Ayant travaillé dans plusieurs services et entreprises à caractère commercial comme le patrimoine culinaire nigérien en 2019 ; fondatrice et gérante du Restaurant Le Palmier de l’Oasis ; experte en marketing et en négociation commerciale au Maroc notamment dans la commercialisation des panneaux solaires, des cuisines équipées sur mesure, des grands crus de bordeaux et des produits cosmétiques, Mme Cissé Nadia Tari Bako décide de se tourner vers l’entreprenariat en 2012 en créant la première société de conciergerie au Niger. Une reconversion qui s’est réalisée sans coup férir. C’est ainsi qu’elle met en place la SAT, une entreprise spécialisée dans la gestion des installations et des services conseils en ressources humaines et artisanat avec une base de données solides.
Mme Cissé, veuillez détailler à nos lecteurs votre parcours professionnel ?
Je suis experte en marketing et en négociation commerciale pour avoir travaillé dans plusieurs entreprises au Maroc en l’occurrence dans la commercialisation des panneaux solaires, des cuisines équipées sur mesure, des grands crus de bordeaux et des produits cosmétiques. Je suis depuis juillet 2022 la responsable communication du Ministère de l’Energie et des Energies Renouvelables. J’exerce dans plusieurs mouvements associatifs. Actuellement, je suis membre du club des femmes entrepreneurs du Centre Culturel Américain et repérée par le PIPA (Programme d’invitation des personnalités d’avenir en France). En plus, je suis membre du bureau de l’association nigérienne des jeunes entrepreneurs (ANJE). Je suis également lauréate de la compétition nationale du meilleur plan d’affaire (CEPA) organisée par la Banque Mondiale et la Maison de l’Entreprise. Je milite au sein du groupement des femmes dynamiques et des nigériennes d’exception (NEX). A ce titre, j’ai bénéficié du Trophée de l’Excellence et de l’Intégration Africaine dont l’activité à un impact positif sur la population du Niger, émis par le Gala de la Diaspora Africaine. J’ai reçu aussi la distinction du Meilleur Entrepreneur Femme au forum Rayon d’Or, Niamey 2019.
Vous êtes dans l’entrepreneuriat féminin, parlez-nous concrètement de vos activités surtout que tout récemment vous aviez organisé le festival « Mille et Une Bouffes »?
Après plusieurs expériences dans le privé, j’ai décidé en 2012 de me reconvertir dans l’entrepreneuriat en créant ma première société de conciergerie au Niger la SAT. La SAT est une entreprise spécialisée avec des valeurs reposant sur la résorption du chômage, la formation d’une main d’œuvre qualifiée et l’autonomisation de la femme.
Dotée d’un carnet d’adresses de plusieurs clients et partenaires et autres organisations, institutions et particuliers, le volet restauration de la SAT nourrit plus de 350 personnes à Niamey en proposant des mets savoureux et traditionnels. Je suis aussi promotrice du festival « Mille et Une Bouffes » placé sous le haut parrainage du HCI3N en collaboration avec WHH, Sahara SAHEL food, initiative pour l’arbre et l’ONG Kandili. Je suis fondatrice et gérante d’un restaurant gastronomique qui propose et met en valeur des mets locaux typiquement nigériens.
« Mille et Une Bouffes » est un festival né en 2019. Et, il vise comme je l’ai dit à valoriser la culture nigérienne par la gastronomie avec nos partenaires comme Sahara Sahel Food ou WHH. A travers ce festival, nous rassemblons les restaurateurs pendant 3 jours pour parler de la bouffe made in Niger. Comme toutes les éditions, nous avons eu des panels, un village gastronomique avec des restaurants, espaces de ventes, des animations de clowns acrobates. Cette année, nous avons réfléchi sur les apports protéiques autres qu’animales. Promotrice de cet évènement, nous avons aidé les professionnels de ce métier à trouver un nouvel élan grâce à nos idées et à nos expériences. Cet événement a été une réussite dans la mesure où nous avons eu plus de 3000 participants sur les trois jours. Et les retours sont très positifs. Le public s’est mobilisé en dépit des difficultés. On attend bientôt mille et une bouffes. On peut toujours visiter notre site web pour plus de détails.
