Décidément rien, ni aucune mesure, aussi draconienne soit-elle, ne peut estomper les feux de la convoitise des lotisseurs privés sur les terres sacrées de la Ceinture Verte de Niamey. Après le durcissement de ton des autorités compétentes ces dernières années, appuyé par une véritable levée de bouclier des acteurs de la société civile engagés dans la protection de l’environnement pour sauver cet immense espace boisé de la boulimie dévorante des vendeurs de parcelles, on était en bon droit de croire que la menace est définitivement levée. Surtout quand on sait que la loi du 8 juin 2004 portant Régime Forestier au Niger et le décret du 9 juillet 2004 portant Protection des Espaces Verts et des Ceintures Vertes souligne clairement que ‘’toute occupation de la Ceinture Verte qui ne fait pas l’objet de déclassement reste et demeure illégale’’. Hélas, ce n’est pas le cas !…
Car, si presque toutes les âmes qui vivent à Niamey savent et s’accordent à reconnaitre que cette Ceinture Verte est un patrimoine commun inviolable, ce parc forestier péri-urbain, les lotisseurs véreux aux dents longues, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. Et aujourd’hui encore, force est de constater qu’il existe des velléités de poursuivre sournoisement l’œuvre de morcellement de grandes portions de cet espace protégé.
Quotidiennement, on peut repérer les va-et-vient de gens qui rôdent dans ces environs avec de potentiels clients. Mais le grand jeu se passe plutôt dans la pénombre de la nuit où, après le passage des géomètres, des gaillards déploient leurs muscles pour creuser, piquer les bornes qu’ils prennent le soin d’enfouir en les couvrant de sable. Idem pour la vente et la présentation des parcelles qui, dans la plupart des cas, se font nuitamment. C’est dire à quel point la menace est encore là, et réelle !
C’est le cas peut-être de rappeler, une fois de plus, toute l’histoire ayant conduit à la germination de la Ceinture Verte de Niamey à tous ceux-là qui rêvent ‘’d’assassiner’’ cette belle végétation pour y ériger un vaste champ de béton. Ce clairvoyant projet environnemental remonte au lendemain de l’indépendance, où les autorités de l’époque soucieuses de promouvoir les boisements urbains pour protéger nos villes, avaient décidé de la création de cette bande verte péri-urbaine large d’un (1) km et longue d’environ 25 km. La constitution de cet espace artificiellement boisé de 2331,35 hectares a nécessité un investissement de plus de trois milliards de FCFA, mobilisé par l’Etat et ses partenaires parmi lesquels l’USAID), le PNUD et la Banque Mondiale à travers l’Agence Internationale pour le Développement (IDA).
Au regard de l’enjeu que pose la préservation de ce riche patrimoine contre la rapacité des impénitents ‘’marchands de terre’’, les services compétents de l’Etat ainsi que les acteurs engagés en faveur de la protection de l’environnement doivent redoubler de vigilance pour déjouer toute manœuvre visant à lotir, ne serait-ce qu’un seul mètre carré de cet espace vert.
Assane Soumana(onep)