Promotrice d’une agence de communication Zara Production, Leyhana Seyni Issa a une licence en réalisation production et un master en communication pour le développement au Niger. Elle a reçu quelques formations de renforcement de capacités à l’extérieur du pays précisément aux États-Unis, en France, au Burkina Faso et au Sénégal. Elle fait partie de cette jeune génération d’artistes nigériens qui croient fortement à la caméra et au pouvoir des images. Leyhana figure aussi parmi ceux-là qui font parler de notre pays au-delà des frontières. Le cinéma a fini par être pour Leyhana, une passion. En marge des activités du FESPACO, elle a raflé le premier prix, le prix du meilleur jeune leader engagé en faveur de la paix et la sécurité en Afrique. C’était ‘’ lors du forum des jeunes du G5 Sahel sur la paix et la sécurité ’’ tenu le 15 octobre 2021 au Burkina Faso.
Organisé par le G5 Sahel, ce trophée est la consécration de son travail, son engagement en faveur de la paix et la lutte contre l’extrémisme violent. Quelques semaines après, elle revient avec beaucoup d’émotions sur cette
récompense.
‘’Ce prix, je le considère comme une récompense, un encouragement de mes efforts et de mes désirs de raconter des histoires touchantes. J’espère que les jeunes nigériens et nos partenaires vont se joindre à nous pour mener le seul combat qui vaille, celui d’éradiquer l’extrémisme violent’’ affirme-t-elle.
Cette participation au forum est un signe d’espoir pour tous ces jeunes réunis à la conférence. Une belle occasion pour le partage des expériences et les bonnes pratiques afin de trouver ensemble des solutions aux problèmes qui freinent le développement du Sahel. Le forum qui a réuni 300 participants dont des délégations de chacun des pays du G5 Sahel.
Avec son esprit de créativité et de réflexion féconde, Leyhana élabore des projets qu’elle n’hésite pas à proposer aux institutions. Elle vend certains et d’autres, elle les met en œuvre avec l’appui de ses partenaires. Certaines institutions font appel à elle pour gérer des projets ou réaliser des films institutionnels.
« Le film qui m’a beaucoup marqué est » Ousseina : une vie pas comme les autres ». C’est un film documentaire, professionnel qui raconte l’histoire d’une fillette abandonnée dans un orphelinat dès sa naissance. A 12 ans, elle est devenue courageuse, bruyante et intelligente à l’école. Placée dans une famille d’accueil, elle perdait l’usage de ses jambes suite à un accident. Cette fille est décédée à la veille du tournage. Le film qui est sensé parler de l’orphelinat est donc transformé en un film d’hommage rendu à titre posthume à Ousseina » raconte-t-elle avec regret.
Ensemble pour la paix au Niger
Elle est actuellement sur un projet, une caravane nationale de sensibilisation des jeunes sur le méfait de l’extrémisme violent au Niger dénommée,
« JE SUIS LA PAIX ».
C’est sous le parrainage de la Haute Autorité de la Consolidation de la Paix (HACP). Elle est d’ailleurs à la recherche de partenaires pour accompagner le projet au Niger. Ledit projet bénéficie du soutien technique du ministre de la Culture et c’est un film qui sera copié dans la sous-région en collaboration avec les organisateurs du forum G 5 Sahel. Avant cela, elle souhaiterait si possible le mettre en œuvre au Niger avec l’appui des partenaires. Certains se sont déjà prononcés et elle attend encore que d’autres se manifestent.
Ce projet est selon elle, sa contribution à l’édification de la paix. Dans ses productions, Leyhana véhicule des messages de paix et de tolérance. Elle aborde sans ambages des thèmes qui collent à l’actualité notamment la paix et la sécurité. « Ce sont là des mots qui me touchent énormément, j’ai toujours été sensible à la question du sens des films, de leur portée qu’elle soit sociale, politique ou culturelle. Il faut savoir que faire des choix de film n’est pas facile surtout lorsqu’on veut parler de certaines thématiques. A travers mon métier, je joue des films de paix, de cohésion sociale dans la perspective de faire baisser les tensions, les conflits communautaires, revenir à l’ancien temps, un Niger des années 1980. Cette distinction que j’ai reçue va booster ma carrière artistique, rendre visible mes actions et donnera une forme de crédibilité à mes productions » se
réjouit la jeune leyhana.
Elle a, à son actif une trentaine de productions. « Mes films parlent de la paix parce que je m’inspire de l’artiste chanteuse Aichatou Dan kwali qui a chanté pour la paix, la cohésion sociale et qui a su galvaniser nos troupes sur le front. Leyhana a eu la chance d’avoir le soutien de sa famille surtout celui de sa maman lorsqu’elle était en vie. Cette mère, je l’aime tant, J’ai également eu la chance de rencontrer des bonnes personnes au bon moment. ».
Ses collaborateurs sont ses amis, ses connaissances, les personnes qui acceptent volontairement de filmer ou d’être filmés.
« Au niveau du secteur culturel, les difficultés sont nombreuses. On note le manque de formations adéquates, le manque d’infrastructures pour les productions, le manque de ressources financières et humaines. Et comme contraintes, nous prenons trop de risques en sillonnant certaines zones et en voulant presque tout filmer. Côté financier, nous avons énormément de problèmes, pour disposer de notre propre local pour pouvoir mener à bien nos activités », a-t-elle expliqué.
Depuis un certain nombre d’années, il n’y a pas eu de grands changements, mais elle salue l’effort et la contribution des artistes professionnels qui se battent quotidiennement pour animer le cinéma nigérien. Ils essaient de mettre sur la sellette leur bagage professionnel, leurs expériences et leurs moyens pour faire bouger les lignes. Comme modèles, Leyhana a parlé de Oumarou Ganda qui l’a beaucoup marqué. Ses films dit-elle inspirent beaucoup.
Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)