Vous savez, c’est difficile dans le domaine qui est le nôtre parce que malheureusement ceux qui ont eu du succès professionnellement n’ouvrent pas les vannes pour faire entrer d’autres. Il y’a des personnes ambitieuses qui sont prêtes à réaliser leurs rêves. Or, dans beaucoup des pays de la sous-région, ce n’est pas pareil, ils s’entraident beaucoup entre jeunes entrepreneurs.
Nous savons que tout métier a ses avantages mais aussi quelques contrariétés, pouvez-vous nous parlez des hauts et des bas sur votre chemin ?
Premier avantage, c’est le relationnel. Le réseau que tu te crées à travers les personnes formidables que tu rencontres. Des difficultés, s’il y’en a. Nous pouvons essentiellement évoquer le cas de l’accès aux financements et l’accompagnement qui nous permettra de décrocher des affaires pour faire prospérer nos entreprises. Il y’a aussi les réticences des partenaires qui constituent des difficultés de taille à pouvoir décrocher des marchés. Il est très difficile d’avoir des accompagnements même quand le projet est porteur. Pour un petit exemple à 48 h du dernier festival de mille et une bouffes, six (6) partenaires importants avaient désisté sans raison. Ensuite le deuxième jour, il y’a eu une tornade de vent qui a emporté des tentes du village gastronomique avec d’importants dégâts matériels qui auraient pu nous faire abandonner. Malgré tout nous avons maintenu l’événement qui a été une véritable réussite. Finalement les partenaires sont revenus lorsqu’ils ont vu notre engagement et notre détermination doublés d’une capacité de résilience par rapport aux chocs qui pourraient remettre en cause la tenue de l’événement. Comment j’arrive à juguler les difficultés ? Je suis une personne qui n’abandonne pas facilement. Lorsque j’ai une idée, je fonce ! J’aime également m’entourer des meilleurs pour créer de la synergie de compétences à même de constituer une force sûre. La force d’un entrepreneur réside dans sa capacité à pouvoir surmonter les difficultés d’où qu’elles viennent. Avoir une capacité de résilience et d’adaptation est essentielle quand on veut entreprendre. Il faut aussi avoir un bon sens du leadership, d’écoute et un bon sens de l’organisation pour gérer à la fois la SAT, les 1001 bouffes, la communication du Ministère. Il faut savoir être multitâche et savoir se faire entourer de bonnes personnes motivées et compétentes. Ne pas avoir peur d’apprendre et être curieux.
Au Niger, l’entrepreneuriat prend de l’envol du côté féminin, quel regard portez-vous sur la situation de la femme dans ce domaine ?
D’abord je dis bravo à ces dames formidables ! Quand on dit entrepreneur, on pense à tort souvent à des activités de bureaux. L’entrepreneuriat est toute activité génératrice de revenus. Et les femmes nigériennes sont des battantes. De plus en plus de femmes et de jeunes filles sont engagées dans l’entreprenariat. C’est une fierté de les voir ainsi. Elles font face à des défis chaque jour où elles doivent se battre seules. Malgré les difficultés, elles ne lâchent pas. Je ne peux que dire bravo et rendre hommage à ces dames formidables. Mais l’entrepreneuriat féminin a besoin de beaucoup de soutiens, publics comme privés, pour son émergence. Je sais que beaucoup a été déjà fait par l’Etat et ses partenaires au développement, ainsi que les ONG. Mais il reste encore à faire.
Mme Cissé a des ambitions en bonne femme leader au parcours inspirant, dévoilez nous votre sac à projets ?
Je veux toujours relever des défis les plus grands. Pour y arriver, je reste convaincue que le fil conducteur est de continuer à apprendre et m’améliorer afin que mon parcours puisse servir de modèle à d’autres jeunes filles du Niger. Notre prochain projet est déjà en train de prendre forme. Nous sommes très avancées dans les préparatifs de la prochaine édition des 1001 bouffes. Nous avons des projets toujours d’accompagnement des femmes transformatrices et d’autres encore avec nos partenaires qui nous ont toujours fait confiance. Il me serait difficile de dévoiler tout notre sac à projets, mais je peux vous dire que je suis motivée à aller plus loin pour porter le drapeau du Niger.
Réalisée par Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)