
Lieutenant-Colonel Saley Hamadou Djingarey
Elu le 22 février 2025, président de la fédération nigérienne de Basketball, le Lieutenant-Colonel Saley Hamadou Djingarey est perçu comme le manager incontournable pour redynamiser cette discipline au Niger. Dans cet entretien exclusif, le nouveau président de la fédération de basketball dévoile ses ambitions et sa vision pour l’avenir de la discipline. Passionné et déterminé, il partage ses projets et initiatives visant à promouvoir et révolutionner le basketball, à travers une stratégie dite « basketball commando », tout en renforçant les liens avec les différentes instances africaines et mondiales de basket.
Monsieur le Président, vous avez été élu en avril dernier en tant que Président de la Fédération Nigérienne de Basketball. Quelles ont été vos motivations pour vous porter candidat à la présidence de cette fédération qui était en ce moment dans une situation de léthargie totale ?
Les motivations sont que je suis issu du milieu du basket. J’étais joueur, entraîneur. Quand j’ai fini ma carrière de joueur, puis celle d’entraîneur, j’ai été dirigeant, au départ à la ligue régionale de Niamey en 2001. Ensuite, en 2003, j’ai été secrétaire général de la fédération nigérienne de basketball jusqu’en 2011. A partir de 2011, je me suis retiré du milieu, mais je participais indirectement à la marche du basket. Après la mise en place du comité de gestion du basketball en juillet 2024, beaucoup d’acteurs du milieu, surtout les anciens joueurs, entraîneurs et les anciens dirigeants, m’ont approché et m’ont sollicité pour prendre la tête de la fédération. Au départ, j’ai un peu hésité, compte tenu de la complexité du milieu, car le monde sportif au Niger est un peu difficile. J’ai aussi hésité à cause de mes charges professionnelles. Mais après réflexion, j’ai décidé de répondre à l’appel de ces acteurs et d’essayer d’apporter un plus dans la relance de cette discipline qui nous a tout donné et à qui nous devons une fière chandelle, afin d’essayer de lui faire sortir la tête de l’eau.
Après cette élection, vous avez quelques années pour révolutionner cette discipline. Quelle est votre vision pour le basketball dans notre pays au cours des prochaines années ?
En réalité, la vision que j’ai pour le basketball, c’est qu’il faut retenir que le basket est un sport scolaire. Nous tous qui avons pratiqué cette discipline, nous l’avons découverte au niveau de nos établissements scolaires. Donc, la première des choses, c’est de ramener le basketball à l’école. La deuxième chose est que le basketball a besoin de beaucoup de formation. C’est une discipline particulière ! Quand je fais une petite comparaison par rapport au football, le basketball demande beaucoup plus d’installations particulières et beaucoup plus de technicité, car c’est une discipline complexe par rapport à d’autres. C’est pourquoi tous ceux qui sont dans le milieu auront besoin de formation : de la formation à la base jusqu’à la formation d’élite. La troisième vision, c’est qu’il faut des compétitions. Si on s’entraîne et qu’on apprend, on doit exercer. Il faut que les compétitions au niveau national ou international soient de retour, afin de permettre à nos athlètes et entraîneurs de mettre en pratique leur travail et de permettre aux équipes nationales de défendre les couleurs nationales.
Quels sont vos principaux objectifs pour ce mandat en cours à la tête de la FENIBASKET ?
Cela sera sûrement la promotion du basketball, notamment le mini-basket, qui se pratique habituellement de l’âge de 5 à 6 ans jusqu’à 15 ans. Cela n’est possible qu’au niveau des établissements scolaires, parce que l’essentiel de nos installations est logé dans ces établissements. Nous allons rétablir le basketball à la base. Deuxième objectif, nous allons beaucoup insister sur la formation, surtout celle que nous appelons le « level 1 », c’est-à-dire ceux qui sont dans l’animation et l’encadrement des jeunes pratiquants. Le troisième objectif, que j’ai mentionné, c’est le retour aux compétitions. D’abord, il faut tenir les deux compétitions majeures qui se déroulent habituellement fin juillet et début août chaque année, ainsi que pendant les congés de Noël. Cela m’amène à dire que le basket reste et demeure un sport scolaire. Nous prévoyons à ce niveau le retour du Niger à court terme dans les compétitions internationales, avec la mise en place d’équipes nationales dans toutes les catégories, notamment les U17, U19 et les seniors.
