La Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de Konni, autrefois un haut lieu d’activités culturelles et artistiques, fait face à une crise de fréquentation. Des artistes locaux connus pour leur engagement envers la jeunesse et la culture, ont récemment exprimé leurs inquiétudes face à la désaffection des jeunes pour cet espace essentiel.
Au premier regard, cette maison des jeunes de Konni semble délaissée : des murs effondrés, quelques matériels dépouillés ainsi que la défécation en plein air marquent les lieux. Le Président de l’Union des Artistes du département de Konni, M. Mahamadou dit Roger, souligne l’importance des MJC comme lieux de développement personnel et culturel pour les jeunes. «Les MJC sont des espaces où les jeunes peuvent découvrir et développer leurs talents artistiques, sportifs et culturels. Leur faible fréquentation est alarmante et nécessite une action collective », déclare-t-il. Le Président de l’Union des Artistes de Konni ajoute qu’ils font face à de nombreux défis. Autrefois, souligne-t-il, Konni représentait la région de Tahoua lors du Prix Dan Gourmou. Mais aujourd’hui, cela a changé. La MJC, qui servait auparavant de lieu de répétition, est maintenant dégradée et dans un état lamentable, avec des infrastructures effondrées. « Notre union a pour mission essentielle de restaurer la MJC de Konni afin de lui redonner son prestige car, il est inacceptable d’accueillir des visiteurs dans de telles conditions. Tout le monde, des autorités aux citoyens, est conscient de la situation, mais personne ne réagit », a-t-il déclaré, appelant à sensibiliser davantage les jeunes et leurs familles sur l’importance de la culture et de l’art au quotidien. Il encourage également les parents et éducateurs à transmettre ces valeurs aux jeunes, soulignant que « la communauté doit se mobiliser pour soutenir la MJC, en participant activement à son soutien financier ».
Dans l’optique de relancer le dynamisme culturel, l’artiste a suggéré plusieurs initiatives telles que des ateliers de sensibilisation, des événements culturels et des partenariats avec des écoles locales. Il espère que ces efforts contribueront à revitaliser la MJC de Konni et à attirer de nouveau les jeunes vers cet espace indispensable à leur épanouissement. Comme d’autres MJC à travers le pays, celle de Konni requiert l’engagement de tous pour continuer à remplir son rôle central dans la société. L’appel de l’artiste sonne comme un puissant cri d’alarme sur la nécessité de soutenir les institutions culturelles et d’assurer leur accessibilité et leur survie pour l’avenir. Les signes d’abandon, comme les infrastructures délabrées, les murs fissurés et les équipements obsolètes, illustrent la situation critique de la MJC de Konni. Ali tailleur May Waka, un artiste local fortement lié à ce lieu, a récemment tiré sur la sonnette d’alarme : « C’est navrant de voir cet endroit dans un état si dégradé », a-t-il dit. Il dénonce également un manque de financement criard, qui est, selon lui une des causes principales de cette problématique. « Il est urgent d’obtenir un soutien financier accru pour restaurer cet espace et proposer des activités captivantes pour les jeunes », ajoute-t-il.
Les chansons de l’artiste Ali abordent des thèmes du quotidien tels que le mariage et la politique. Avec plus de 100 titres à son actif, il a commencé à Konni, puis s’est dirigé vers le Nigeria en raison du déclin de la Maison des Jeunes et de la Culture, laissée à l’abandon faute d’organisation. Bien que des efforts aient été déployés pour organiser des événements, les résultats se font attendre, entraînant le désengagement de certains artistes. Il appelle à une solidarité communautaire pour sauver la MJC et incite les habitants à contribuer à sa rénovation, affirmant que c’est un investissement essentiel pour l’avenir des jeunes. Plusieurs initiatives sont proposées pour remédier à cette situation et aller vers une renaissance de la Maison des Jeunes et de la Culture de Konni telles que des campagnes de sensibilisation, des collectes de fonds et des partenariats avec des organisations locales et internationales. L’objectif est de redynamiser la MJC de Konni et de la transformer en un lieu sûr et accueillant pour les jeunes. Aboubacar Siddik de Tsernaoua, un jeune musicien, est forcé de travailler intensément pour produire, en dépit de plusieurs obstacles. Avec le temps, il a appris à élargir son répertoire. En chantant, il partage souvent des moments de sa vie. « Pour l’instant, j’ai écrit plus de 85 chansons, en français et en anglais. Je me concentre surtout sur ma langue maternelle, et c’est ici que je réalise mes interventions. Cette année, je prévois de me rendre au Nigeria pour un projet musical. Il est crucial d’apporter de nouvelles idées aux jeunes nigériens, et les autorités doivent leur offrir des opportunités pour les aider dans leur développement professionnel », affirme-t-il.
Rabiou Dogo (ONEP)