
La Première dame, Dr Lalla Malika Issoufou, présidente de la Fondation Tattali Iyali, a procédé, hier matin à l’hôtel Bravia de Niamey, au lancement des activités des fora sur la scolarisation des filles. Cet événement constitue le point de départ des fora régionaux qui permettront à la communauté elle-même d’accélérer les efforts à travers des actions concrètes à l’échelle du village et de contribuer en conséquence à une inscription massive des filles en première année du primaire.
Cette cérémonie témoigne d’un partenariat quadripartite entre le Gouvernement du Niger, le Gouvernement du Royaume de Norvège, la JICA et l’UNICEF. La cérémonie du lancement s’est déroulée en présence du ministre de l’Enseignement Primaire, de l’Alphabétisation, de la Promotion des Langues Nationales et de l’Education Civique, Daouda Mamadou Marthé, du gouverneur de la région de Niamey, Issaka Hassane Karanta, du représentant de la JICA, M. Obata Eihika, de la représentante de l’UNICEF, Félicité Tchibindat, l’Ambassadeur du Gouvernement du Royaume de Norvège, plusieurs autorités régionales et plusieurs acteurs concernés au niveau de la prise de décision, ou dans les actions à entreprendre dans le domaine de la scolarisation de la jeune fille.
L’approche communautaire pour l’Education à travers des fora est une démarche innovante basée sur l’engagement de l’action des Communautés avec le soutien et l’accompagnement des services du niveau déconcentré et les activités territoriales. L’objectif majeur de ces fora est de soutenir la scolarisation et le maintien des filles en milieu rural ; de discuter des problèmes de l’éducation et identifier les solutions possibles à apporter, de prendre des engagements par les différents groupes d’acteurs ; d’établir des liens de partenariat entre les différents acteurs intervenant dans le domaine de l’éducation.
En prenant la parole, la Première dame Dr Lalla Malika Issoufou a invité toute l’assistance à se lever et dire «oui je m’engage pour la scolarisation de la jeune fille » ; elle a également demandé aux participants de s’engager à parrainer une fille en milieu rural. Par la suite, elle a rappelé que ces dernières années, le Niger a enregistré des progrès en terme d’accès des filles à l’école. Ainsi, elle note avec satisfaction : « la signature des 10 engagements en faveur de la scolarisation des filles, par le Gouvernement ; l’adoption du décret portant protection, soutien et accompagnement de la jeune fille en cours de scolarité ; l’élaboration de la Stratégie nationale pour l’éducation, l’alphabétisation et la formation des filles et des femmes ». En effet, a-t-elle ajouté, les efforts vont se poursuivre avec davantage de détermination ; telle est la volonté du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Issoufou Mahamadou, contenue dans le Programme de Renaissance.
Cependant, a affirmé Dr Lalla Malika, il est plus important de maintenir la fille le plus longtemps possible à l’école. « Le maintien des filles à l’école permet de renforcer leur potentiel. Les filles tout comme les garçons se doivent d’acquérir des connaissances et des compétences indispensables à leur réussite tout au long de leur vie », a-t-elle soutenu. Aujourd’hui encore, selon elle, un garçon en milieu urbain a trois fois plus de chance d’être scolarisé comparé à une fille en milieu rural. « Cet état de fait nous interpelle tous. Il nous interpelle parce qu’il s’agit de créer les conditions du développement du capital humain dont notre pays a grandement besoin pour son développement », a-t-elle affirmé.
Dr Lalla Malika a par ailleurs rappelé l’appel des Premières Dames de l’Espace CEDEAO en marge du sommet de l’Union Africaine, tenu en juillet dernier, à Niamey qui, selon elle, doit résonner comme un appel à l’action continue, un appel à créer des synergies de progrès en faveur de l’éducation et particulièrement la scolarisation des filles.
Auparavant, le ministre de l’Enseignement Primaire, de l’Alphabétisation, de la Promotion des langues Nationales et de l’Education Civique, Daouda Mamadou Marthé, a déclaré que la scolarisation des filles reste l’une des voies les plus sûres pour le développement durable et la lutte contre la pauvreté. Pour cela, il affirme qu’il faut lutter collectivement contre un certain nombre d’entraves telles que les mariages précoces, les violences en milieu scolaire ou encore la vulnérabilité des ménages. Par ailleurs, il a soutenu que si toutes les filles étaient scolarisées jusqu’à l’âge de 16 ans au moins, comme l’a souhaité le Président de la République du Niger, les problèmes de malnutrition, de grossesses précoces et rapprochées seraient en grande partie résolus ; «cela permettra à notre pays d’engranger des bénéfices importants, tant sur le plan économique que social et contribuera résolument à accélérer notre marche vers le développement », a-t-il estimé.
Mme Félicité Tchibindat, representante de l’UNICEF au Niger, a affirmé qu’une fille à qui on nie le droit à l’éducation est plus vulnérable à la pauvreté, la faim, la violence, l’abus, l’exploitation et la mortalité maternelle, et c’est aussi un legs qu’elle risque de transmettre à ses propres enfants avant d’ajouter que « nous savons qu’un pays ne peut pas développer son potentiel économique sans la moitié de sa population ».
Avant de finir son intervention, Mme Félicité Tchibindat a prononcé le plaidoyer de deux jeunes filles de 8 et 14 ans, non scolarisées, qu’elle a rencontré lors de son voyage au village de Margou. Ce plaidoyer va à l’endroit des parents, des leaders communautaires, des autorités gouvernementales, des partenaires et la société. «Nous voulons aller à l’école et contribuer au développement de nos familles, de nos communautés et de notre pays. Nous voulons être infirmière, ce médecin qui sauve des vies, cette enseignante qui transmet la connaissance, cette entrepreneure qui donne de l’emploi à d’autres jeunes, cette inventrice qui a participé à e-Takara et qui est devenue Miss Geek Africa, cette artiste qui porte haut le drapeau culturel du Niger » … « Vous avez entre vos mains notre avenir, nous avons en nous l’espoir et le futur du pays. N’éteignez pas la lumière dans nos yeux, ne piétinez pas nos rêves, ne nous laissez pas tomber » : tel est le message de ces deux jeunes filles.
Aminatou Seydou Harouna