A 72 heures de l’Aîd el Adha ou fête de tabaski, les vendeurs de moutons et les clients jouent à la prolongation. Les marchés de bétail sont plein à craquer, des points de vente de moutons sont visibles partout sur les grandes artères de la capitale et dans les moindres espaces à l’intérieur des quartiers. Cependant, malgré cette abondance des moutons, les clients ne se bousculent pas auprès des commerçants de bétail.
C’est la technique qu’adoptent les habitants de Niamey qui consiste à attendre le dernier moment pour s’acheter leurs moutons. Ils comptent ainsi sur la lassitude qu’engendrerait l’attente chez les vendeurs. Cette année encore, les partisans de cette méthode machiavélique surfent sur l’abondance du bétail sur les marchés et la morosité économique ambiante pour dégoter le jackpot à vil prix.
Mais, c’est sans compter avec la malice et la patience des vendeurs qui les attendent eux aussi au tournant.
Et comme d’habitude, les Niaméens attendent au dernier moment pour se ruer sur les marchés ignorant ainsi une règle élémentaire du commerce. En effet, plus la demande est forte, plus les prix ont tendance à grimper.
Ainsi en cherchant toujours à avoir des moutons à vil prix, on se fait prendre au piège par les revendeurs. C’est une attitude qui est devenue presque permanente alors que tout au long de l’année et même à quelques semaines de la tabaski les moutons sont disponibles et à des prix abordables. C’est à se demander si finalement les revendeurs n’ont pas en face d’eux deux catégories de moutons : les moutons à quatre pattes et nous autres.
Cette attitude qui nous pousse à attendre toujours le dernier moment pour acheter les moutons s’accompagne de stress. A l’occasion, certaines personnes restent jusqu’à des heures indues au marché avec le mince espoir d’avoir un mouton à vil prix. Ce qui ne se réalise jamais. A la fin, certains se résolvent à se contenter d’un bouc barbu ou d’une maigre brebis.
Au fond, pourquoi veut-on à chaque fois gagner au détriment des éleveurs et des vendeurs de bétail ? Alors que lorsqu’on va dans les supermarchés, on ne cherche nullement à marchander. Nous nous accommodons d’une pratique commerciale qui n’est pas la nôtre. Par complexe.
Il faut aussi souffrir que les éleveurs et les vendeurs de moutons vivent aussi de leurs activités. Ceux qui attendent encore le dernier moment pour s’offrir le mouton risquent d’être surpris. Les vendeurs ont compris votre jeu et ils ne sont pas prêts à perdre la partie. Il ne sert à rien de jouer à la prolongation. A malin, malin et demi.
Bonne fête de tabaski à tous.
Siradji Sanda (ONEP)