Monsieur le Haut-Commissaire, votre institution est un organisme public de réflexions et d’appuis-conseil en matière de réformes de l’Etat. Vous êtes actuellement à DIFFA où vous conduisez personnellement une mission composée de plusieurs experts en vue de dispenser une formation pratique aux Directeurs Régionaux des services déconcentrés de l’Etat (STD). Pouvez-vous nous préciser les thèmes et les objectifs de cette formation ?
Avant de répondre à votre question, je dois vous dire que j’apprécie à sa juste valeur l’opportunité que vous me donnez pour entretenir les Nigériennes et les Nigériens sur les activités que nous menons sur le terrain dans le cadre des appuis aux administrations déconcentrées de l’Etat. L’objet de notre mission en cours dans la Région de DIFFA est d’organiser une formation des Directeurs Régionaux des services techniques déconcentrés de l’Etat (STD) sur l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques basées sur des données probantes. Notre objectif est de renforcer les capacités des Directeurs Régionaux à assumer convenablement leurs missions dans le contexte actuel où les autorités de la 7ème République, accordent la primauté à la promotion du développement local. Il s’agit d’une formation sur une approche moderne, donc récente, utilisée pour assurer la qualité en matière de formulation, de mise en œuvre et de suivi et évaluation des politiques publiques dans notre pays et même dans la conduite des activités classiques. Cette approche repose sur la production et l’utilisation des données et informations fiables, remplissant les exigences de validité interne et externe d’une part et d’indépendance, d’objectivité et de vérifiabilité d’autre part.
Monsieur le Haut-Commissaire, peut-on savoir pourquoi ce regain d’intérêt pour la qualité des données et informations destinées aux décideurs ?
Dans ce contexte particulier où le Niger est entré de plein- pied dans l’approche programme basée sur les résultats de développement, il est tout à fait justifié que notre pays cherche à améliorer la qualité des choix des politiques
publiques, la pertinence des orientations stratégiques et l’efficacité dans leur mise en œuvre. Dans cette perspective, nous recherchons une amélioration de la disponibilité et de la qualité des informations et données produites de manière à mieux renseigner l’évaluation des progrès dans l’atteinte des objectifs de développement et à améliorer la qualité de la gouvernance. Ceci est d’autant plus logique que notre pays s’est doté, depuis 2019, d’une politique Nationale de l’Evaluation. C’est seulement à cette condition que notre pays pourra améliorer la qualité des indicateurs d’effets et d’impacts particulièrement l’indice de développement humain (IDH). N’oublions pas que les données probantes sont des données qui procurent une confiance relative en la véracité d’une proposition qui ne peut ni être logiquement prouvée, ni directement démontrée par l’observation empirique. Ce sont donc des leviers importants de la promotion d’une gouvernance de qualité.
Nous voulons créer chez les managers Nigériens des temps modernes le réflexe de rejet des simples opinions et déclarations ou affirmations caractérisées par la subjectivité et la partialité au profit de l’utilisation des données et informations de qualité prouvée dans la prise des décisions. En définitive, cette formation a pour objectif général de contribuer à l’amélioration des capacités des administrations déconcentrées de l’Etat à concevoir et à mettre en œuvre des politiques publiques grâce à l’utilisation des données probantes. Il s’agit plus spécifiquement de donner aux directeurs régionaux les outils techniques dont ils ont besoin pour améliorer leurs capacités opérationnelles en matière d’élaboration, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques publiques basées sur les données probantes.
L’équipe mobilisée pour remplir cette mission semble multidisciplinaire. Quelle est sa composition exacte ?
Fidèle à notre approche participative et à notre ferme conviction sur l’importance de créer un climat de collaboration entre les institutions publiques pour faire face aux grands défis qui se posent à notre administration, nous avons pris soin de mobiliser toutes les parties prenantes intéressées par les objectifs présentés plus haut. Il faut préciser que la session de DIFFA est la sixième d’une série de formations programmées après celles de Maradi, de Dosso, de Niamey, de Zinder et d’Agadez. Outre les experts mobilisés pour animer ces formations, les équipes comportent des cadres de haut niveau provenant des ministères et institutions comme le Ministère du Plan, le Ministère de la Fonction publique et de la Réforme Administrative, le Cabinet du Premier ministre, le Ministère chargé des Relations avec les
Institutions, le Ministère de l’Aménagement du Territoire et du Développement communautaire, le ministère en charge du Tourisme et de l’Artisanat etc..
Quelles sont vos attentes à la fin de la formation ?
Nous attendons en particulier que les Directeurs Régions acquièrent les connaissances qui leur permettront de produire et d’utiliser des données probantes dans le cadre de leur travail principalement dans la gestion des processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques. Au vu de leurs hauts niveaux de compétence et d’engagement responsable, nous pouvons déjà affirmer qu’ils seront capables d’appliquer les méthodes et outils dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques basées sur les données probantes. Ils sauront par ailleurs identifier les opinions et autres susceptibles d’influencer négativement leurs ambitions et particulièrement le processus de formulation et d’évaluation des politiques publiques tout en demeurant exigents quant à la démarche qualité dans la production et l’utilisation des données probantes.
Réalisé par Mato Adamou ONEP /Diffa