On connaît tous le fameux dicton qui dit : ‘’laisse mouton courir, tabaski viendra’’. Cette maxime fait plutôt allusion au fait que le mouton est l’animal le plus prisé pour le sacrifice d’Abraham. D’où l’aphorisme ‘’la fête du mouton’’, pour insinuer que c’est le jour où ‘’on fait la fête’’ au mouton. Pris dans ce sens-là, on peut par extension dire que c’est aussi la ‘’fête des acheteurs’’, en l’occurrence les pères de famille, qui se retrouvent pris aux piloris de l’obligation de se procurer du précieux animal. En effet, pour ces derniers, les préparatifs de la fête de l’Aïd El-kébir sont généralement synonymes d’angoisse et de toutes sortes de pénitences. Une fois de plus interpelés sur leurs devoirs impérieux, ils doivent relever le défi de trouver les moyens de s’acheter, ne serait-ce qu’un mouton. A tous prix, même s’il leur faudra enfoncer la main dans un trou habité par un… cobra royal ! Aussi, certains n’hésitent pas à ‘’manager’’, même au mépris de la morale et des principes de l’islam.
La situation est d’autant plus compliquée que, en règle générale, la loi du marché joue presque toujours à l’avantage des vendeurs, par l’entremise des spéculations véreux et aux dents longues qui jouent à plomber les prix au plus haut niveau de la barre. Heureux, comme larrons en foire, vendeurs et spéculateurs ‘’dilans’’ trouvent là une opportunité de rêve pour s’en mettre plein la poche. Une autre fête dans la fête !…
Les clients, eux, doivent se retrousser les manches davantage pour consentir plus de sacrifices. Car, au-delà de l’acte purement religieux, il leur faut aussi amener à la maison un mouton (sinon des moutons) à la hauteur des attentes de madame et des enfants, c’est-à-dire des béliers gros, gras et suffisants par le nombre.
S’y ajoutent également les frais liés à l’achat de toute la panoplie d’accessoires intervenant dans la chaine de préparation du méchoui : couteaux, coupe-coupe, broches, bois de chauffe, charbon, ustensiles, épices, etc. Et même après avoir réalisé la prouesse de réunir tout ça, l’équation est loin d’être totalement résolue. Car l’autre paire de manches reste de pouvoir garder le mouton loin des regards vipérins des sinueux voleurs de mouton, très actifs en cette période. Un véritable parcours du combattant !…
Et ce n’est que le jour ‘’J’’, après moult épreuves, que l’angoisse et le brouhaha des préparatifs et le stress arrivent à s’estomper. Après la prière et le geste proprement dit du sacrifice, à savoir l’immolation de l’animal, l’atmosphère commence à se décanter. Exit le stress, place à la gourmandise ! Pour les voraces et friands de viande tendre, l’occasion est belle pour festoyer. Aussitôt l’animal dépecé, certains se jettent sur les ‘’morceaux choisis’’ pour préparer des brochettes. Aussitôt grillée, la viande est engloutie ! Et, c’est la fête pour tous…
Assane Soumana(onep)