L’avènement de la démocratie et les avantages liés à celle-ci notamment la liberté d’expression et le respect des droits de l’homme ont permis progressivement à beaucoup de pays d’humaniser les maisons de détention ou établissements pénitentiaires. C’est ainsi que plusieurs actions sont initiées en faveur de la jeunesse detenue. De nos jours, au Niger, plusieurs de nos jeunes en situation de conflit avec la loi surtout les mineures bénéficient diverses formations professionnelles facilitant leur autonomisation une fois en liberté. Expliquant les avantages de cette démarche, l’inspectrice adjointe de promotion humaine, responsable des services sociaux auprès du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey et la Maison d’Arrêt de Niamey, Mme Mariama Daoura a rappelé les dispositions légales régissant cette pratique, l’objectif visé, l’appui des partenaires et les défis à relever.
L’objectif visé à travers l’application de ces dispositions encourageant la réinsertion des jeunes au niveau des maisons d’arrêt c’est surtout de permettre la mise en œuvre du Travail d’Intérêt Général (TIG), de permettre aussi la mise en œuvre d’autres alternatives à la détention, à la réinsertion, le fait d’éviter la récidive, permettre une meilleure réinsertion sociale à chaque détenu et d’assurer une protection aux mineurs en danger. Selon Mme Mariama Daoura, ces jeunes exercent grâce à l’appui des partenaires au niveau de la maison d’arrêt de Niamey, entre autres activités, la couture, la confection des bijoux en perle, la confection des paniers, la menuiserie bois, la mécanique moto, le jardinage, la restauration, la pâtisserie, l’alphabétisation, la maroquinerie, l’animation culturelle, la coiffure homme, la réparation des cellulaires, la récupération des objets divers pour fabriquer d’autres
objets de décoration, la transformation des produits agro-alimentaires, la fabrication des cosmétiques.
Mme Mariama Daoura a ajouté que la maison d’arrêt de Niamey a initié au profit de ces jeunes d’autres activités qui concourent à l’atteinte des objectifs visés par les dispositions d’insertion et de réinsertion des jeunes. Il s’agit de l’écoute, une activité d’entretien individuel avec les jeunes et leurs parents, afin de pouvoir comprendre et analyser la situation du jeune et l’aider dans la recherche de solutions à ses problèmes, les conseils, l’orientation et l’accompagnement des jeunes dans le choix de projet de vie pour une meilleure insertion, réinsertion et/ou réintégration dans la société, la sensibilisation sur diverses thématique telles que le savoir vivre en groupe, l’hygiène, la dépigmentation et ses conséquences, la tolérance, le respect de soi et d’autrui, l’importance d’activités professionnelles. Par ailleurs, elle a évoqué aussi la réalisation des enquêtes sociales pour la procédure et pour la protection des enfants en danger, la recherche des familles et la conciliation familiale, le suivi des dossiers, le suivi post carcéral et l’appui psycho social.
Cette démarche sociale respectant les dispositions communautaires et internationales est régie par un certain nombre de mesures. Parmi ces dispositions, l’inspectrice adjointe de promotion humaine, responsable des services sociaux auprès du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey et à la Maison d’Arrêt de Niamey, Mme Mariama Daoura a cité entre autres la loi n° 2014-72 du 20 novembre 2014, déterminant les compétences, les attributions et le fonctionnement des Juridictions pour mineurs au Niger, la loi n° 2017-008 du 31 mars 2017, déterminant les principes fondamentaux du régime pénitentiaire au Niger, le Décret n° 2020-294/PRN/MJ du 17 Avril 2020, portant adoption du document de la politique pénitentiaire et de réinsertion du Niger et de son plan quinquennal, le décret n° 2020-665/PRN/MJ du 26 Aout 2020, portant création d’un établissement public à caractère Administratif dénommé Agence Nationale des Alternatives à l’Incarcération et de la réinsertion, l’arrêté n°00004/MJ/GS/SG/DGDH/PJJ/AS du 29 mars 2014 portant création des services sociaux des juridictions et l’arrêté n°00218/MJ/GS/SG/DGDH/PJJ/AS, du 01 septembre 2020 fixant les critères d’admission des mineurs en conflit avec la loi dans le centre d’accueil et de réinsertion. Ceci marque la volonté de l’Etat Nigérien de soutenir cette démarche mais aussi de rendre effective la question de l’insertion des jeunes qui sont en conflit avec la loi.
Evoquant les défis à relever pour que cette action sociale touche un grand nombre ou la majorité des détenus, Mme Mariama Daoura a évoqué le fait d’étendre ces activités à tous les détenus capables d’en exercer à la sortie, d’accentuer les interventions en poste carcéral, de rendre opérationnel les centres de réinsertion des enfants en conflit avec la loi, et réhabiliter et réactualiser le centre de réinsertion sociale des jeunes.
Notons que l’Etat Nigérien, à travers le ministère en charge de la Justice, est soutenue dans cette tâche par un certain nombre de partenaires. C’est ainsi qu’elle a cité entre autres structures comme l’aumônerie de la mission catholique, l’ONG grandir dignement, l’ONG Suisscontact, l’UNICEF, le CICR, la Direction Régionale de la Protection de l’Enfant (DRPE), la communauté Saint’egidio et le groupe « Arène théâtre ». À cet effet, elle a noté qu’une activité dénommée ‘’Placement en milieu ouvert’’ (PEMO), une alternative à la détention des mineurs, une initiative mise en œuvre par l’ONG Grandir Dignement et le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant a été organisée en faveur des jeunes détenus.
Par Mamane Abdoulaye(onep)