L’année 2020 est en train de tirer à sa fin avec le renouvellement des plus hautes autorités par le truchement des élections générales dans plusieurs pays de l’espace CEDEAO. Cet exercice quinquennal toujours très attendu par la classe politique de ces pays et par les citoyens, cristallise leur attention. A priori, on pourrait penser que puisque les différentes Constitutions de ces pays prévoient le mode de renouvellement de ces autorités, cela se fera sans encombre. Mais dans la pratique, la réalité est tout autre. En Guinée et en Côte d’ivoire par exemple, on assiste depuis quelque temps à une véritable levée de bouclier des opposants à ces deux régimes. Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé au terme de leurs deuxièmes mandats consécutifs ont tous décidé de briguer contre vents et marées un troisième mandat jugé anticonstitutionnel par leurs adversaires politiques.
Et depuis lors, c’est le branle-bas de combat. En Guinée, les manifestations du Front National de Défense de la Constitution (FNDC) ont laissé la place à de nouvelles manifestations plus violentes, celles de l’UFDG de Ceillou Dalhein Diallo, qui conteste en plus de la tentative de Alpha Condé de briguer un troisième mandat, les résultats qualifiés de «tronqués» de l’élection présidentielle de dimanche dernier que la CENI guinéenne est en train de rendre public. Des manifestations qui ont fait à la date d’hier plus d’une dizaine de morts dont deux policiers ainsi que de nombreux blessés. La crise postélectorale est même en train de gagner du terrain en s’étendant dans plusieurs villes de l’intérieur de la Guinée avec comme corollaire des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. A l’allure où les événements évoluent actuellement à Conakry, nul ne peut présager de l’issue de cette crise.
Mais il n’ya pas qu’en Guinée où le 3ème mandat pose problème. En Côte d’ivoire où l’élection présidentielle est prévue pour le 31 octobre prochain, la bataille fait déjà rage entre partisans et adversaires du 3ème mandat. Là encore, on a dénombré plusieurs morts dans des manifestations violentes qui ont émaillé le pays depuis l’annonce de la candidature d’ADO. Et plus on s’approche de l’échéance du 31 octobre, les passions se déchainent davantage plongeant le pays dans l’incertitude. La CEDEAO qui en pareille circonstance devrait intervenir pour contenir les passions des uns et des autres, semble ne pas trouver la bonne formule susceptible de ramener la paix et la sérénité dans ces deux pays.
Au vu de ces inextricables situations dans lesquelles se trouvent empêtrés ces deux pays de la sous région, on mesure toute la portée de la décision maintes fois renouvelée du Président de la République Issoufou Mahamadou, de ne pas briguer un 3ème mandat. Ce faisant, il montre à la face du monde qu’il est un vrai démocrate soucieux du respect de la loi fondamentale, de la paix et de la quiétude de son pays. Toute chose qui a manqué sous d’autres cieux et qui les amène vers des rivages inconnus.
Oumarou Moussa(onep)