Couramment connue sous le nom de la Maternité Centrale, créée en 1929, l’établissement a connu une nette évolution. Lundi 13 août 2018, l’institution sanitaire a reçu la visite des membres de la commission des affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale. En marge de cette visite, nous avons eu un entretien avec M. Laouali Ali, Directeur Général de l’Etablissement. Dans l’interview qui suit, il nous parle de l’exploit de son institution, des difficultés et des défis à relever.
Monsieur le Directeur Général, votre établissement a reçu la visite des membres de la commission des affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale. Quelle lecture faites-vous de cette visite et parlez-nous du fonctionnement des principaux services de la Maternité Issaka Gazobi?
Tout d’abord, je vous remercie de m’avoir accordé cette opportunité de m’exprimer dans les colonnes de votre journal. Je remercie également les députés, membres de la commission des affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale qui ont la sensibilité avérée des questions sociales, effectuant la visite dans notre établissement pour voir de visu nos conditions de travail. Nous remercions aussi l’ensemble des députés nationaux pour avoir mandaté leurs collègues de venir voir ce que nous faisons ici et partager l’information sur nos activités.
Notre établissement a pour mission principale de servir de cadre de référence, d’assurer les prestations gynécologiques, obstétricales, néonatales et post-natales du niveau tertiaire et des activités de planification familiale, d’assurer la protection fœto-maternelle, de servir de cadre de formation et de recherche en gynécologie, obstétrique et néonatologie. Au cours de ce déplacement, nous avons fait visiter les parlementaires, le bloc et la salle d’accouchement où les problèmes sont connus à savoir l’exiguïté des locaux. Pour quatre lits, nous avons souvent 60 femmes admises. Nous devons faire avec pour la simple raison qu’il y a l’humanisme et le respect de l’éthique et de la déontologie de la profession. Pour ce problème, nous avons toujours demandé à ce que les maternités des quartiers périphériques fonctionnent. Niamey dispose d’une dizaine de maternités. A un certain moment , un travail de mobilisation a été fait, mais ces derniers temps nous constatons un relâchement au niveau de ces maternités.
Au niveau du service de néonatologie, en principe, il doit accueillir 23 nouveaux nés; malheureusement, il héberge souvent plus de 60 bébés alors que notre centre est de référence, qui accueille tous les nouveaux nés en détresse, non seulement, ceux qui sont nés à la maternité Issaka Gazobi, mais aussi ceux qui viennent d’ailleurs. Nous avons à ce niveau une préoccupation parce que le service néonatalogie est une vitrine de notre structure. Ensuite, nous avons l’exiguïté des salles d’hospitalisation qui sont fortement sollicitées. Nous disposons de 173 lits pour un besoin qui dépasse 250 personnes par jour. Pour pouvoir héberger les femmes, il faut beaucoup de gymnastiques. Notre besoin minimal en termes de salles est d’au moins 100 lits d’hospitalisation. Il faut souligner heureusement que nous avons des projets pour trouver des solutions à ce problème.
Concernant le problème de réactifs, nous sommes entrain de les solutionner à travers les avis d’appels d’offres lancés, il y a de cela deux mois. Un autre gros problème se situe au niveau de la pharmacie. Sur 10 molécules que contient le kit, nous ne disposons que de quatre. A un moment donné, le problème d’anesthésie se pose au niveau national, aujourd’hui le problème est réglé, mais il demeure chez nous parce que, les moyens manquent. Heureusement, nous avons eu une libération de fonds par rapport aux factures de la gratuité.
En terme de matériel de travail quelle est la situation la plus préoccupante et d’urgence que vous cherchez à résoudre pour le bien-être des patientes ?
Nos préoccupations dans ce domaine commencent par le service de la radiologie. Nous avons des contraintes de fonctionnement des appareils de mammographie qui sont en panne depuis plus de 11 mois. Il nous faut une nouvelle mammographe que le fonds commun du Ministère de la Santé Publique doit nous acheter cette année. Nous avons également une insuffisance notoire d’appareil d’échographie, parce que, notre centre ne dispose que d’un appareil échographe, mais très sophistiqué. Le deuxième se trouvant au niveau des services des urgences ne fonctionne plus. L’appareil de la radiographie quant lui, est tombé en panne, il y a de cela trois ans, malheureusement c’est un appareil qui coûte très cher et il nous faut des ressources financières pour l’acquérir.
Compte tenu, des difficultés que rencontre votre centre sanitaire, est-ce que cela ne joue pas sur la motivation du personnel ?
Nous avons un personnel très motivé que je profite de cette occasion pour saluer leur engagement. Par exemple au niveau de la garde, nous avons instauré un système fiable où les agents travaillent sans relâche pendant au moins 12 heures de temps avant de descendre. Je leur rends hommage pour cet effort. Ceci nous a permis d’arriver au résultat satisfaisant où le taux de mortalité néonatale qui de 13% en 2011 est à 6% aujourd’hui, même si, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise 5%, nous ne sommes pas loin du taux. C’est un travail sérieux qui a été abattu. Toujours dans ce domaine, les agents de la Maternité Issaka Gazobi s’investissent pour réduire également le taux de mortalité maternelle qui de 8% en 2011 est aujourd’hui à 0,72%, alors que l’OMS préconise 1%. C’est un exploit pour le personnel. Cela est arrivé avec la mise en œuvre du système de garde couchée, qui ne se faisait pas dans d’autres formations sanitaires. Ici, le gynécologue obstétricien fait la garde couchée, on n’a pas besoin de le chercher ailleurs, il est à son lieu de travail. Nous avons positionné 12 pédiatres, 9 nutritionnistes et des sages femmes. Cette synergie de travail nous a permis d’arriver à un résultat satisfaisant.
A l’issue de la visite des parlementaires, qu’est-ce que vous attendez d’eux pour l’amélioration de la vie de votre formation sanitaire de référence ?
Nous saluons beaucoup, les autorités de la 7ème République qui ont pu pérenniser la gratuité des soins en cassant la barrière financière à savoir l’accessibilité. Tout de même, nous constatons que le règlement des frais de cette gratuité des soins constitue un problème majeur que le gouvernement doit vite prendre en charge. Donc, notre souhait à travers la visite des parlementaires, membres de la commission des affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale, est qu’ils soient notre porte-parole pour trouver des solutions à tous les problèmes évoqués de la Maternité Issaka Gazobi. Je pense qu’avec leur appui, nous allons trouver le remboursement des factures de la gratuité. Parce que, jusqu’à un certain moment, l’Etat nous devait deux milliards. Dieu merci, il y a un effort qui est entrain d’être fait. Seulement, l’idéal serait qu’à chaque fois qu’on dépose une facture qu’elle soit payée un mois après.
Si non, sur 36 mois, nous n’avons reçu que deux fois de remboursement. Cela joue beaucoup sur le bon fonctionnement de la maternité. Parce que les fournisseurs n’étant pas payés, ils se sont rétractés et malheureusement, nous nous sommes retrouvés en face d’une rupture de certaines molécules. Mais aujourd’hui, dès qu’ils ont appris que nous avons commencé à recevoir les remboursements, ils sont entrain de revenir. Je pense que, cette situation que nous vivons sera décantée. Enfin, après la visite des parlementaires, ils ont affirmé avoir trouvé des agents compétents sur place et qui s’investissent pour assurer un travail de qualité pour satisfaire les patientes.
Réalisée par Seini Seydou Zakaria(onep)