En ce stade de la saison d’hivernage, le supplice des populations nigériennes, ce n’est pas seulement le calvaire lié aux inondations et autres intempéries, mais c’est aussi et surtout les misères des attaques des nuées de moustiques qui envahissent la cité en y disséminant la maladie du paludisme. Ces derniers temps, le paludisme est sur toutes les lèvres. Et il suffit de faire un tour au niveau de nos centres de santé pour mesurerer l’ampleur du désastre. Presque tous nos dispensaires, cliniques et hôpitaux ne désemplissent point de patients fébriles, grelottant d’accès de fièvre aiguë.
Au moins là, l’ennemi public est bien connu et identifié: le fameux anophèle, cette femelle ‘’sorcière’’ du moustique ! Insaisissable et agaçant, ce petit insecte quasi-invisible constitue en lui seul un véritable problème de santé publique en Afrique. En plus du fait que ses piqûres sont douloureuses, l’anophèle dissémine un peu partout des agents pathogènes susceptibles de développer le paludisme ou malaria, ainsi que d’autres maladies bactériennes comme la fièvre jaune. Avec tous ces effets nuisibles, il ne serait pas de trop de classer sa redoutable trompe au répertoire des ‘’armes non conventionnelles de destruction massive’’.
Dire que le Programme de lutte contre le Paludisme a voulu anticiper sur la saison en mettant à disposition des moustiquaires pour les femmes enceintes et des médicaments dans des formations sanitaires pour faciliter la prise en charge des cas simples et sévères, ainsi qu’à travers des actions de sensibilisation. Aussi, ayant mesuré la gravité de la situation à Niamey, les autorités de la ville s’apprêtent à engager une vaste opération ‘’musclée’’ de démoustication pour débarrasser les quartiers de la capitale de la menace de cette bestiole tueuse !
Mais, le combat est loin d’être gagné d’avance. En effet, on constate que, ces dernières années, les moustiques ont sournoisement développé des moyens de résistance aux médicaments, jadis très efficaces dans le traitement du paludisme. Désormais, il faut s’armer d’autres médicaments de pointe, de nouveaux protocoles de traitement et surtout se mettre sous sérum, de longues journées durant, pour guérir du paludisme qui tend à devenir une maladie endémique.
La résistance s’étend aussi aux insecticides sur lesquels nous comptons gagner le combat. C’est comme si, au fil des années, les moustiques ont élaboré des ‘’stratégies’’ pour contourner les moyens de prévention développé par l’homme pour se préserver contre eux et la maladie qu’ils propagent. Ainsi, quand vous les bombardez à coups d’insecticide, ils trouvent les moyens d’en neutraliser les effets. Et si vous vous barricadez derrière les filets de votre moustiquaire ou sous le ventilateur, il y a toujours parmi eux de fins stratèges pour vous atteindre, en volant à rase-motte ou en rampant sur le drap. Des actes dignes de banditisme de grands chemins!…
Assane Soumana(onep)