Mobilisation de ressources supplémentaires pour améliorer l’assistance humanitaire et le développement : L’UNICEF et le Ministère de la Communication, en collaboration avec l’Union Européenne, l’ECHO, l’Allemagne, l’Italie et le Ministère de l’Action Humanitaire, ont co-organisé une mission de documentation des médias sur le plaidoyer national pour la conservation des acquis des interventions nexus dans la région de Diffa. La mission de 48 heures a permis à la délégation d’apprécier de manière concrète ce qui a été fait sur le terrain afin de prendre des décisions visant à améliorer les prestations qui sont offertes aux populations.
La région de Diffa est depuis le 6 février 2015 confrontée à des crises humanitaires suite aux attaques perpétrées par Boko Haram ayant occasionné le déplacement massif interne des populations du Nigéria voisin. A cela s’ajoute le mouvement des populations victimes des inondations suite au débordement des eaux de la Komadougou Yobé.
En effet, l’Etat et ses partenaires ont mobilisé des ressources permettant de porter assistance aux personnes déplacées dans la région de Diffa. Notons que l’action de l’UNICEF et ses partenaires sur le terrain est perceptible à travers des actions ayant contribué à répondre aux besoins le plus urgent des personnes affectées. Malgré les moyens d’assistance déployés, il a été relevé des insuffisances qui nécessitent entre autres le déploiement des ressources supplémentaires pour répondre aux besoins des populations concernées.
C’est pourquoi, une mission de l’UNICEF et du Ministère de la Communication comprenant des donateurs, à savoir l’Union Européenne, l’ECHO, l’Allemagne, l’Italie, a séjourné dans la région de Diffa pour constater de visu les réalités sur le terrain et échanger avec les autorités locales ainsi que les populations bénéficiaires. A cet effet, la mission a visité le CRENI du Centre de la Mère et de l’Enfant de Diffa (CSME), le Centre de Prévention, Promotion et Protection des Enfants (CEPPP) avant de terminer avec le Village d’Awaridi situé à la périphérie de la Commune Urbaine de Diffa.
Pour ce qui est du CRENI du CSME, les partenaires ont visité le centre qui compte aujourd’hui une dizaine d’enfants. Au cours de cette visite, les donateurs ont reçu des précisions de la part des responsables dudit centre concernant son fonctionnement avant de relever le manquement qui nécessite des réponses appropriées.
Selon Dr Seydou Amadou, médecin pédiatre, responsable de CRENI pédiatrique du CSME de Diffa, le nombre d’enfants touchés par la malnutrition sévère qui ont moins de 5 ans dépasse le seuil d’alerte à savoir 10%. Parlant de la prise en charge des enfants malnutris, il a indiqué que le centre est doté d’infirmiers, d’assistantes nutritionnelles, de médecins et deux médecins pédiatres qui sont affectés par l’Etat assurant la prise en charge optimale des enfants malnutris sévères. Pour ce qui est du circuit de prise en charge, l’enfant doit d’abord transiter par l’urgence pédiatrique avant d’être accueilli au niveau du CRENI.
Une fois admis au CRENI, l’enfant doit passer par la phase de stabilisation. En outre, il a noté que l’UNICEF qui a des partenaires stratégiques au niveau du CRENI, appuie le centre en intrants notamment les aliments appropriés qui sont destinés aux enfants malnutris. Dr Amadou Seydou a également ajouté que l’UNICEF met à la disposition du centre des médicaments pour les enfants malnutris sévères avec complication. Hormis le soutien matériel, il a mentionné que l’UNICEF contribue à la formation des agents du centre.
En 2019, l’UNICEF a assuré deux formations dans le cadre de la prise en charge des enfants hybisévères, et la formation des agents en alimentation du jeune nourrisson et de l’enfant au CRENI. Parlant des insuffisances, Dr Amadou Seydou a mentionné entre autres le manque de chaine de froid permettant de compléter la vaccination des enfants qui ne sont pas admis au centre. Selon lui, ils ont besoin de la chaine du froid pour pouvoir rattraper toutes les vaccinations des enfants qui viennent d’être admis au centre.
