Les agriculteurs nigériens doivent comprendre le lien très fort qui existe entre l’environnement et la sécurité alimentaire. Il est clairement établi, qu’au-delà de son rôle dans la lutte contre la désertification et les changements climatiques, l’arbre est un élément très important pour aider à booster la productivité agricole. Sans compter que les produits et sous-produits forestiers jouent des rôles socioéconomiques déterminants, tant en milieu rural que dans les centres urbains. En effet, en temps normal comme en temps de crise alimentaire, les ménages nigériens intègrent de plus en plus les feuilles et fruits de plusieurs espèces forestières dans leur régime alimentaire. Ainsi, des 2.143 espèces de la biodiversité végétale qui ont été inventoriées au Niger, 468 espèces, soit 21,8%, sont exploitées par l’homme dans les domaines variés, comme l’alimentation, la santé, l’habitat, l’artisanat, la culture, le petit outillage agricole, etc. Il est aussi établi que les arbres et les forêts contribuent à hauteur de 25 à 30% à l’alimentation du cheptel. Par ailleurs, les forêts constituent des réserves pastorales stratégiques et des aires de parcage des animaux, notamment pendant la saison des cultures.
De plus, les recherches ont prouvé que certaines espèces ont un rôle important dans l’amélioration et le maintien de la fertilité des sols. Il est généralement admis que la présence du faidherbia albida, connu sous le nom de Gao, dans les champs augmente les rendements de 20 %.
Selon une synthèse Cirad-Orstom-Coraf (Peltier et al, 1996), le cas le plus connu et le mieux décrit et celui des parcs arborés, est celui composé de faidherbia albida ou Gao. Cette plante légumineuse, qui peut atteindre 30 m de hauteur (plus généralement, 15-20 m) et plus d’un mètre de diamètre, a la particularité de perdre ses feuilles en saison des pluies et de ne pas ombrager ainsi les cultures. « Ce cycle phénologique inversé limite les arbres aux sols où les réserves en eau souterraine sont accessibles en saison sèche. Ils installent alors leur système racinaire parfois très profondément, jusqu’à 40 m et plus. Ils puisent l’eau et les éléments minéraux en profondeur et fixent l’azote atmosphérique», explique le rapport de synthèse Cirad-Orstom-Coraf.
La même source nous apprend que le feuillage et les gousses du Gao constituent un excellent fourrage d’appoint qui vient compléter le maigre régime de paille sèche du bétail en saison sèche. « Feuillage sec et fumier des animaux enrichissent le sol superficiel en matière organique et en éléments minéraux, dont l’azote », note-t-on.
Sur la base des travaux des chercheurs et de la réussite de ‘’l’opération Gao’’ dans les départements de Dosso de 1981 à 1984, il a initié au Niger une politique de rénovation des parcs à faidherbia par régénération assistée. « Cette méthode, testée dans les dallols Maori et Bosso respectivement à l’est et à l’ouest de la ville de Dosso consiste à inciter l’agriculteur à repérer puis à sélectionner dans son champ, avant le défrichement pré-cultural, un certain nombre de jeunes arbres issus de semis, rejets ou drageons naturels », explique le document de synthèse.
Assane Soumana(onep)