Au Niger en zone rurale comme urbaine, certaines personnes raffolent du moringa et d’autres feuilles communément appelées kopto qui font aujourd’hui l’objet d’un commerce florissant dans plusieurs contrées de notre pays. Pour tirer un meilleur profit de ces feuilles et fruits, certains se sont même lancés dans leur production.
Des pratiques jugées bonnes en matière de Gestion Durable des Terres et qui sont d’ailleurs encouragées. Pour porter à l’échelle les acquis en vue du reverdissement du Sahel, le gouvernement du Niger et la FAO ont initié le Projet « Action Contre la Désertification». Selon le Colonel Assoumane Garba, Chargé du Projet ACD/FAO, également Chef de Division Système d’Information Géographique (SIG) et Gestion de Base de Données à l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte, les actions de la gestion durable des terres ont été entreprises dans 13 communes des régions de Tillabéri (Kourfeye centre, Kourfeye, Sanam, Téra, Diagourou, Bankilaré et Abala), de Dosso (Soucoucoutane, Dogon Kiriya) et de Tahoua (Illéla, Bagaroua, Tébaram et Bambeye). « Il s’agit en fait d’amplifier les bonnes pratiques et technologies en matière de gestion durable des terres/forêts sur au moins 12.000 ha ». Mais aussi« d’accélérer la mise en œuvre du plan d’action de la Grande Muraille Verte au Niger d’une part et d’autre part de capitaliser les bonnes pratiques et leçons apprises de la mise en œuvre du projet ; les diffuser dans les autres Communes concernées par l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte et les partager avec les autres pays de l’Initiative de la Grande Muraille Verte pour le Sahel et le Sahara et dans le monde ».
Lancé en 2014, le projet Action contre la Désertification a déjà formé les populations à la tenue et à l’entretien de pépinières d’arbres forestiers, à la technique de la régénération naturelle assistée, à la récolte des semences d’herbacées et à l’ensemencement des espaces labourées à la machine Delfino.
Des entreprises Forestières villageoises
Selon le Colonel Assoumane Garba, pour pérenniser tous ces acquis et les répandre sur une grande échelle, le projet ACD s’est lancé dans la mise en place des Entreprises Forestières Villageoises(EFV). Cela a-t-il ajouté« conformément à l’un de ses objectifs qui est d’améliorer et de renforcer la résilience des populations rurales au changement climatique à travers le développement des petites entreprises forestières villageoises des produits forestiers non ligneux basées sur une utilisation durable des biens forestiers et des services éco systémiques (produits forestiers ligneux et non ligneux). Il s’agit aussi d’assurer la gestion efficace de ces produits en utilisant l’approche « Analyse et Développement des Marchés » (ADM) mise au point par la FAO combinée à l’approche Value Links ».
Toutes ces activités agro-sylvo-pastorales ont pu être menées grâce aux caractéristiques de la zone d’intervention très favorables à leur développement a précisé le Chef de Division Système d’Information Géographique (SIG) et Gestion de Base de Données de l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte. Le colonel Assoumane Garba affirme que malgré le climat de type sahélien, les précipitations sont relativement abondantes, avec des moyennes de 400 à 600 mm de pluie par an. En plus d’avoir des terres agricoles favorables, ajoute t-il, cette zone possède également une vaste couverture forestière dans les champs présentant un potentiel important en Produits Forestiers Non Ligneux notamment le fruit de balanites, les semences herbacées et forestières. Les communautés rurales de cette zone, en particulier les femmes y tirent des revenus substantiels et mettent en œuvre des programmes de développement des Entreprises Forestières Villageoises (EFV).
En s’intéressant sérieusement à ces initiatives, ajoute le colonel Assoumane Garba, le projet ACD entend aider les communautés à obtenir des revenus viables à partir des produits d’arbres pour répondre à leurs besoins fondamentaux tels que la nourriture, l’éducation et les soins de santé.
Le directeur du projet ACD et Directeur Général de l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte, le colonel Abdou MAISHAROU va plus loin en affirmant que « les EVF contribuent à la réduction de la pauvreté à long terme dans les zones rurales grâce à la génération de revenus tout en facilitant la gestion durable des ressources forestières et arborées par les communautés ».