Il a également deploré le manque de ‘’l’Unité Kangourou’’. Cette unité, a-t-il expliqué, permet de prendre en charge les enfants prématurés pour leur éviter l’hypothermie. Ajoutons également que la salle des jeux qui est un outil important dans un CRENI, celle du CSME de Diffa n’est pas opérationnelle, et pourtant elle est importante dans le cadre de stimulation des enfants. Il a lancé un appel à l’UNICEF et ses partenaires de créer les conditions pour que cette salle soit opérationnelle.
Après avoir visité le CRENI du CSME, la délégation s’est rendue au CEPPP où une centaine d’enfants issus des couches défavorisées étaient en train de jouer aux divers jeux. C’est un cadre récréatif qui offre des opportunités aux enfants venant des familles défavorisées de s’épanouir. Le centre qui a été créé le 16 Juin 2017 reçoit du lundi au vendredi près de 100 enfants par jour. La majeure partie des enfants sont issus des quartiers périphériques, et des familles déplacées. Le centre qui est installé au quartier Plateau est un eldorado pour les enfants des couches défavorisées.
Selon la Directrice régionale de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Hassane Tchima, l’UNICEF a créé ce centre en vue de prendre en charge les enfants qui sont en difficultés surtout les enfants qui ne sont pas scolarisés. Les enfants qui ne vont pas à l’école viennent au centre pour se récréer sachant qu’il y a des jeux auxquels ils ne peuvent accéder à la maison ou dans les quartiers. Elle a salué les efforts de l’UNICEF en matière de la protection des enfants dans la région à travers diverses actions.
Pour sa part, la directrice départementale de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Sani Harika Aya, elle a expliqué que ce centre a été mis en place afin de s’occuper des enfants issus des familles vulnérables. Il s’agit des enfants qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, ou des enfants déscolarisés. Le centre s’occupe des enfants issus de trois tranches d’âge à savoir ceux de 3 à 5 ans, 6 à 12 ans, et enfin la tranche de 12 à 15 ans. Selon elle, l’objectif est d’encadrer les enfants à travers des jeux qui sont organisés au centre pour que les enfants puissent avoir des esprits ouverts.
Mariama Mari Boulama, animatrice au CEPPP, a 3 ans d’animation au Centre, sensibilise les enfants sur les bonnes pratiques, à savoir la culture de la paix, la tolérance, la solidarité, etc. Elle a souligné que les enfants qui fréquentent le centre sont satisfaits des moyens mis à leur disposition en vue de se récréer du fait que les jeux éveillent l’esprit. Elle a confié que les enfants s’adonnent entre autres aux activités sportives, les jeux manuels, les jeux sensoriels, etc.
Notons que le centre est ouvert le matin de 8 heures à 12 heures, et le soir de 15 heures à 17 heures. Chaque jour le centre bat au rythme de l’ambiance électique attirant des enfants. Pour ce qui est des difficultés auxquelles le centre est confronté, Mme Sani Harika Aya a souligné le manque de prise en charge des enfants contrairement aux autres centres qui assistent les enfants en leur offrant des plats à certaines heures.
La jeune Fati Mahamadou, âgée de 14 ans, a indiqué avoir profité de ses heures libres pour venir jouer au centre. Elle est heureuse du cadre qui a été créé. Selon elle, elle vient pour rencontrer des amies, et s’amuser à la balançoire, au lido parce qu’elle n’a pas eu la chance de les avoir dans son quartier d’Ajiméri.
Quant à Mohamed Aba, il est élève en classe de 3ème, il a aussi profité de son temps libre pour venir se distraire. Il a par ailleurs apprécié l’importance de ce centre qui offre des opportunités à des jeunes pour s’épanouir. Il a dit avoir joué au football avec ses amis et les autres jeunes qu’il a trouvés sur place.
Le village d’Awaridi a constitué la dernière étape de la visite entreprise par la délégation qui a séjourné dans la région de Diffa. La délégation a visité le forage du village, l’école, ainsi que la Case de Santé. L’appui de l’UNICEF et de ses partenaires a permis d’atténuer la souffrance des populations locales auxquelles se sont ajoutées les personnes déplacées. Le village d’Awaridi qui comptaient environ 700 personnes en 2012, a vu son nombre se multiplier suite au mouvement des populations ayant fui les attaques de Boko Haram et les inondations.
