Située à 510 km de la Capitale Niamey et du chef-lieu de la Région Tahoua, la Commune Urbaine de Birni N’Konni est le chef-lieu du Département de Birni N’Konni. L’entité compte une population de 147 956 habitants repartie dans 56 villages et 9 quartiers. La Commune est limitée au Sud par la République Fédérale du Nigéria, à l’Est par la Commune Rurale de Tsarnaoua, au Nord par la Commune Urbaine de Illéla et à l’Ouest par la Commune Rurale de Bazaga. La population est essentiellement composée d’agriculteurs, d’éleveurs, de commerçants et d’artisans. Dans cet entretien avec le premier responsable administratif communal, plusieurs questions ont été abordées : l’impact de la fermeture de la frontière du Nigéria sur la vie des populations et sur les recettes fiscales de la Mairie, la mobilisation des recettes internes, la jeunesse et les loisirs, les difficultés et les perspectives.
Monsieur le Maire comment se porte la Commune Urbaine de Birni N’Konni ?
Comme vous le savez bien, nous sommes dans un contexte un peu compliqué, surtout avec la fermeture de la frontière du Nigéria. Or, le commerce frontalier domine la majorité des activités de la Commune. Cette fermeture de la frontière a du coup entrainé un ralentissement des activités.
Parlant de cette fermeture de frontière, quel est l’impact aujourd’hui au niveau de la Commune Urbaine de Birni N’Konni ?
L’impact comme j’ai eu à le dire c’est le ralentissement des activités économiques et commerciales, d’où une baisse des recettes pour la Commune. Au-delà de la Commune, la fermeture de la frontière a aussi des impacts sur la population parce que les prix des produits alimentaires et d’autres articles ont augmenté. Donc l’impact est réel et tout le monde le ressent.
Monsieur le Maire, on reproche souvent aux Communes de n’avoir pas fait suffisamment d’investissements, que répondez-vous à cette accusation ?
Je pense que je ne suis pas la voix qu’il faut et qui doit répondre à cette question. C’est plutôt la communauté qui est la mieux placée pour répondre. Je peux me glorifier en donnant une réponse qui n’est peut être pas du tout cela. Mais quand c’est la population qui répond à cette question, c’est sûr, c’est par rapport à ce qu’ils ont vu.
Quelle est la situation des recouvrements fiscaux au niveau de votre commune ?
Là, vous me posez une question à laquelle je peux répondre parce que c’est un domaine qui nous concerne. Vraiment, de la même façon que les autres communes sont confrontées à ce problème d’incivisme, celle de Konni est aussi confrontée à ce problème. D’ailleurs, c’est ce qui freine les investissements. Parce que si aujourd’hui, la population ne s’acquitte pas de ses taxes, je ne vois pas avec quoi un maire peut investir dans sa Commune.
A titre d’exemple, il y’a à peu près deux semaines, nous avons eu à faire une situation globale de l’évolution des recettes de la Commune avec le service recouvrement. Et ce qui nous a été rapporté est très amer. Ainsi à la mi-octobre 2018, sur 52 Garages que compte la ville de Konni, il y’a seulement un seul qui a eu à payer ses taxes. Par rapport à la taxe de voirie, sur les 9 quartiers de la ville, nous n’avons pas recouvré 100 000 francs CFA. Donc avec cette situation, si un Maire n’investit pas est-ce que la faute lui incombe ? Il faut que les gens arrivent à comprendre le bon sens de la décentralisation. Parce que si l’Etat accepte de concéder un certain nombre de ses attributions aux Communes, c’est pour que ces dernières puissent collecter les taxes et investir localement. Mais malheureusement, si les gens ne payent pas leurs impôts et taxes, il n’y aura pas d’investissement.
Est-ce qu’il y’a des actions menées pour sensibiliser les populations sur la nécessité de payer les taxes et impôts ?
Oui, il y’a des actions de sensibilisation que nous menons en collaboration avec les médias pour amener les gens à comprendre l’importance de s’acquitter de leurs taxes. Mais des fois, c’est le contexte qui favorise cet incivisme.
Monsieur le Maire faisant suite à votre réponse, on constate que la ville de Konni fait face à un problème d’assainissement. A qui la faute alors ?
Aujourd’hui, je ne dirais pas non que la ville de Konni n’est pas confrontée à un problème d’assainissement. Vous savez la saison hivernale vient de prendre fin et l’assainissement pendant cette saison est très difficile. C’est ce qui fait qu’on constate un peu une défaillance au niveau de l’assainissement. Mais depuis la cessation des pluies, le service est à pied d’œuvre pour pouvoir dégager les ordures de la Ville. Il faut aussi comprendre que la Mairie est chargée de décharger les dépotoirs. Là, nous faisons face au manque de participation des populations.
Est-ce qu’il y’a des initiatives locales venant de la population en vue de contribuer à la prise en charge de cette question ?
Là, il y’a lieu de remercier certaines personnalités du Département, surtout les honorables députés qui ont, à plusieurs reprise initié et organisé des séances de salubrité. Aussi, au niveau de la Commune, nous avons initié un petit projet qui a pour objectif d’amener les gens à comprendre que la question d’assainissement est une affaire de tous. Nous avons mis les chefs des quartiers au-devant et qui recrutent chacun 20 femmes par jour. Ces femmes balayent dans les quartiers de 8 heures à midi moyennant 1000 francs CFA. Et là où 20 femmes travaillent une journée il doit y avoir un changement.
Une autre couche importante c’est la jeunesse. On a vu qu’il y’a un engouement autour de certaines activités de loisir, mais il manque d’infrastructures à Konni .
C’est vraiment une réalité ce que vous venez de dire, le manque d’infrastructures de loisir pour les jeunes. Mais nous avons un projet conçu pour la reconstruction de la Maison des Jeunes et de la Culture de Birni N’Konni avec un devis de 200 millions de Francs CFA. Nous sommes en train de chercher des partenaires qui vont nous aider à réaliser ce projet.
Quelle appréciation faites-vous du projet de réhabilitation du périmètre hydro agricole de Konni ? Et quelle est le niveau de votre implication dans ce processus ?
Depuis l’annonce de ce projet financé par le MCC il y’a 3 ans, tous les acteurs, dont la Mairie, sont impliqués. Donc, nous sommes pleinement impliqués dans ce processus et nous sommes au courant de tout ce qui se passe. Nous sommes en contact permanant avec le partenaire et avec la population. Aujourd’hui toute la population est informée de ce processus.
Par Siradji Sanda et Ali Maman envoyés spéciaux(onep)