Comme dans d’autres pays musulmans, l’Aïd El Kebir ou fête de Tabaski, communément appelée fête de mouton, a été célébrée au Niger le dimanche 11 aout dernier. Les jours qui ont précédé cette fête, les différents marchés à bétail de Niamey étaient les lieux les plus fréquentés. Même les rues de la capitale étaient envahies par les vendeurs des moutons, malgré l’interdiction des autorités municipales. Les chefs de ménage se sont battus pour se procurer le précieux bélier destiné au sacrifice et cela proportionnellement à leur bourse. Malgré la disponibilité des moutons leurs prix étaient hors de portée. Les béliers du sacrifice, coûtaient de 50.000 à 300.000 voire 500.000 FCFA. Mais du fait de l’abondance des moutons et sans doute de leurs prix élevés, il y a eu une situation de mévente.
Le jour de la fête déjà, par exemple, un mouton qui coûtait 150.000 FCFA la veille était cédé à 80.000, voire 60.000 FCFA. Malgré cette chute drastique des prix, des milliers de moutons sont restés entre les mains des vendeurs. Dimanche dernier, à peine une semaine après la fête de Tabaski, les prix des moutons ont continué à chuter. Doigtant un mouton avec un bon embonpoint, Moussa Issa, un revendeur témoigne : «Avant la fête j’ai vendu un mouton de cette taille à 180.000 FCFA, mais maintenant, je cherche à le vendre à 90.000 FCFA, je n’y arrive pas. D’ailleurs les acheteurs se font rares.
Quant à Illiassou Salifou, un autre revendeur, il tente d’expliquer la cherté des moutons en évoquant le prix d’achat et de transport. Il dit se ravitailler à partir des marchés hebdomadaires de Balleyera, Kargui Bangou, Manguaïzé, Abala et Téra. « Au prix d’achat, qui est déjà élevé à l’origine, le coût de transport est en fonction de la distance et la praticabilité de la route. Il faut préciser que le coût de transport a légèrement augmenté à cause de la fête. Le mouton qui était transporté à 1.000 FCFA, est aujourd’hui transporté à 1500F voire plus», justifie-t-il. Salifou note que les plus bas prix des
béliers oscillent entre 55.000FCFA, 60.000 FCFA, et 70.000FCFA. Pour les moutons moyens les prix varient entre 80.000FCFA, 90.000 FCFA, et 100.000FCFA, etc, tandis que les prix des gros moutons fluctuent
entre 150.000FCFA à 400.000FCFA. «Certes c’est un peu cher pour les gens, mais on y peut rien car il faut aussi qu’on gagne quelque chose », dit-il. Ibrahim Nouhou à plus de soucis à se faire.
«J’ai actuellement 5 moutons invendus, sur les 15 que j’ai amené de Balleyara. J’en ai vendu à 100.000, à 175.000 et même à 210.000 FCFA. Ceux qui restent devaient couter entre 80.000 à 140.000 FCFA mais, à une semaine après la fête, je cède celui de 80.000 FCFA à seulement 35.000 FCFA et celui de 140.000 FCFA à 85.000 FCFA, malgré cela je n’arrive pas à les vendre», se plaint Nouhou. «Le problème maintenant, il faut que je les nourrisse et que je les transporte dans un des marchés environnants pour les vendre. Car après cette fête la valeur de ces moutons est tombée», poursuit-il.
Amadou Maazou, un fonctionnaire, semble connaître la raison de cette mévente. « Cette année, il y a certes une disponibilité de mouton, mais le problème est que les revendeurs des moutons ont placé la barre très haut, en fixant des prix exorbitants et inaccessibles. Ce qui a fait que beaucoup de gens n’ont pas pu s’acquérir le bélier et leurs marchandises leurs sont restées entre les mains. Donc ils n’ont qu’à se plaindre d’eux-mêmes, et de leur cupidité», explique-t-il. Cette année les moutons, sont disponibles et était au rendez-vous mais la mévente aussi. Pourvu que cette expérience serve de leçon aux spéculateurs véreux, toujours obnubilés par l’appât du gain exagéré.
Mahamadou Diallo(onep)