«Si mes cousins continuent de m’embêter pour cette histoire de Zarma terroristes, je jure que je vais vider Issa Béri pour le déverser dans la vallée fossile de la Tarka ! ». Telle fut la réaction du Général Mahamadou Abou Tarka en réponse aux récriminations sans fin de ses cousins Zarma-Songhoy, suite au tollé soulevé par une insidieuse manipulation faite de l’extrait du discours qu’il a prononcé, le week-end dernier lors d’un forum à Ouallam, et tendant à lui faire dire que ses cousins sont des terroristes. Vite dit, bien dit !
La réplique est venue de Professeur Moumouni Farmo, depuis le Canada :
« Dans Issa Béri, il y a Harakoye Dikko, la Peulh, mère des Tourou de toutes les ethnies : Mahama Sourgou, le Targui, Tchiray, Mala, le Songhay, Dongo, le Bella, Manda, le Haoussa, Musé, le Gourmantché, Farambarou Koda, de Ménaka, pour ne citer que ceux-là. Ils n’accepteront pas que Tarka prive leur mère de sa demeure. Et puis, dans Issa Béri, il y a d’autres gardiens des lieux qui effraient : bagña, l’hippopotame, et karey-tchi, le crocodile », prévient Pr Farmo, sur sa page Facebook.
A son tour, et toujours en réponse au cousin Touareg, un autre ‘’petit chef songhoy’’, Moumouni Hamidou, connu comme étant un invétéré ‘’égratigneur’’ de cousins, renchérit en écrivant sur sa page : « Merci cousin de nous redonner le sourire et de rappeler aux Nigériens l’importance (du cousinage), cet acquis capital que nous ont légué nos coutumes pour la régulation des tensions sociales. Nous sommes tous des cousins les uns des autres !».
Le thé et la viande de bouc (dont raffolent les cousins Touareg) ont fait leurs effets : l’incident est clos ! Et le rire et la raillerie prirent aussitôt le dessus sur la colère, estompant ainsi la bourrasque des protestations. Oui, le Niger c’est ça ! Le dynamisme et la puissance du brassage entre les différents groupes ethnolinguistiques sont tels que tout le pays n’est plus qu’une seule et même famille.
Le Général Abou Tarka le sait bien, et en bon stratège, le ‘’buveur de lait de chamelle’’ a su réguler la tension à sa façon en menaçant de vider carrément les eaux du Issa Béri (le fleuve Niger) pour les répandre plus loin, dans la vallée de la Tarka. Pour les cousins des rives du Djoliba, patentés ‘’mangeurs de Kiéraou’’, la menace est sérieuse ! Car, on se demande bien comment un certain Hamido, qui a passé toute sa vie à ramer sur sa pirogue allant d’un bout à l’autre du fleuve pour pêcher des poissons et couper du ‘’bourgou’’, pourrait survivre à une telle punition. A moins de nouer un nouveau pacte de solidarité avec les cousins du Zarmaganda et se reconvertir en ‘’mangeur de criquet’’. Sinon se contenter des silures des eaux boueuses de la Sirba, du Gorouol et du Goroubi, à défaut des succulents poissons frais charriés par le fleuve. Résilience oblige…
Voilà une histoire qui vient remettre à l’ordre du jour toute l’importance, voire la nécessité, de relancer les manifestations de la Semaine de la parenté à plaisanterie, un rendez-vous du fou-rire et de la raillerie entre cousins, attendu de tous leurs vœux par les Nigériens.
Assane Soumana(onep)