L’éduction est un droit universel. A ce titre, les garçons et les filles doivent avoir les mêmes chances pour l’acquisition du savoir. Malheureusement on constate qu’il y a encore les perceptions négatives ou les stéréotypes par rapport à l’éduction de la jeune fille dans nos sociétés. La survivance de ces clichés fait que de nombreuses filles sont privées de l’éducation, alors que les femmes constituent plus de la moitié de la population nigérienne.
Selon Souley Abdou, parent d’élève, l’éducation de la jeune fille est d’une importance capitale pour la société entière. N’est-ce pas ce qu’affirmait James Emman Aggrey «Eduquer un homme, c’est éduquer un individu alors qu’éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation»? Ceci pour dire que la femme est le fondement de toute société. Or, on constate que jusque-là, il y a des parents qui hésitent à envoyer leurs filles à l’école. Leur principal argument, c’est que la place de la fille se trouve dans le foyer et non à l’école. Quelle vision réductrice à l’égard de la mère de l’humanité ! Pour se convaincre que cette vision est simpliste, il suffit d’interroger l’islam, la religion du plus grand nombre de la population nigérienne qui nous recommande sans distinction de sexe ‘’de chercher le savoir même si c’est en Chine’’.
Abondant dans le même sens, M. Hadi Abdou Salam est éberlué d’entendre des idées saugrenues par rapport à l’éducation de la jeune fille. Sans éducation, l’être humain n’est point différent de l’animal. Selon lui, les défenseurs de cette thèse antihumaniste ne sont ni plus ni moins que des «ignorants» car, ajoute-t-il, tout comme les garçons, les jeunes filles ont bel et bien droit à l’éducation. L’instruction contribue à l’émancipation de la jeune fille et lui permet d’échapper à des contraintes comme le mariage précoce et ses corollaires. Mieux, l’éducation aide aussi la jeune fille à être indépendante en ayant son propre revenu. L’instruction de la jeune fille permet de réduire la pauvreté dans la communauté. Et il y’a bon nombre de femmes qui ont réussi dans le monde. «Je pense qu’elles doivent servir d’exemple à la jeune génération. J’exhorte les parents à inscrire leurs filles à l’école afin de leur garantir un bel avenir», a suggéré M. Hadi.
Le témoignage de Dayaba Ali, une jeune infirmière qui habite à Niamey est assez édifiant et poignant par rapport à la perception que certains parents ont de l’éducation de la jeune fille. «J’ai été victime des personnes qui ignorent l’importance de l’éducation de la jeune fille car, de toute ma famille il n’y a que mon père qui était pour mon éducation. Les gens de chez nous n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. C’est pourquoi, ils sont réticents à inscrire leurs enfants à l’école. Ils s’opposent carrément à l’éducation de la jeune fille car, pour eux, elle n’a sa place qu’au foyer. Chaque fois que je reviens passer mes vacances, les gens me décourageaient en portant des critiques acerbes sur l’école et les jeunes filles qui la fréquentent», a témoigné Mme Dayaba Ali. «En plus, ils n’hésitent pas à m’envoyer des phrases décourageantes comme celle-ci: « Tu ferais mieux d’aller te marier avant qu’il ne soit trop tard », a-t-elle ajouté. Heureusement, il y a son père pour l’encourager à ne pas céder aux discours négationnistes. «Après l’obtention du BEPC, je suis orientée vers les études professionnelles. C’est ainsi que j’avais entrepris une formation en santé. Actuellement, je suis infirmière dans un hôpital. Le temps leur a donné tort, je gagne bien ma vie. Etant mariée, j’aide mes parents grâce à mon revenu mensuel. Je pense que l’éducation de la jeune fille est un plus aussi bien la sa famille que pour la société toute entière. J’exhorte les parents d’enfants à inscrire davantage leurs enfants», a-t-elle lancé.
Harouna Souley Abdourazak(Stagiaire)