La fraude de carburant a pris de l’ampleur à Maradi ces dernières années. Les revendeurs de cette denrée précieuse pour les automobilistes, bien qu’étant dans l’illégalité, ne se cachent plus pour exercer ce qui est devenu pour eux un métier à plein temps. Cette situation, selon plusieurs autorités départementales et communales, s’explique en partie par la rareté, voire l’inexistence des stations-services qui se concentrent principalement dans les grandes villes et par la proximité de la région avec le Nigeria, un pays dans lequel la fraude de carburant à grande échelle est très organisée, avec des ramifications au Niger.
Les autorités locales se disent conscientes de la dangerosité de cette activité illégale. De temps en temps, elles organisent des patrouilles mixtes et saisissent des milliers de bidons de 25 litres d’essence. Ces sorties visent à entraver le bon déroulement de la fraude en dissuadant les auteurs, ou à défaut ralentir l’activité grâce aux contrôles inopinés. A Tessaoua par exemple, qui ravitaille une bonne partie du Nord Maradi, les autorités locales indiquent que la lutte contre le carburant fraudé « est une action de longue haleine qui doit être permanente car les fraudeurs ont fait de cela un métier et travaillent H24».
Malgré tous les dangers qui entourent le transport, le stockage et la vente du carburant fraudé, plusieurs responsables font remarquer qu’ils sont devant des choix difficiles à faire. Plusieurs départements et gros villages font face à un manque de station-service. Dans tout le département de Gazaoua par exemple, il n’existe aucune station-service. Dans des situations pareilles, les automobilistes de passage et ceux qui y travaillent localement voient d’un mauvais œil la pression exercée sur les fraudeurs. En plus, le commerce de carburant fraudé étant un pourvoyeur d’emplois dans certaines zones, plusieurs responsables hésitent à serrer plus la vis de peur de voir les jeunes se reconvertir dans le banditisme. Donc même pour les autorités compétentes la situation est un vrai dilemme.
Par Souleymane Yahaya(onep)