L’Organisation pour la Restauration de la Dignité Humaine (ORDH), en collaboration avec l’Association pour la Promotion de la Langue et la Culture des Igdalan (APLCI) a organisé, le dimanche 6 octobre 2019, à Niamey, un forum national de la Communauté Igdalan. Placé sous le thème ‘‘La langue et la culture des Igdalan, un ciment social pour une cohésion nationale’’, le forum était l’occasion de s’interroger sur les voies et moyens permettant la prise en compte de la langue ‘’Tagdal’’ dans notre pays. C’est le ministre de l’Enseignement primaire, de l’Alphabétisation, de la Promotion des langues nationales et de l’éducation civique M. Daouda Malam Marthé, qui a présidé la cérémonie de lancement de l’activité, en présence de plusieurs autres personnalités dont le Ministre d’Etat en charge de l’Intérieur, M. Mohamed Bazoum,
Dans son intervention, le ministre Marthé a indiqué qu’au Niger, notre tradition a été toujours de veiller à la reconnaissance des diverses communautés qui peuplent notre pays, tout en préservant un socle de valeurs communes permettant de garantir l’unité nationale. «Cela vaut au Niger, d’être toujours cité en exemple, lorsqu’il est question de coexistence pacifique entre les communautés. Cette cohésion nationale fait office, pour nous, de sacerdoce que nous devons coûte que coûte préserver », a-t-il ajouté. Dans sa quête de l’amélioration de la qualité des enseignements-apprentissages, notre pays a, selon le ministre, pris des initiatives concernant les langues nationales dans son système éducatif. «Cela se justifie par des études diligentées, à cet effet, qui confirment l’hypothèse, selon laquelle, la scolarisation initiale en langue nationale est un facteur de réussite scolaire et d’intégration sociale », a-t-il précisé.
D’après le ministre Marthé, Niger est le pays francophone le plus avancé dans l’espace subsaharien en matière de promotion des langues nationales à travers l’éducation. L’attribution de statut de langue nationale est, dans tous les pays du monde, strictement encadrée par la loi. «Au Niger, la reconnaissance exclusive de la langue nationale, matérialisée par une énumération, est celle de l’Acte 23 de la Conférence nationale souveraine, du 29 octobre 1991. Treize (13) ans plus tard, c’est la loi 2002 du 8 février 2000, qui fixera les modalités du développement et de promotion des langues nationales dans notre pays », a-t-il rappelé. Le ministre en charge de la promotion de langues nationales a souligné que des chercheurs africains de renom, ont produit des études pertinentes sur le Tagdal et les parlés apparentés. Ce sont là, selon lui, des pistes précieuses de réflexions et de recherches. «Aussi, des exposés qui seront faits, par d’éminents chercheurs nigériens, nous permettront-ils de poursuivre les projets de recherche, déjà en cours, sur instruction de SEM le Premier ministre, Chef du gouvernement», a déclaré le ministre Marthé.
Intervenant à son tour le ministre d’Etat, Bazoum Mohamed a souligné la pertinence de ce forum. «Jusqu’à une date très récente, je ne faisais pas de distinction entre la langue «Tagdal»’parlée par les Igdalan et celle parlée par les Touaregs, ‘’le Tamasheq’’. C’est dire que vous les Igdalan, vous avez un grand combat à mener », a-t-il dit. Selon lui, l’enjeu d’un tel forum est que davantage de Nigériens comprennent qu’il existe une communauté, qui s’appelle Igdalan, qui se reconnait comme telle, qui parle une langue appelée Tagdal, qui a une conscience de soi et qui, même si elle à des mœurs qui sont semblables à celles des Touaregs, n’en n’est pas moins différente.
Après avoir suivi les différentes allocutions, des démonstrations de conversations en Tagdal, les participants ont eu droit à des panels sur l’historique des Igdalan, l’aspect linguistique et sociolinguistique du Tagdal, le droit d’une communauté à l’usage de sa langue. Des débats en français et en Tagdal ont aussi été animés par les participants. Dans la déclaration issue dudit forum, les Igdalan ont entre autres, salué et encouragé l’initiative des Autorités de la 7ème République, consistant à mettre en place un comité technique, chargé d’étudier la problématique de la reconnaissance du Tagdal comme langue nationale.
Mahamadou Diallo(onep)