Le Directeur régional de l’Hydraulique et de l’Assainissement de Diffa, M. Seydou Mato, a expliqué que dans le cadre de nexus humanitaire développement, l’UNICEF et ses partenaires ont procédé au renforcement de la capacité du château d’eau du village. Il a confié avoir triplé la production d’eau au niveau du site d’Awaridi. Il a par ailleurs notifié que grâce au soutien de l’UNICEF, ils ont mis à la disposition des différents usagers de l’eau 8 bornes fontaines et mobilisé les partenaires pour assurer la question d’hygiène et d’assainissement à travers la construction des latrines publiques et familiales.
Il est vrai que l’UNICEF, qui fait des efforts dans ce domaine, a construit 23 latrines publiques, et 1.100 latrines d’urgences qui sont construites dans les ménages. M. Seydou a indiqué avoir profité pour raccorder l’école, et le CSI d’Awaridi. Il a par ailleurs témoigné que l’expérience d’Awaridi devrait servir d’exemple pour les autres sites.
L’Ecole d’Awaridi comptait à l’année académique 2018-2019 155 élèves ; avec le mouvement de masse, l’école compte cette année 846 élèves dont 545 filles et 301 garçons, a déclaré Mme Fanna Mani, directrice de l’école d’Awaridi. L’école qui a été créée en 2007 comprend aujourd’hui 21 salles de classes dont 3 salles en matériaux définitifs. L’école est composée d’une maternelle, une classe passerelle.
Le personnel comprend 25 enseignants dont 18 femmes. Ajoutons que les élèves vivent dans un système de cantine. Ils bénéficient de deux repas par jour. Malgré les efforts déployés par l’UNICEF et ses partenaires, la directrice de l’école ainsi que le Chef dudit village ont déploré le manque de clôture de l’école, celui des tables-bancs, les magasins destinés au stock de vivre, le réfectoire pour les élèves, etc. Elle a confié la clôture de l’école est essentielle pour mieux sécuriser les élèves.
Par ailleurs, l’UNICEF appuie la case de santé d’Awaridi à travers la formation des relais sur l’Alimentation du Nourrisson et de Jeune Enfant (ANJE), la dotation en médicaments essentiels génériques, la vaccination. Précisons que les relais qui sont formés aident les agents de la case de santé à sensibiliser les mères ou les gardiennes d’enfants sur l’alimentation du nourrisson, la prise en charge de la malnutrition modérée, etc.
A l’issue de la mission, M. Gwilym Jones, Chef de Coopération de la Délégation de l’Union Européenne au Niger, a dit avoir constaté sur le terrain d’importants besoins des populations en matière de nutrition, de la santé, de l’eau, malgré les efforts qui ont été déployés. Selon lui, il faut travailler étroitement avec le gouvernement afin d’avoir des stratégies durables pour y faire face. Il a par ailleurs rassuré qu’ils seront présents tant sur le volet humanitaire que sur le volet développement à travers des approches intégrées pour appuyer les populations.
Le ministre de l’Action Humanitaire et de Gestion des Catastrophes, M. Laouan Magagi, a apprécié la présence remarquable des partenaires qui accompagnent la région de Diffa. En outre, il a confié que les partenaires sont à pied d’œuvre pour soutenir les efforts du gouvernement en vue de contenir la situation bien qu’elle a duré cinq ans. Il a remercié l’UNICEF ainsi que ces partenaires et les donateurs qui œuvrent pour le bien-être des populations.
Pour sa part, la représentante résidente de l’UNICEF, Mme Félicité Tchibindat, a souligné que cette mission consiste à venir constater avec les partenaires techniques et financiers les réalisations sur le terrain dans le cadre de tout ce qui concerne l’assistance humanitaire et le nexus humanitaire développement. Elle a confié que cette année, les besoins sont plus élevés du fait que la situation dans d’autres localités se détériore ; «c’était urgent pour nous de venir ensemble rencontrer les personnes qui ont bénéficié, les enfants en particulier, et les personnes vulnérables en général, et en même temps voir ce qu’on peut faire mieux en vue de continuer à accompagner la région pour tout ce qui est à la fois assistance humanitaire et nexus développement», a-t-elle déclaré.
Laouali Souleymane, Envoyé Spécial(onep)