La question du développement du Basket au Niger est une préoccupation pour les autorités en charge du sport. Quelles initiatives comptez-vous mettre en place pour promouvoir et révolutionner le basketball au Niger ?
La stratégie que nous allons mettre en place est une stratégie que nous allons intituler « basketball commando ». Nous allons essayer, dans une démarche qui est chère à la Fédération internationale de basketball, de révolutionner le basket dans les sphères populaires, notamment dans les écoles, au niveau des quartiers, dans les places publiques, etc. Nous allons réhabiliter les infrastructures. Comme je l’ai dit tantôt, le basketball exige énormément d’infrastructures particulières. Nous allons essayer, avec l’aide des régions et surtout des communes, de réhabiliter la centaine de terrains de jeu que nous avons répertoriés sur l’étendue du territoire national, afin qu’il y ait sur chaque terrain un centre d’animation sportive. Voilà, en quelque sorte, les initiatives que nous comptons mettre en place pour relancer cette discipline.
Nous allons également mettre à contribution notre ministère de tutelle, de manière indirecte, le ministère de l’Éducation nationale et celui des Enseignements professionnels et techniques, pour que toutes les infrastructures soient réhabilitées et mises à la disposition de la jeunesse. Nous sommes déjà en contact avec certains partenaires pour que les infrastructures soient réhabilitées dans les deux à trois années à venir.
Quelle est votre stratégie pour renforcer les relations avec les instances et structures de basketball régionales et internationales ?
Effectivement, je parlais tantôt d’un programme « Basket-plus » avec la FIBA. Nous étions, il y a quelques jours, au congrès de mi-mandat de la Fédération Internationale de Basketball. Nous prévoyons de participer au congrès de mi-mandat de FIBA/Afrique. Nous faisons tout cela pour essayer de ramener le Niger dans la diplomatie du basketball continentale et mondiale, et aussi de nouer des partenariats avec d’autres pays, pour que nous puissions glaner de nombreux partenariats et partager des expériences. Je prends par exemple des pays comme le Mali, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Nigeria, etc., qui sont des pays très proches et qui peuvent nous apporter leur expertise et partager les expériences avec lesquelles ils ont pu relever les défis. Ce sera notre cheval de bataille, car il faut que nous participions à toutes les rencontres au niveau continental et international.
Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels la fédération fait face aujourd’hui et quelle est votre stratégie pour surmonter ces défis durant votre mandat ?
Ce qui est primordial et ce qu’il faut se dire, c’est qu’il serait illusoire de vouloir développer le basketball en un seul mandat. Nous avons un mandat de 4 ans qui court de 2025 à 2029. Nous ne pouvons pas dire que nous allons relever la discipline en seulement 4 ans. Le défi est que nous devons mettre en place une organisation/un programme qui va s’étaler au moins sur une dizaine ou une quinzaine d’années. Il faut éviter de faire un programme sur un mandat, mais plutôt de faire des projections sur 10 ans, voire sur 20 ans. Donc c’est d’abord le principal défi. L’autre défi est qu’aujourd’hui, le sport est avant tout une question d’administration. Il faut que la discipline soit bien administrée et bien managée. Parmi ces défis, il y a aussi la communication. Nous devons être capables de rendre visibles la discipline et les athlètes. Cela permettra d’avoir des sponsors et des partenaires qui vont nous apporter leurs contributions en vue de contribuer au rayonnement du basketball. Je suis déjà dans la communication. Je saisis pertinemment l’importance de la communication dans toutes les activités humaines. Sans présager du plan de communication que nous sommes en train d’élaborer et qui sera bientôt mis en œuvre, je peux vous dire que le bureau exécutif de la Fédération Nigérienne de Basketball est conscient de l’importance de la communication dans ce 21ème siècle. Et nous allons nous donner les moyens humains et techniques pour promouvoir le basketball. Nous allons faire en sorte que cette discipline soit un produit vendable auprès des partenaires et pour que ces partenaires puissent saisir l’importance de la discipline pour promouvoir leurs activités quotidiennes.
Propos recueillis par Abdoul-Aziz I. Souley (ONEP)