
Un kiosque impovisé de 1X-Bet en pleine rue à Niamey
Le jeu par définition est une activité physique ou mentale dont le but essentiel est de se procurer du plaisir, donc c’est un divertissement. Aussi, un jeu lorsqu’il est associé à un exercice intellectuel ou mental, aiguise l’intelligence chez les personnes adultes et éveille cette dernière chez les enfants. Même associé à un exercice physique, le jeu profite beaucoup au corps et lui procure un supplément de santé. Mais en dehors de son caractère divertissant, il y a aussi ses conséquences addictives dont il faut nécessairement se méfier. Ce sont les cas des jeux de hasard. Si une véritable industrie du jeu s’est développée de nos jours et continue à l’être à travers le monde, les enfants africains ne seraient pas en marge de cette nouvelle technologie, avec toutes les conséquences qu’elle comporte.
Depuis quelques années, les jeux d’argent en ligne sont devenus plus facilement accessibles au Niger. On constate une prolifération de divers types de jeux de hasard dont la pratique est mal vue par la société en général, et par les leaders religieux en particulier. Les parieurs sont des jeunes filles et garçons, ainsi que des vieillards qu’on trouve à côté des kiosques pour faire les combinaisons et toutes les probabilités. Les joueurs ont pour but ou espoir de faire fortune en jouant, en misant ou en pariant à ces différents jeux de hasard. Il s’agit, entre autres, des jeux comme 1X-Bet, jeux de Ludo, jackpots, loterie, les jeux de cartes.
Le 1X-Bet est un jeu en ligne ou la personne installe l’application et se rend dans un kiosque de 1X-Bet pour l’ouverture d’un compte qu’il doit alimenter de temps en temps afin de pouvoir parier ou miser. Cette application contient une multitude de jeux sportifs en fonction de l’amateur ou du parieur ; des jeux comme la boxe, le rugby, le tennis, le basket Ball, pour ne citer que ceux-là. Ces types de sites et d’applications apprennent aux jeunes à jouer, en brouillant la frontière entre l’argent réel et le virtuel.
Zakaria Sani, ancien parieur, estime que les sites de jeux d’argent en ligne détectent les habitudes de jeu, les goûts, les habitudes de consommation et l’exposition au risque du joueur. « Les données recueillies sont utilisés pour identifier les joueurs qui dépensent beaucoup et les inviter à s’inscrire aux programmes de privilèges qui existent principalement pour empêcher les joueurs de quitter le site lorsqu’ils perdent de l’argent », a-t-il mentionné.

Amadou Barké est un jeune étudiant âgé de 25 ans, parieur de 1X-bet, qui espère faire fortune. « Je passe tout mon temps à jouer sur 1-Xbet en faisant des matchs qui vont être joués et les joueurs qui vont marquer. C’est un jeu qui est différent de la Loto, car on parie sur des matchs. C’est dire que c’est un jeu qui a ses particularités. 1-Xbet consiste à parier sur les matchs en cours tout en prédisant la victoire ou la défaite en faveur de A ou de B. La somme à gagner dépend du montant misé par le parieur et de l’importance du match ou du combat. Si c’est un grand match comme par exemple entre le Barça et le Réal de Madrid, avec 100F on peut gagner jusqu’à 2.000 F, voire des millions », a-t-il expliqué.
Les salles de jeu sont ouvertes partout dans les quartiers des grandes villes nigériennes comme partout ailleurs. La rive droite autrement dit ‘’Harobanda’’, un quartier du 5e arrondissement de Niamey, vit au rythme de cette technologie.
Moctar Illiassou, élève en classe de seconde, et ses camarades se bousculent autour de deux machines installées sous un hangar pour jouer au jackpot. « Pour jouer, il suffit juste de mettre la pièce de cent franc et attendre le verdict de la machine. Naturellement, soit tu gagnes ou tu perds ! Mais ce jackpot n’est pas un jeu intelligent, contrairement à certains jeux qui nécessitent une réflexion », a-t-il dit.
Depuis un certain temps, l’on constate, dans la capitale Niamey, la prolifération des petits kiosques de jeu de ce genre qui poussent comme des champignons. Rabiou Garba est un jeune âgé de 27 ans qui, à force de jouer, est devenu un accro des jeux de hasard. Aujourd’hui, ce jeune est détenteur d’une vingtaine de jeux jackpot éparpillés un peu partout dans la capitale. « Certains grossistes et détaillants font la commande en Chine, mais moi j’ai payé les miens à Niamey. Le prix varie entre 280.000 et 300.000 F par console de jeux jackpot. Et le jeu se fait avec des pièces d’argent uniquement de 100 F », a précisé Rabiou Garba.
Pour un parent d’élève, témoin anonyme, derrière ce business se cachent des promoteurs qui investissent et confient la gestion à des jeunes adolescents, voire même des mineurs, qui attirent leurs camarades. « Avec une recette journalière qui varie de 40.000 à 200.000 F CFA selon la zone d’implantation, les promoteurs se frottent les mains sans se soucier du danger qu’ils font courir aux enfants mineurs par le non-respect de la réglementation du critère d’âge fixé à 18 ans », a-t-il confié. Une chose qui n’est pas sans conséquence sur la poursuite du cursus scolaire des enfants ainsi que leur rendement à l’école. Une situation qui s’ajoute à l’abus de l’alcool frelaté qui provoque une déperdition des enfants et qui concourt à la baisse de niveau des élèves et à la délinquance juvénile tout court.
Abdoussalam Kabirou (ONEP)