Finalement, l’accalmie (du moins son semblant) qui a régné après la proclamation des résultats du premier tour de l’élection présidentielle n’aura été que d’une très courte durée. Avec l’ouverture de la campagne pour le second tour de la présidentielle les vieux démons de la controverse ont commencé à se manifester. Et, depuis mercredi dernier, avec les déclarations annonçant les alliances en faveur de l’un ou l’autre des deux candidats, l’atmosphère s’est littéralement embrasée avec des messages incendiaires distillés sur les réseaux sociaux.
L’intolérance est à son comble surtout sur WhatsApp et Facebook où les débats sont de plus en plus enflammés. Le moindre ‘’vocal’’ ou post en faveur d’un candidat soulève des répliques et des réactions épidermiques de la part de supporters du candidat d’en face, avec à la clé des salves d’injures et autres critiques acerbes à l’encontre de l’auteur même du post et de leader politique qu’il défend. C’est comme si certains concitoyens se sont trouvés une nouvelle vocation ‘’d’insulteurs publics’’ invétérés. Ces derniers qui semblent avoir érigé le langage de l’injure comme seul mode d’expression, déballent tout de suite leur dictionnaire de ‘’gros mots’’ pour proférer vertement et publiquement des insultes à l’encontre d’autres personnes, pour peu qu’elles ne soient pas en phase avec elles sur un sujet donné.
Et il est déplorable de constater que cet infâme phénomène, qui jusque-là se limitait aux plus jeunes, s’est désormais étendu à certains adultes politiquement engagés. Tandis que les uns se répandent dans les groupes WhatsApp pour ‘’régler leurs comptes’’ aux adversaires politiques à coups de messages vocaux, les autres investissent les groupes Facebook pour bafouer l’honneur de certains acteurs politiques en postant des photos, vidéos ou messages, les uns plus grossiers et blessants que les autres.
Les choses sont telles que, aujourd’hui, plus personne n’est à l’abri de la virulence des diatribes. Ainsi au grès des humeurs des uns et de la déception des autres, des personnalités publiques, des leaders politiques, des chefs traditionnels, des leaders religieux, et autres Nigériens Lamda sont violemment vilipendés et humiliés sans la moindre retenue.
La question, c’est quel héritage voudrions-nous laisser aux générations à venir en termes d’éducation ? L’éducation qui allie l’arrogance et le reniement du respect dû aux autres et surtout plus aux ainés ? Celle qui promeut l’intolérance, l’impudence, bref, l’animosité les uns à l’égard des autres ? Nous estimons que non ! D’où l’impérieuse nécessité de baisser le ton des débats, tout en raffinant notre langage.
Etant entendu et bien compris que nous ne sommes pas obligés d’avoir tous la même opinion sur tout, chacun se doit de faire l’effort de tolérer celle des autres, quitte à défendre nos avis et visions avec des idées et des arguments soutenus, et non pas par des insultes crues et béotiennes.
Assane Soumana(onep)