entre autres le délai de passation des marchés publics.
Sur cette préoccupation, le Président Maky Sall a soutenu sa position par les statistiques de la Banque Mondiale (2015) selon lesquelles ces délais peuvent aller jusqu’à 389 jours, pour les appels d’offres internationaux ; 273 jours pour un appel d’offre restreint ; 290 jours pour un appel d’offre national et 90 jours pour une simple demande de renseignement sur les prix. A ces délais, le Président de l’Union Africain a également relevé la lourdeur et la complexité dans les procédures qui ont pour conséquences le faible taux de décaissement pour les financements déjà obtenus. «Ce n’est pas un modèle de bonne gouvernance parce que pour des pays en quête d’émergence le temps nous ait compté. Il y’a donc un travail à faire pour concilier le souci nécessaire de la transparence et l’obligation d’efficacité et de résultat. Il nous faut œuvrer ensemble et avoir le courage de reformer pour lever toutes ces barrières qui en réalité constituent un frein à la coopération au commerce et à l’investissement», a soutenu le Président Maky Sall.
Au cours ce forum, les départements et agences du gouvernement américain ont annoncé de nouvelles initiatives et investissements pour promouvoir le commerce et l’investissement dans les deux sens. D’abord avec le représentant américain au commerce (USTR), qui a signé un protocole d’accord avec le Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf ou AfCFTA) pour aider les institutions à accélérer la croissance économique durable sur le continent. Une fois pleinement mis en œuvre, l’accord établissant la ZLECAf créera un marché combiné à l’échelle du continent de 1,3 milliard de personnes et de 3,4 billions de dollars, qui serait la cinquième économie du monde. En suite le Millennium Challenge Corporation (MCC) et les gouvernements du Bénin et du Niger ont signé les premiers pactes régionaux d’un montant total de 504 millions de dollars, avec des contributions supplémentaires de 15 millions de dollars du Bénin et du Niger, pour soutenir l’intégration économique régionale, le commerce et la collaboration transfrontalière.
Aussi, la Société américaine de financement du développement international (DFC) a annoncé 369 millions de dollars de nouveaux investissements à travers l’Afrique dans les domaines de la sécurité alimentaire, des infrastructures, des énergies renouvelables et des projets de santé, y compris une transaction de 100 millions de dollars avec Mirova Sun Funder pour le Mirova Gigaton Fund afin de soutenir l’énergie propre à travers le continent. Il y’a également la Banque d’import-export des États-Unis (EXIM) qui a actuellement plus de 7 milliards de dollars d’exposition dans toute l’Afrique, sans oublier dans ce domaine Power Africa, l’Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA), Prospérer l’Afrique, le Département du commerce, l’Agence américaine pour le développement international (USAID), la Fondation américaine pour le développement en Afrique (USADF), Le Département américain de l’agriculture (USDA) qui ont des investissements importants directs ou en soutien en Afrique.
Ali Maman(onep),Envoyé spécial