« C’est pourquoi, le projet s’applique à la mise en place de ces EFV dans les régions de Tillabéry, Dosso et Tahoua, plus particulièrement dans les communes d’intervention ajoute le colonel Assoumane Garba, chargé du projet ACD à l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte. Il précise que «le processus est en cours et nous avons déjà installé douze (12) entreprises dans neuf (9) Communes sur les treize (13). Il reste quatre communes à pourvoir en EFV ».
Efficacité et viabilité des groupes d’EVF
Pour l’efficacité et la viabilité à long terme des groupes d’entreprises villageoises forestières, il a été jugé nécessaire au niveau du projet de comprendre les marchés locaux et nationaux ainsi que les acteurs du marché pour chacun des Produits Forestiers Non Ligneux sélectionnés par les communautés bénéficiaires. Ce qui a permis d’effectuer une analyse de la filière/chaîne de valeur pour les produits forestiers et produits forestiers non ligneux(PFNL) les plus importants identifiés comme prioritaires par la communauté.
Le chargé du projet a en outre expliqué que par rapport à la mise en place des EFV, Douze (12) EFV ont été mises en place dans les communes de Téra (3), Kourfeye(1), Kourfeye-centre(2), Abala (1), Sanam (1), Dogonkirya (3) et Soucoucoutane (1). Le colonel Assoumane précise qu’à ce niveau, « les chaines de valeur exploitées sont diverses et variées. Elles vont de la fabrication de l’huile de Balanites au Jus de Moringa en passant par le savon de balanites, la récolte, la vente de semence d’herbacées et plants forestiers. Pour permettre une meilleure production, chaque EFV s’est vue dotée d’un Plan de Développement(PDE).
Cette organisation donne entière satisfaction. «Maintenant que nous sommes ainsi organisés en entreprise nous pouvons mieux produire et mieux vendre tout en faisant attention à notre environnement » dit toute fière Mme Boureima Mariama Moussa du groupement ZABERO de Téra spécialisé dans l’extraction de l’huile de Balanites. Pour M. Doka Kahiya du groupement Niger Vert de Dogonkirya, « les choses s’annoncent bonnes car nous avons compris que l’arbre est tout pour nous. Au-delà de tout ce qu’il nous procure auparavant, il va désormais nous procurer de l’argent pour notre bien-être. Je vous garantis que cette entreprise va servir de tremplin à de nombreuses autres personnes. Notre réussite sera celle de l’arbre. Car plus personne n’abattra un arbre sans raison ».
Pour le chargé du projet, la mise en place de ces EFV marque le point de départ de développement des activités génératrices de revenus, peu développées durant les quatre années du projet. Aussi, la transformation des groupements en EFV a été accueillie avec enthousiasme par les différents partenaires (mairies, administrations forestières et communautés) du fait du consensus recherché dans la valorisation des PFNL tout en prônant la lutte contre la pauvreté et à la préservation de la diversité biologique.
Enfin, « le développement et la création de petites entreprises rurales de produits forestiers permettent aux communautés locales de mieux tirer partie des ressources forestières, tout en renforçant leur motivation à gérer et protéger durablement ces ressources », affirme le Colonel Assoumane Garba.
« Maintenant qu’elles sont installées, ces EFV doivent être opérationnelles et s’atteler à voler de leurs propres ailes à travers la mobilisation des ressources financières dont elles ont besoin pour mettre en œuvre leur PDE conclue- t-il avant d’assurer que le projet ACD à travers son équipe va apporter l’appui conseil technique aux entrepreneurs tout au long du processus de mobilisation des ressources financières et assurer des formations qui correspondent aux besoins exprimés dans leurs PDE. Selon le Colonel Assoumane Garba, le projet va aussi les appuyer« pour faire le suivi des activités de leurs entreprises, à créer des liens avec les prestataires de services commerciaux, et à perfectionner les mécanismes opérationnels et organisationnels ».
Fatouma Idé(onep)