Le souchet est pour Tchadoua, ce qu’est l’oignon est pour Galmi. Mieux, dans leur langage, certains responsables de la Commune Rurale de Tchadoua n’hésitent d’ailleurs pas à dire ‘’notre or’’ parlant du souchet. Ce qui est juste, tellement la production de souchet est importante à Tchadoua. C’est aussi une activité qui occupe beaucoup de personnes de la culture à la récolte. Le Président de la délégation spéciale de Tchadoua M. Labo Mahamadou confirme que de la production à la commercialisation, le souchet rapporte beaucoup aux populations. Les grands producteurs peuvent exploiter jusqu’à plus de 100ha de terre pour la culture du souchet. Ce qui fait dire à M. Maazou Gambo, chef du district agricole de Tchadoua, que « c’est le poumon économique des paysans ». A Tchadoua, on distingue deux variétés qui sont locales : les grands et les petits souchets. Toutes les deux variétés de souchet sont cultivées en juin et récoltées en octobre.
Malheureusement, aujourd’hui encore, la production du souchet ne connait aucune nouvelle technique selon Maazou Gambo qui explique que c’est la technique paysanne qui est encore utilisée. Cette technique qui selon le chef du district agricole de Tchadoua consiste à mettre du feu, autrement brûler le sol avant de récolter, n’est pas sans conséquences sur la fertilité des sols. En clair d’après Maazou Gambo, «c’est une technique qui épuise le sol». En plus, «la culture du souchet qui est faite sur des sols sablonneux demande beaucoup d’engrais». Il estime de 8 à 10 sacs, la quantité nécessaire selon la nature du sol pour une campagne. Avant, se rappelle Maazou Gambo, c’est la Caïma qui vendait de l’engrais plus apprécié.
Le chef du district agricole de Tchadoua, déplore aussi «le fait qu’au plan technique, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de recherche en la matière». Il est temps selon lui de réfléchir sur comment produire du souchet à moindre coût ? Cette question mérite d’être posée, parce que «la filière souchet n’intéresse pas les partenaires» selon M. Maazou Gambo.
L’autre préoccupation liée à la production du souchet à Tchadoua est sa commercialisation. En effet,
« malgré les importantes quantités de souchet produites dans cette localité, il n’y a qu’un seul débouché : le Nigéria. Une petite quantité est destinée à Zinder et au CCIN de Maradi », précise le chef du district agricole de Tchadoua. Le président de la délégation spéciale de Tchadoua abonde dans le même sens en affirmant que la filière souffre d’un manque de structuration. «C’est de l’informel» précise M. Labo Mahamadou qui en a fait une préoccupation depuis son installation à Tchadoua. Pour lui, il est en effet temps de trouver une structure plus formelle qui fera en sorte que grâce à sa production de souchet, Tchadoua soit connu même à l’extérieur du Niger. Pour le moment la réflexion continue. L’espoir est toutefois permis avec la construction du marché de demi-gros à Tchadoua.
Mais au niveau des paysans, le découragement semble se dessiner.
«Dans les zones habituelles, la production baisse », affirme M. Maazou Gambo. Comment peut-il en être autrement quand les paysans se retrouvent à la récolte avec une quantité importante de souchet sur les bras sans débouché ? Comment peut-il en être autrement, quand ils sont contraints de brader le fruit de leur labeur ? Comment surtout peut il en être autrement, quand on apprend que les producteurs de souchet dans leur majorité déversent leur production à vil prix chez le voisin du sud qui les conditionne automatiquement dans d’autres sacs avec son emblème avant de les exporter et de les revendre à grands prix ?
Aucun signe du Niger, pourtant producteur. Aucun avantage pour les paysans nigériens qui deviennent des consommateurs de leurs propres productions parce qu’il semble que le souchet produit au Niger sert à plusieurs utilisations. C’est avec amertume qu’on apprend que quelques grains de souchet d’une valeur peut être de 100 ou 200 FCFA sont revendus à 5000FCFA hors du Niger. Un peu comme pour le violet de Galmi. Quand est ce que les Nigériens vont arrêter de réfléchir, de produire pour enrichir d’autres ?
Par Fatouma Idé, envoyée spéciale(onep)