Monsieur le président, la Région de Diffa accueille cette année les festivités de la fête tournante du 18 décembre 2020, quel est le niveau d’implication du Conseil Régional dans l’organisation de cet événement national ?
Le conseil régional de Diffa qui a en charge le développement économique, social et culturel de la région est fortement impliqué dans l’organisation de ce grand événement national qui est la célébration du 62ème anniversaire de la proclamation de la République le 18 décembre 2020 à Diffa avec une forte mobilisation de ses représentants dans toutes les commissions de Diffa N’GLAA.
L’insécurité qui sévit dans la région de Diffa a fortement impacté la mise en œuvre du Plan de Développement Régional, quelles sont aujourd’hui les principales activités de relance économique sur lesquelles vous vous concentrez avec l’accalmie qui prévaut ces derniers mois ?
Le Plan de Développement Régional (PDR) 2016-2020 est élaboré en 2015. Le coût global est de 500 Milliards de FCFA et il situe le niveau de besoin pour booster les indicateurs de la Région. Cependant dès 2015, la guerre a sévi dans la région. En 2019, le Conseil Régional a pris une délibération pour actualiser le PDR. Avant toute actualisation, un bilan de mise en œuvre doit être réalisé. Ce bilan réalisé sur les quatre (4) années (2016 à 2019) nous a donné un taux d’exécution de 18,51%. Après analyse de la situation, on s’est rendu compte que nos partenaires sont beaucoup plus présents dans l’urgence que dans le développement. Ceci explique ce faible taux d’exécution (faible mobilisation des ressources pour le développement, faible taux d’exécution physique et financière, effets minimum obtenus). Pour la relance économique, il faut comprendre que toutes les bases productives sont affectées par la guerre et nos partenaires s’acheminent vers le Nexus-Développement. En ce qui concerne le développement, le Conseil Régional organise la relance du secteur Agro-sylvo-pastoral et halieutique à travers l’’organisation de la filière poivron ; l’organisation de la filière poisson ; le développement de l’agriculture familiale céréalière;
L’un des corollaires de l’insécurité à Diffa, c’est surtout le nombre élevé des déplacés internes et des réfugiés venant de l’Etat voisin, expliquez-nous comment toutes ces personnes vulnérables sont prises en charge sur les sites d’accueil ?
Depuis l’avènement de l’insécurité en 2013 et la multiplication des exactions de la secte Boko Haram dans les Etats de Yobé, Adamawa, Borno dans le Nord-Est du Nigéria, des milliers de personnes (retournés nigériens, refugiés nigérians et d’autres nationalités) étaient obligées de se déplacer dans la région de Diffa. En Juin 2016 avec l’attaque de Bosso, les populations locales ainsi que les déplacées et les refugiées de Toumour, Yébi, Bosso et les villages environnants se sont déplacées pour venir s’ajouter aux populations des sites de Garin Wanzam, Kindjandi, Boudouri, Diffa, Maina Kadéri, etc. Depuis maintenant presque un an toutes ces populations des sites de Garin Wanzam, Kindjandi, Boudouri, Garin Dogo etc… se sont déplacées à nouveau pour venir dans les environs des villes comme Diffa, Mainé soroa, etc. Au dernier recensement du mois d’octobre 2020 de la DREC, on dénombre près de 224 885 individus enregistrés avec 52% de femmes. Parmi ce nombre on enregistre 126 068 réfugiés, 65 739 déplacés interne, 30 975 retournés nigériens et 2 103 demandeurs d’asile. Ces personnes sont prises en charge au niveau des sites d’accueil (le camp des refugiés Nigérians de Sayam, les sites des déplacés, les sites de lotissements à but humanitaire etc…) sur la base de leur vulnérabilité avec la construction des abris durables, la distributions en kits d’abris transitionnels ou évolutifs, en kits d’abris d’urgence, kits non alimentaire (NFI), l’appui en médicaments et le renforcement des infrastructures sanitaires et éducationnelles d’accueil, la gratuité des soins des enfants de 0 à 5 ans, l’appui dans les programmes de santé Nutrition de 0 à 5 ans, le renforcement de la couverture en eau potable et en assainissement. Ils reçoivent aussi l’assistance juridique pour les personnes incarcérées, la protection contre les violences faites aux femmes et aux enfants, la fourniture des kits hygiéniques et salubrité des ménages, des menstrues aux femmes en âge de procréer, l’appui aux personnes vivant avec handicap, l’appui aux ménages vulnérables à travers les projets d’autonomisation (AGR, formations professionnelles, coutures, production de savons, maraichage, pisciculture et élevage de petits ruminants) , l’appui dans les services d’état civil notamment la documentation et l’enregistrement des réfugiés et déplacés etc.
Un certain nombre de jeunes ex-combattants de Boko Haram sont admis dans un camp pour suivre un processus de resocialisation et d’insertion dans le tissu économique, quel est concrètement leur nombre ? Et quels sont les métiers d’apprentissage dans lesquels ces jeunes évoluent ?
Le camp des repentis de Goudoumaria est devenu un centre d’apprentissage qui accueille en plus des 43 jeunes ex-combattants de Boko Haram (32 hommes, 3 femmes et 8 enfants), des jeunes des communes environnantes tels que Goudoumaria avec 22 jeunes, NguelBeyli 10 jeunes et Foulatari 10 jeunes. Des jeunes évoluant dans 5 filières de formation retenues. Il s’agit de la Couture et la Broderie, la Construction Métallique, la Plomberie, la Menuiserie Bois et la Mécanique-réparation (Auto, Moto et Motopompe).
Outre la situation sécuritaire, la région de Diffa a été aussi victime des inondations cette année, combien de sinistrés compte la région et comment sont-ils pris en charge ?
La région de Diffa a encore été victime cette année des inondations dues à la crue de la Komadougou. A ce jour, nous comptons près de 1592 ménages sinistrés soit 9123 personnes sinistrées dans les communes de Mainé soroa, Chetimari et Diffa. Ces personnes sont prises en charge avec la distribution des kits d’abris d’urgence, des kits Non alimentaire (nattes, couvertures, moustiquaires, seaux, etc.), des kits hygiéniques et salubrité des ménages, la fourniture d’eau potable etc.
Réalisée par Hassane Daouda, Envoyé Spécial(onep)